Aller au contenu principal
Par Carenews INFO - Publié le 1 février 2023 - 16:00 - Mise à jour le 1 février 2023 - 16:32
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Les femmes et les minorités de genre subissent de plein fouet le mal-logement

La Fondation Abbé Pierre dévoile son 28e rapport sur l'état du mal-logement en France. Outre la situation toujours alarmante des personnes en grande précarité face à l’accès à un logement décent, un focus est fait cette année sur les inégalités de genre, données peu observées, mais jugées comme aggravantes par la fondation pour les femmes, mères célibataires ou retraitées, et les personnes LGBT.

Les situations de rupture de vie augmentent le mal-logement des femmes et des personnes LGBT. Crédit : iStock
Les situations de rupture de vie augmentent le mal-logement des femmes et des personnes LGBT. Crédit : iStock

 

 

La Fondation Abbé Pierre estime à 330 000 le nombre de personnes sans domicile en France, soit 30 000 de plus que l'année dernière. Au total, 4,15 millions de personnes seraient mal-logées, décrit le rapport. Un chiffre qui comprend 200 000 personnes en hébergement d'urgence, 110 000 personnes arrivantes en centre d'accueil ou en hébergement pour demandeurs d'asile, et environ 27 000 personnes sans abri, dormant dans la rue, le métro, sous une tente ou dans une voiture.

 

Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre a tenu à rappeler que de 3 500 demandes d'hébergement non pourvues début 2022, elles étaient estimées à 6 000 en octobre dernier. « Cet hiver est marqué par un nombre important d’enfants à la rue, soit plus de 4 000 familles qui ont eu recours au 115, dont plus de 1 000 enfants », a-t-il précisé. 

Son discours politique s’est ensuite concentré sur les critiques de la fondation à l’encontre de l'exécutif. « Un élément parcourt ce dernier rapport, c’est la faiblesse de la prise en compte des politiques publiques pour contenir ce mal-logement. Dans la campagne d’Emmanuel Macron, seules deux mesures concernaient le logement. C’est surprenant alors que la situation sociale est tendue en France, avec près de 10 millions de pauvres », a soutenu le délégué général.  

Pour lui, les budgets relatifs au logement sont en baisse. La Fondation Abbé Pierre appelle à « un changement de cap » et à voter « une loi de programmation pluriannuelle budgétaire qui ramènerait à 2 % du PIB l’effort public de la nation » dans le domaine du logement. Cela permettrait de financer « 150 000 logements sociaux et rénover 700 000 logements par an », détaille Christophe Robert. 

 

Les inégalités de genre accélèrent le mal-logement

 

Cette année, le rapport s’attache à un sujet « peu traité directement » par la fondation : la situation à risque que sont les moments de ruptures dans les parcours de vie des femmes et de certaines minorités de genre.

Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre explique qu’ « Être une femme ou un homme n’a pas les mêmes conséquences sur la façon de vivre le mal-logement. Pour les personnes LGBT, les discriminations dans l’accès au logement sont fortes, notamment pour les personnes transgenres », indique-t-il. 

 

En effet, l’invisibilisation des personnes LGBTQ+ en difficulté est problématique et les mécanismes de leur précarisation mal connus. « L’exclusion du domicile familial, mais aussi les discriminations dans l’emploi en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre augmentent les risques pour ces personnes de se retrouver à la rue », pointe le rapport.  

Les mères célibataires les plus touchées 

 

Des moments de ruptures de vie et donc de domiciliation aggravent les inégalités liées au genre. Le rapport met en exergue quatre moments clés : la décohabitation du foyer parental, la séparation conjugale, l’héritage et le veuvage. 

Parmi les 15 millions de personnes touchées par la crise du logement, le risque de vivre dans un logement dégradé est plus important pour une mère célibataire avec un enfant (40 %), encore plus avec deux enfants (45 %) et beaucoup plus avec trois enfants et plus (59 %).

Enfin, le rapport met en avant l’impact des violences conjugales comme « un facteur particulièrement aigu du mal-logement, notamment du fait qu’elles entraînent bien souvent à court terme la perte du logement pour la victime » et « à long terme, une fragilité et une vulnérabilité des personnes », avance Manuel Domergue. 

 

Des femmes retraitées plus pauvres 

 

Les résultats du rapport rattrapent l’actualité du moment sur le sujet des retraites. En effet, d’une espérance de vie plus longue, d’un écart d’âge au sein des couples et de revenus plus précaires tout au long de la vie, les femmes vieillissent « plus pauvres et plus seules » que les hommes d’une même génération, assure la fondation. Le passage à la retraite ou le décès du conjoint fragilisent financièrement les femmes, plus nombreuses que les hommes à ne percevoir ni pension de retraite ni revenu d’activité. La pension moyenne des femmes est inférieure de 40 % à celle des hommes et elle correspond à l’allocation de minimum vieillesse. Les femmes vieillissantes sont d’ailleurs plus concernées par de mauvaises conditions d’habitat, 7 % souffriraient d’absence de confort sanitaire de base contre 1 % pour l’ensemble de la population. 

 

Christina Diego 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer