Liens intergénérationnels : l’entraide de plus en plus forte
Dans ce contexte de crise sanitaire, l’IFOP publie un sondage sur l’évolution des liens intergénérationnels des Français depuis 20 ans. L’affaiblissement des relations entre générations est à nuancer. Détails.
Quels liens culturels existent entre les générations ? Quelles sont nos valeurs communes ? Un des préjugés les plus fréquents sur la question intergénérationnelle est que les relations entre les jeunes générations et leurs aînés s’affaiblissent. L'exactitude de cette théorie n’est pas établie. Depuis le début de la crise sanitaire, les relations intergénérationnelles ont repris une importance cruciale dans la conscience collective. Quels sont aujourd’hui les liens entre les générations ? L’IFOP publie une étude intitulée « Les Français et les relations intergénérationnelles. »
L’entraide ne s’affaiblit pas, bien au contraire
Selon l’étude IFOP, 57 % des Français estiment que le principal lien entre la génération des 18-34 ans et celle des 65 ans et plus est l’entraide, soit 2 points de plus qu’en 2016. Un sentiment égal à 57 % pour les moins de 35 ans et à 65 % pour les 65 ans et plus. Réalisée en 2021, l’enquête dénote avec les résultats obtenus en 2016 sur le sujet.
Cinq ans auparavant, seulement 46 % des moins de 35 ans estimaient que les 18-34 ans et les plus de 65 ans s'entraidraient, soit 11 points de moins qu’en avril 2021. Symbole d’une prise de conscience durant la crise sanitaire, cette estimation est équivoque mais peut également s’inscrire dans une courte temporalité liée au coronavirus.
Autre point positif, 47 % des personnes ayant répondu à l’étude estiment que les 18-34 ans et les plus de 65 ans ont des valeurs communes, 54 % pour les moins de 35 ans et 52 % pour les 65 et plus. C’est le sentiment d’incompréhension entre les générations qui essentialise le sentiment d'affaiblissement des rapports entre générations.
Seulement 36 % des sondés pensent que les 18-34 ans et les 65 ans et plus se comprennent bien. Ce chiffre tombe à 32 % pour les moins de 35 ans, et remonte tout de même à 44 % pour les 65 ans et plus.
Mais la encore, les résultats chez les moins de 35 ans sont en forte hausse par rapport à 2016, avec une différence de 10 points entre les 22 % d’il y a 5 ans et les 32 % actuel.
Des liens intergénérationnels s’affaiblissent
L’importance des liens intergénérationnels est indubitable. La solidarité, l’entraide, la transmission sont indispensables à une société pérenne, à l’évolution positive. L’enquête IFOP confirme en partie la sensation d'appauvrissement des liens. 50 % des sondés estiment que les liens entre générations se sont affaiblis depuis 20 ans. 36 % pensent qu’ils ne sont ni affaiblis, ni renforcés, et 14 % considèrent qu’ils se sont fortifiés.
Ces derniers chiffres ne reflètent pas les dynamiques sur le plan individuel. Idée reçue, imaginaire collectif ou volonté de ne pas exposer son éloignement des différentes générations présentes au sein de son cercle familial, toujours est-il qu’une majorité des sondés estime que les liens ne se sont globalement pas affaiblis sur le plan individuel. 43 % des Français pensent qu’ils n’y a eu ni éloignement ni rapprochement entre générations en terme personnel, 35 % estiment qu’ils se sont rapprochés des autres générations, et 22 % pensent qu’ils se sont éloignés.
Des préoccupations antipodiques entre générations
Symbole d’une jonction des impératifs politiques, sociologiques et sociétaux, le recul de l’âge de départ à la retraite est un des nombreux points de désaccords entre les générations. Selon l’IFOP, les 18-34 ans y sont opposés à 71 %, tandis que les 50-64 ans y sont favorables à 34 % et les plus de 64 ans à 54 %.
Mais la perspective d'un départ à la retraite plus tardif n’est pas le point d’orgue des préoccupations des jeunes générations.
Les jeunes s’inquiètent principalement de la croissance des inégalités, de l’éducation et du réchauffement climatique.
Selon l’étude intitulée « Ce que pensent les jeunes » réalisée par le Boston Consulting Group en partenariat avec le collectif citoyen 2044, la préoccupation principale de 67 % des 21-24 ans est l’environnement. Ce chiffre atteint même 71 % chez les 25-29 ans. Arrive en deuxième position l’éducation avec respectivement 47 % des 21-24 ans et 59 % des 25-29 ans préoccupés. Enfin, la lutte contre les inégalités est le troisième volet des préoccupations des jeunes générations, pour 51 % des 21-24 ans et 47 % des 25-29 ans qui en font un de leur combat principal.
Florian Grenon