Mécénat d’entreprise : un soutien « au-delà du domaine financier »
La sixième édition du « Panorama des fondations et fonds de dotation créés par des entreprises mécènes » donne des clés de lecture sur l’action de ces structures. Les auteurs mettent notamment en avant la volonté de ces structures d’embarquer dans leurs actions les collaborateurs d’entreprise et de fournir un soutien au-delà de l’appui financier apporté aux associations.
En France, 861 entreprises ont créé une fondation ou un fonds de dotation pour soutenir des projets d’intérêt général. C’est l’action de ces mécènes qu’analyse la sixième édition du « Panorama 2024 des fondations et fonds de dotation créés par des entreprises mécènes ». Cette étude, dévoilée le 7 octobre, a été réalisée par le cabinet de conseil EY avec le Centre français des fondations et fonds de dotations et le réseau Les entreprises pour la cité. Elle permet de dresser un état des lieux du mécénat d’entreprise en France et s’intéresse notamment aux préoccupations des entreprises fondatrices.
Pour cette édition, les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaires (ETI) constituent 55 % des entreprises fondatrices de fonds et fondations, contre 50 % lors de l’édition précédente publiée en 2022.
62 % des mécènes interviennent dans l’action sociale, 53 % dans l’insertion professionnelle et 51 % dans l’éducation. Il s’agit des trois domaines d’intervention principaux, les mêmes depuis la première édition du panorama. L’environnement arrive à la quatrième place, alors qu’il n’était qu’au septième rang en 2022. À noter, 83 % des mécènes disent soutenir des projets de façon pluriannuelle, mais dans 90 % des cas, ce soutien dure en moyenne deux à trois ans. « Un accompagnement plus pérenne est naturellement appelé de leurs vœux par les associations », rappellent les auteurs.
Plusieurs façons d’engager des collaborateurs
Cette année, les auteurs de l’étude s’intéressent en particulier à l’engagement des collaborateurs dans la démarche de mécénat, un « besoin grandissant » pour les entreprises, déjà identifié dans les éditions précédentes. Ils notent à ce titre que l’action sociale, l’insertion et l’éducation sont « sans doute (...) des domaines où les entreprises peuvent déployer leur savoir-faire et la compétence de leurs collaborateurs ».
Par ailleurs, 65 % des fonds et des fondations ont un objet social en lien avec le domaine d’activité de l’entreprise fondatrice. Là encore, cette approche permet aux entreprises fondatrices « d’associer plus facilement leurs collaborateurs aux actions déployées par leurs fonds et fondations ».
86 % des répondants impliquent les salariés dans les actions de solidarité portées par leur structure. Pour ce faire, les mécènes peuvent par exemple les faire participer à la sélection des projets soutenus ou organiser des actions collectives ponctuelles, comme des « team buildings » solidaires. Les fonds et fondations proposent aussi du mécénat de compétences, c’est-à-dire la mise à disposition des collaborateurs de l’entreprise sur leur temps de travail pour des projets d’intérêt général. Cette forme de soutien prend de plus en plus de place. 60 % des répondants l’utilisent, contre 56 % en 2022.
Impact sur les territoires
Le mécénat financier « reste (...) à une écrasante majorité (97 %), la forme de soutien la plus utilisée ». Le montant moyen de l’aide par projet s’élève à 38 720 euros en 2024 : « de nombreuses structures restreignent le nombre de projets soutenus tout en faisant le choix d’une aide financière plus conséquente » par rapport à 2022, observent les auteurs. Le budget global des structures, de 2 032 630 d’euros en moyenne, est en hausse par rapport à la précédente édition. Il varie de 40 000 à 50 millions d’euros.
En plus du mécénat financier et de compétences, 41 % des répondants mènent par ailleurs des actions de mécénat en nature, comme la mise à disposition de locaux ou de matériel. La progression des formes de mécénat non-financières « démontre une volonté confirmée des entreprises de soutenir leurs partenaires à 360°, au-delà du domaine financier, pour envisager leurs actions de façon de plus en plus intégrée et rester au plus près de leurs besoins ».
Les auteurs s’intéressent par ailleurs au soutien à des projets à l’échelle locale, celle d’une ville, d’un département ou d’une région. 64 % des structures interrogées affirment avoir « intégré une dimension territoriale à leur stratégie ». Cela peut passer par « leurs statuts, des critères d'éligibilité, ou par le recours à des appels à projets dédiés ». Ce « mécénat territorial » constitue également un enjeu d’engagement des collaborateurs, mais il permet surtout de renforcer les liens des fondations et fonds de dotation « avec leur environnement proche », afin de mieux comprendre les besoins des territoires et d’y répondre. Par ailleurs, il facilite la coopération avec d’autres acteurs, notamment des collectivités, pour 69 % des mécènes, et augmente l’impact de leur action pour 68 % d’entre eux.
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Célia Szymczak