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Par Carenews INFO - Publié le 27 mars 2025 - 18:57 - Mise à jour le 27 mars 2025 - 18:57 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Minuit 12, un collectif pour danser sur le climat et la justice sociale

La compagnie de danse fondée et dirigée par Pauline Lida, Jade Verda et Justine Sène se définit comme un collectif artistique et activiste. Les chorégraphes souhaitent sensibiliser autant que possible aux thématiques liées à l’écologie et à la justice sociale par la danse. La compagnie propose parfois à des amateurs de danser avec elle. Cette année, les danseurs mobilisent sur le thème des océans.  

Le collectif Minuit 12 a réalisé un court métrage en collaboration avec l'association Bloom. Crédit : Court métrage Océan réalisé par Rachel Dano
Le collectif Minuit 12 a réalisé un court métrage en collaboration avec l'association Bloom. Crédit : Court métrage Océan réalisé par Rachel Dano

 

Face au miroir du gymnase de l’Académie du climat, à Paris, trois danseuses répètent une chorégraphie : elles balancent d’abord leurs corps comme des vagues, puis se déplacent de manière un peu plus rapide. Pauline Lida, Jade Verda et Justine Sène travaillent cet après-midi sur des performances qui vont être réalisées en mars à l'initiative du collectif Minuit 12, dont elles assurent la direction artistique. Avec leurs mouvements, les chorégraphes alertent les spectateurs sur la question de la protection des océans.  

Minuit 12 se présente comme un collectif « hybride », à la fois artistique et activiste, « compagnie de danse professionnelle le jour et collectif activiste la nuit ». Il a été fondé en 2021 par Pauline Lida, Jade Verda et Justine Sène, à la fin de leurs études de sciences sociales, dans le but de parler des questions d’écologie et de justice sociale par la danse.  

« Nous nous sommes dit qu’il pouvait être intéressant d’ajouter un souffle artistique à la lutte des activistes », raconte Pauline Lida. « C’est une forme de militantisme qui n’utilise pas les mots mais le corps, quelque chose de différent dans le rapport à l’esthétique, à l’émotion, au collectif », complète Jade Verda.  

 

 

Un court-métrage pour la protection des aires marines protégées 

 

Cette année, le collectif danse donc pour alerter sur la situation des océans. Il a rejoint la coalition Océan, menée par l’association Bloom en amont de la conférence des Nations unies sur l’océan qui se déroulera à Nice en juin.  

« Nous nous sommes dit que par une série de performances, il était possible de visibiliser davantage cette thématique. L’océan paraît un peu lointain, on ne voit pas les dégâts et les dommages qui lui sont faits », estime Pauline Lida. Une première représentation, Récifs, a eu lieu en octobre dernier sur la place du Châtelet à Paris, à la demande du Théâtre de la Ville et du Théâtre du Châtelet. Un court-métrage, Océan, créé par le collectif et réalisé par Rachel Dano est diffusé sur les réseaux sociaux depuis début mars.  

Pour cette vidéo, des danseurs professionnels bénévoles ont été filmés sur une plage de Normandie, avec le soutien de l’association Bloom. Celle-ci dénonce, entre autres, la persistance du chalutage de fond dans les aires marines protégées. Ces espaces sont censés être préservés des atteintes à la biodiversité mais moins de 0,1 % des eaux en France le sont réellement, d’après les calculs de l’ONG. La légende du court-métrage nous invite à signer une pétition portée par Bloom « pour que le président de la République crée enfin de véritables aires marines protégées ». 

 

Des inspirations scientifiques 

 

En bande-son, les voix de la fondatrice de Bloom Claire Nouvian et du scientifique David Mouillot  alertent sur la situation. La musique du court-métrage a été créée par Inès Ramdane, membre de la compagnie, à partir de sons enregistrés par le bioacousticien Olivier Adam : le chant des baleines ou de cachalots ainsi que des bruits de pollutions sonores.  

Dans le processus de création, Pauline Lida, Jade Verda et Justine Sène tirent notamment leur inspiration de sources scientifiques. Au moment de la conception de leur premier spectacle, Écume, qui portait aussi sur l’eau, Jade Verda et Pauline Lida sont allées à la rencontre de chercheurs spécialistes du sujet, notamment de la croissance racinaire en milieu aride. « Nous partons d’images : comment pousse une racine, quel est son chemin, quelle forme elle prend dans un milieu où l’eau a disparu. Ensuite, cela devient de la matière quand on va chorégraphier à l’intérieur du studio », illustre Pauline Lida.  

 

Un collectif pluridisciplinaire 

 

« La danse permet de toucher d’autres publics, intéressés par l’art », estime Jade Verda. Cette volonté d’élargir le cercle des personnes convaincues s’exprime dans de nombreuses actions du collectif. 

Par exemple, les trois fondatrices et chorégraphes sont issues de styles de danses différents : Justine Sène du wacking, Pauline Lida du classique et du contemporain, Jade Verda de la gymnastique et du contemporain. « Dans le collectif, de manière générale, on recherche l’hybridation de toutes ces pratiques, on essaie de trouver un vocabulaire commun », détaille Justine Sène. « Nous revendiquons de mettre en avant des esthétiques différentes. Nous ne voulons pas avoir une vision de la danse qui se limite à quelque chose de très élitiste », poursuit-elle. 

Minuit 12 associe également plusieurs disciplines. « Nous travaillons sur la danse, mais aussi la scénographie, la vidéo et l’image, les costumes », précise la chorégraphe. 

 

Amener l’écologie et la justice sociale dans les théâtres 

 

Pour toucher le plus grand nombre de personnes possible, le collectif va jusqu’à organiser des performances participatives, souvent à l’extérieur. Les Cîmes, par exemple, a associé en mai 2024 danseurs professionnels et amateurs dans la forêt de Juzan (Pyrénées atlantiques), menacée de destruction. « Nous recevons beaucoup de messages de personnes qui veulent danser avec nous. C’est frustrant de ne pas proposer de possibilités, comme si la danse était réservée à certaines personnes », affirme Jade Verda. « Nous voulons mettre en mouvement toutes ces personnes qui ont envie de militer différemment », abonde Justine Sène. 

« Les performances participatives sont souvent liées à des moments militants et permettent de créer des images fortes, qui vont pouvoir circuler et avoir du poids », renchérit Pauline Lida. 120 danseurs se sont par exemple réunis pour Entrelacs, une performance réalisée dans le cadre de la déambulation artistique Magma pour le climat et la justice sociale, dans les rues de Paris.  

« Le but est aussi que des propositions artistiques qui abordent des thématiques liées à l’écologie et à la justice sociale puissent pénétrer dans des lieux de représentations plus classiques », précise Pauline Lida.  

 

Un collectif féministe 

 

Les trois co-fondatrices travaillent actuellement sur la chorégraphie d’une pièce destinée à être présentée dans des théâtres. Elle est intitulée Embrace the base, en référence à une mobilisation de femmes qui s’est déroulée dans les années 1980, en Angleterre. « Elles ont encerclé une base militaire et nucléaire, en inventant des formes de militantisme très joyeuses et festives », relate Jade Verda. La pièce porte donc sur la désobéissance civile de mouvements de femmes dans le monde.  

Un projet très féministe, imaginé par trois femmes de 26 ans. « Au début, nous n’avions pas conscience du fait que ce n’est pas hyper commun d’être trois jeunes femmes chorégraphes qui gèrent une compagnie », se souvient Pauline Lida. « Maintenant, c’est quelque chose que l’on revendique : être un collectif monté par des femmes jeunes, avec des origines et des couleurs de peau différentes. C’est aussi important de le retrouver avec les personnes avec qui on travaille », conclut-elle.  

 

Célia Szymczak 

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