On a testé : l’ingénieuse exposition « Urgence climatique » à la Cité des Sciences
À Paris, la Cité des sciences et de l'industrie présente sa nouvelle exposition permanente consacrée à la question climatique. Un travail réussi qui arrive à concilier mission collective et responsabilité individuelle.
Ne courrez pas la voir ! Non pas que l’exposition Urgence climatique à la Cité des sciences et de l'industrie n’ait aucun intérêt. Mais parce qu’elle s’installe au Parc de la Villette à Paris pour une décennie et que vous aurez donc tout le temps pour l’apprécier.
Visitable depuis le 16 mai, il s’agit d’une première en France. L’exposition vise à faire prendre conscience du changement climatique, et également à réfléchir aux possibles solutions pour réussir la transition écologique grâce à un certain nombre d’installations, interactives pour certaines.
Une exposition basée sur le consensus scientifique
Et le cadre est clair. Dès le début de l’exposition, le visiteur tombe sur un panneau lui précisant : « Commençons par poser les faits : les activités humaines génèrent du CO2 et une concentration importante de CO2 provoque un dérèglement climatique à l’échelle de la planète. » Car toute l’exposition se base sur des faits scientifiques et se veut comme une mise en scène des diverses recherches scientifiques notamment des rapports du GIEC ou encore des publications e l’Ademe. D’ailleurs, le commissaire scientifique de l’exposition n’est autre que le paléoclimatologue et membre du GIEC, Jean Jouzel.
Grâce aux nombreux écrans tactiles et à des ingénieuses trouvailles low-tech, l’exposition offre une expérience très ludique, la plupart du temps réussie. Un premier espace entend poser le cadre scientifique et informer sur les conséquences du changement climatique. Un globe suspendu alerte interactivement sur la hausse des températures ou encore le niveau de la mer en se basant sur divers scénarios du GIEC.
Que peut-on trouver dans cette exposition ?
Mais l'œil est très rapidement attiré par un autre espace égayé par des couleurs vives. Il se penche sur nos émissions de gaz à effet de serre, notamment par secteur d’activité. Trônant au centre, des immenses cônes de laines représentent l’empreinte carbone de différents aliments : le bœuf, le poisson, le poulet et le riz. Sans grande surprise, le cône blanc, représentant le riz, est le plus petit.
L’exposition se penche longuement sur les solutions qui existent pour réussir la transition écologique individuellement comme collectivement. La smart-city est-elle une solution ? Et le télétravail, est-il réellement efficace ? Des réponses tout en nuances et amusantes grâce à l’intervention de scénettes miniatures animées. Quelques mètres plus loin, le visiteur pourra mesurer son empreinte carbone (un peu trop rapidement) sur une tablette tactile prévue à cet effet.
Objectif : pousser à l’action
Très éloignée d’un registre alarmiste, l’exposition se veut pop et engageante sans pour autant être dépolitisée. Une vidéo fait même parler une activiste défendant la désobéissance civile et notamment les différents blocages d’aéroports.
L’objectif : que vous sortiez d’ici avec l’envie d’agir. Mais l’installation ne tombe jamais dans la responsabilité individuelle, sans pour autant nier le rôle de chacun. Un travail d'équilibriste rondement mené.
L’exposition est d’ailleurs elle-même engagée : l’empreinte carbone de l’installation est affichée à la fin de l’exposition, ainsi que celle de la Cité des sciences et de l'industrie. Autre engagement : elle a refusé de bénéficier de partenariats privés pour éviter que des entreprises pratiquent le greenwashing.
Théo Nepipvoda
