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Par Carenews INFO - Publié le 29 novembre 2023 - 16:32 - Mise à jour le 6 décembre 2023 - 17:21 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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Orientation, salaire, engagement… L'ESS fait entendre la voix des jeunes sur l’emploi

L’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) organisait jeudi 23 novembre une conférence-débat sur le thème de la jeunesse et de l'emploi. Pour les représentants des trois collectifs présents ce jour-là, les attentes des jeunes face à l’emploi oscillent entre désir d’émancipation, d’engagement et nécessité économique.

Le collectif Une voie pour tous, le syndicat étudiant la Fage et l’association Les Déterminés étaient présents.  Crédits : Elisabeth Crépin-Leblond
Le collectif Une voie pour tous, le syndicat étudiant la Fage et l’association Les Déterminés étaient présents. Crédits : Elisabeth Crépin-Leblond

 

À l’Institut de droit comparé de l’Université Panthéon-Assas jeudi 23 novembre, l’emploi des jeunes était au centre du débat. Pour mieux comprendre le sujet, l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) a donné la parole à trois représentants d’associations. Le collectif Une voie pour tous, le syndicat étudiant la Fage et l’association Les Déterminés étaient présents pour faire part de leurs réflexions. 

 

Orientation : sortir du subi et développer les voies alternatives 

 

Première étape avant d'accéder à l’emploi, l’orientation des jeunes. Un élément crucial du parcours professionnel mis en avant par les associations. 

« Une personne issue d’un milieu défavorisé a 93 % de chance de plus d’intégrer un lycée professionnel ou un CAP », met en avant Dylan Ayissi, président d’Une voie pour tous. « Or, la moitié des anciens élèves de lycées professionnels déclarent que leur orientation a été subie », continue-t-il. Son collectif milite pour une réforme du lycée professionnel et met en place des expérimentations pour valoriser des pédagogies alternatives. « Il faut se demander comment le lycée professionnel peut être un laboratoire des métiers du futur », plaide son président, appuyant sur la nécessité d’élaborer dans les entreprises une véritable stratégie d’accueil des stagiaires. 

« L'entrepreneuriat est aussi une voie », renchérit Valère Brunet, responsable de la qualité de la formation et de l’impact pour Les Déterminés. L’association est engagée pour l’entrepreneuriat en banlieue et dans les milieux ruraux. Depuis 2015, elle accompagne gratuitement les porteurs de projet dans 17 territoires de France où l’accès à l’entreprenariat est plus difficile. « Même quand le projet entrepreneurial ne fonctionne pas, il constitue une expérience pour ensuite aller chercher de l’emploi », met-il en avant. 

 

Valère Brunet est responsable de la qualité de la formation et de l'impact pour Les Déterminés. Crédits : Elisabeth Crépin-Leblond
Manuella Pinto, administratrice en charge du développement territorial à l'Udes et Valère Brunet, responsable de la formation et de l'impact chez Les Déterminés. Crédits : Elisabeth Crépin-Leblond

 

Retrouver du temps libre, une exigence accrue chez les jeunes

 

De nombreux jeunes ont un emploi en parallèle de leurs études, rappelle Veronica Olteanu, vice-présidente chargée de l’innovation sociale de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). « Ces jeunes ne sont pas en capacité de pratiquer une activité physique ou culturelle à l’Université. Ils ont envie de plus de temps pour eux une fois diplômés », explique-t-elle.

Pour Mathieu Souquière, expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, ce temps libre est recherché par l’ensemble des jeunes. « Le 21e siècle a inventé la société du temps choisi », explique-t-il. « Paradoxalement, le travail prend de moins en moins de place dans la vie, mais les enquêtes d’opinion révèlent que toutes les générations souffrent d’un manque de temps permanent. Parmi les préoccupations de jeunes vis-à-vis de l’emploi, on retrouve le désir d’un équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle », explique l’essayiste. 

Une préoccupation qui côtoie celle du salaire mais aussi celle du bien-être individuel et de l’engagement des entreprises, affirme Mathieu Souquière. 

 

Veronica Olteanu, vice-présidente chargée de l'innovation sociale de la Fage. Crédits : Elisabeth Crépin-Leblond
Veronica Olteanu, vice-présidente chargée de l'innovation sociale de la Fage. Crédits : Elisabeth Crépin-Leblond

 

Le désir d’engagement se confronte aux réalités économiques

 

Le désir d’engagement des jeunes se voit dans les chiffres. « 32 % des 18-24 ans et 25 % des 24-32 ans préfèrent travailler dans une entreprise avec des valeurs », met en avant Manuella Pinto, administratrice en charge du développement territorial à l’Udes. L’organisation professionnelle porte en ce sens le projet « Objectif Transitions 2025 » qui vise à « outiller les employeurs et les secteurs d’activités de l’ESS afin qu’ils fassent évoluer leurs modèles en prenant en compte les objectifs de transition écologique fixés par l’État » .

Mais ce désir d’engagement se heurte parfois aux réalités économiques des jeunes. « La réussite économique vient dans un premier temps ; l’engagement dans un second temps », affirme Valère Brunet. L’avis est partagé par Dylan Ayissi. « Il y a une montée de l’engagement associatif, mais un des freins pour les jeunes est la précarité visible. L’engagement ne paie pas », résume le président d’Une voie pour tous. 

Pour Manuella Pinto, il y a un véritable enjeu à lever ces freins. L’économie sociale et solidaire (ESS) rencontre des difficultés à faire venir les jeunes, affirme-t-elle. « Les organisations de l'ESS sont réputées pour leurs rémunérations très faibles. C’est globalement vrai pour le domaine associatif qui est confronté à des difficultés de financement, mais pas pour le secteur coopératif », explique l’administratrice de l’Udes. « Nous avons besoin de forces pour alerter le gouvernement et les financeurs », argue-t-elle. « L’ESS permet aux jeunes d’être décideurs en investissant les conseils d’administration. Notre objectif est d’améliorer les conditions de travail, y compris lorsque le télétravail est impossible », met en avant Manuella Pinta. 

« L’ESS propose des modèles différents et innovants. Il y a un fort enjeu à mieux la faire connaître », plaide Véronica Olteanu. Pour Valère Brunet, il s’agit d’aller chercher les jeunes sur les réseaux sociaux. « Les réseaux institutionnels ne marchent pas. Les jeunes ont besoin de la valorisation de la société », explique-t-il. 

 

Elisabeth Crépin-Leblond 

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