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Par Carenews INFO - Publié le 18 novembre 2025 - 14:46 - Mise à jour le 18 novembre 2025 - 16:54 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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Précarité énergétique : 36 % des foyers ont déclaré des difficultés à payer leurs factures d’énergie en 2025

La précarité énergétique continue de toucher une part importante des Français, en hiver comme en été, rapporte le tableau de bord 2025 de l’Observatoire national de la précarité énergétique. Si le taux de précarité énergétique reste stable, le phénomène est contenu ces dernières années grâce à l’action publique, estime le président de l’observatoire, Sylvain Waserman.

L'Observatoire national de la précarité énergétique a été créé par la loi Grenelle II. Crédit : Carenews
L'Observatoire national de la précarité énergétique a été créé par la loi Grenelle II. Crédit : Carenews

 

 

La précarité énergétique désigne des difficultés à disposer dans son logement de l’énergie nécessaire pour faire face à ses besoins élémentaires, en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat, définit la loi dite Grenelle II du 12 juillet 2010.  

En 2023, cette situation touchait 3,1 millions de ménages en France métropolitaine, soit 10,1 % d’entre eux et 12 millions de personnes, rapporte l’Observatoire de la précarité énergétique, en se fondant sur les chiffres du ministère de la transition écologique. Cet organisme, créé par cette même loi Grenelle II, agrège dans son tableau de bord 2025 des données provenant de différentes sources statistiques afin d’évaluer le phénomène de la précarité énergétique en France ainsi que ses impacts sur la vie des ménages.    

 

Crédit : Carenews, à partir du tableau de bord 2025 de l'Observatoire national de la précarité énergétique.
Crédit : Carenews, à partir du tableau de bord 2025 de l'Observatoire national de la précarité énergétique.

 

Des facteurs conjoncturels   

 

Les profils les plus concernés par la précarité énergétique « sont les ménages aux revenus modestes, ceux résidant dans des logements mal isolés et avec des modes de chauffage peu efficaces », rapporte l’observatoire. 

Un ménage en situation de précarité énergétique fait partie des 30 % les plus modestes et consacre plus de 8 % son revenu à des dépenses énergétiques, selon le ministère de la transition écologique. La situation actuelle « s’explique par la hausse des prix des énergies partiellement absorbée par le bouclier tarifaire sur l’électricité et le gaz, qui a tiré l’indicateur vers le haut. Plusieurs éléments ont au contraire tiré l’indicateur vers le bas : l’hiver clément et les efforts de sobriété des ménages qui ont réduit les consommations énergétiques de chauffage couplés à la hausse des revenus des ménages », analyse l’Observatoire de la précarité énergétique. 

  

Une souffrance accrue en hiver comme en été 

  

La précarité énergétique affecte directement la capacité des ménages concernés à faire face au froid en hiver, mais aussi à la chaleur en été. 

Selon une enquête menée auprès de 2 000 personnes par le Médiateur national de l’énergie, 35 % des consommateurs ont déclaré avoir souffert du froid dans leur logement, au cours de l’hiver 2024- 2025, soit 5 points de plus que l’année précédente. Parmi eux, 37 % ont déclaré une raison financière, ce qui représente 4 points de moins qu’en 2023-2024, tandis que 32 % ont invoqué une mauvaise isolation, 22 % la rigueur de l’hiver et 21 % une participation volontaire aux mesures de sobriété.  

Parmi les populations qui expriment davantage de souffrance liée au froid, se trouvent en premier lieu les agriculteurs (63 % ont déclaré avoir souffert du froid), suivi des bénéficiaires du chèque énergie (59 %), des employés (43 %), puis des moins de 35 ans (48 %) et des locataires (45 %).  

 


À lire aussi : La précarité énergétique existe aussi… en été ! 

 

Lors de l’été 2025, 49 % des consommateurs ont  déclaré avoir souffert d’un excès de chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures, soit 7 points de plus que l’année précédente. 79 % d’entre eux expliquent ce ressenti par la canicule, tandis que 29 % mentionnent une mauvaise isolation de leur logement (+ 3 points par rapport à 2024), et 15 % une mauvaise ventilation (+ 3 points par rapport à 2024). Là encore, les populations les plus concernées sont les agriculteurs (à 86 %), les bénéficiaires du chèque énergie (64 %), les ménages des 18 à 34 ans (58%) et les ménages habitant en appartement et les locataires (53 %).  

En tout, 61 % des répondants ont déclaré souffrir du froid ou du chaud dans leur logement. Deux personnes sur trois ont souffert du froid l’hiver et d’un excès de chaleur en été. 

  

Un phénomène persistant 

  

Le taux de précarité énergétique « montre une stabilité du phénomène, voire une légère baisse entre 2022 et 2023 (-0,1 point) », relève Sylvain Waserman, président de l’Observatoire de la précarité énergétique. Toutefois, ce taux seul « ne permet pas de rendre compte de l’ensemble des réalités vécues par les ménages », souligne-t-il. 

« Sans le bouclier tarifaire et les différents chèques énergie, le taux de précarité énergétique aurait atteint 17,9 % en 2023 (...) [soit près de 8 points de plus que celui observé cette année-là]. Ces chiffres rappellent combien l’action publique demeure indispensable pour protéger les ménages les plus vulnérables », appuie le président de l’Observatoire de la précarité énergétique.  

 


À lire aussi : Précarité énergétique : 4 initiatives des acteurs de l’ESS 


 

Des préoccupations grandissantes vis-à-vis des factures d’énergie 

  

1,2 million de ménages ont subi une intervention d’un fournisseur d’énergie à la suite d’impayés, indique le Médiateur national de l’énergie. Selon l’Insee, 11,5 % de ménages déclarent ne pas pouvoir chauffer leur logement pour des raisons financière en 2024. Une proportion qui a augmenté de 130 % par rapport à 2018 où elle s’élevait à 5 %.  

En 2025,  36 % des foyers déclaraient avoir rencontré des difficultés pour payer certaines factures d’énergie, soit huit points de plus par rapport à 2024. 87 % des ménages déclaraient la consommation d’énergie comme un sujet de préoccupation, soit deux points de plus par rapport à 2024. 

 

Les associations demandent le maintien des aides à la rénovation énergétique

4,5 millions de ménages ont utilisé leur chèque énergie en 2025, soit 81,8 % des bénéficiaires, selon le ministère de la transition écologique. 160 000 ménages ont également bénéficié du Fonds de solidarité logement pour l’aide au paiement des factures d’énergie en 2024, parmi les clients de trois principaux fournisseurs d’énergie en France, selon l’Agence nationale de l’habitat. En 2024, 249 000 rénovations par geste ont été financés par MaPrimeRénov par geste, dont 67 % concernent les ménages modestes et très modestes.

En 2025, le budget de MaPrimeRénov a cependant connu une coupe budgétaire d’1 milliard d’euros. Dans le projet de loi de finances pour 2026, le gouvernement Lecornu a proposé une nouvelle réduction budgétaire de 500 millions supplémentaires. Cette proposition inquiète plusieurs associations, dont la Fondation pour le logement des défavorisés, Soliha et les Compagnons bâtisseurs, qui portent la journée contre la précarité énergétique et demandent de revenir aux ambitions initiales de MaPrimeRénov’.

 

Élisabeth Crépin-Leblond 

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