Tarification progressive de l’eau : la proposition du Plan eau déjà en expérimentation
La tarification sociale et écologique de l’eau, évoquée par Emmanuel Macron lors de la présentation du Plan eau, permettrait de désinciter les gros consommateurs. Certaines agglomérations, comme Montpellier, l’ont déjà adoptée. Quels résultats observent-elles ?
Instaurer de l’équité dans la consommation d’eau. Emmanuel Macron a présenté jeudi 30 mars son Plan eau pour améliorer la gestion de cette ressource menacée. Parmi l’ensemble des mesures présentées, la tarification progressive de l’eau ou tarification sociale. Comment cela fonctionne ? Les premiers mètres cubes, répondant aux besoins essentiels des foyers, seraient très peu chers ou même gratuits. Au-delà d’une certaine consommation, le coût de l’eau serait plus élevé avec des tranches de prix progressives.
Quel est l’objectif de la tarification sociale de l'eau ?
L’objectif est de rendre la ressource plus accessible aux petits consommateurs tout en ciblant les plus gros consommateurs en les désincitant à consommer. Dans le viseur notamment, les consommations estivales liées à l’utilisation de la piscine. Emmanuel Macron souhaite que cette tarification s’applique à tout le monde, sur l’ensemble du territoire.
Plusieurs grosses communes appliquent déjà ce type de tarification. Dunkerque a été la première en 2012 à l’appliquer. Besançon lui a emboîté le pas et l’a mise en place en 2015. Les 68 communes du Grand Besançon disposent gratuitement de trois premiers m3 par an, soit la quantité d’eau bue par une famille de cinq à six personnes. Ensuite, il y a deux prix : un appliqué du quatrième au 99e mètre cube, et un plus élevé à partir du 100e mètre cube.
Récemment, c’est la métropole de Montpellier qui a permis aux habitants de quatorze communes de bénéficier de 15 m3 d’eau potable gratuits. En parallèle, une communication autour des éco-gestes pour réduire sa consommation a été mise en place. Comme à Dunkerque qui a envoyé des économiseurs d’eau à tous les ménages.
8 à 10 % de consommation en moins
Dans ces communes, les résultats sont plutôt encourageants. Alexandre Mayol, maître de conférences en économie à l’Université de Lorraine et auteur d’une thèse sur la tarification progressive, constate des baisses de consommation d’eau entre 8 et 10 % avec cette mesure.
Pour la plupart des foyers, cette mesure n’est pas coûteuse. La métropole de Montpellier a estimé que la facture devrait baisser pour 70 % d’entre eux et donc augmenter pour seulement 30 %.
Des risques existent avec cette nouvelle tarification
Un rapport conjoint des députés Lionel Causse (Renaissance) et Hubert Wulfranc (Parti communiste) a analysé ces expérimentations mises en place depuis 2013 et s’est prononcé en faveur d’une généralisation de cette tarification. En revanche, le document pointe du doigt le risque de coûts de gestion élevés et également la problématique des familles nombreuses forcément plus consommatrices d’eau.
La rédaction
