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Par Carenews INFO - Publié le 8 novembre 2023 - 12:00 - Mise à jour le 9 novembre 2023 - 21:34 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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The Sorority : l’application qui met en lien les femmes pour lutter contre les violences

Priscillia Routier-Trillard est à l’origine de The Sorority, une communauté d’entraide pour lutter contre les violences faites aux femmes. Sur l’application du même nom, les utilisatrices s’apportent leur aide en cas de danger.

Priscillia Routier-Trillard est la fondatrice de The Sorority, une application d'entraide entre femmes pour lutter contre les violences. Crédits : The Sorority
Priscillia Routier-Trillard est la fondatrice de The Sorority, une application d'entraide entre femmes pour lutter contre les violences. Crédits : The Sorority

 

Quand elle a eu l’idée de l’application The Sorority en 2019, Priscillia Routier-Trillard traverse son deuxième burn out. « Je me suis rendu compte que cela aide énormément de savoir que l’on n'est pas seul quand on vit des situations compliquées », explique celle qui à l’époque était responsable RGPD. Priscillia imagine alors un outil « d’entraide citoyenne » pour trouver et apporter du soutien aux personnes présentes autour de soi. Plus particulièrement, elle centre son projet sur la solidarité entre femmes pour se venir en aide dans les situations de danger. 

Agression dans les transports, harcèlement, violence conjugale... En cas de danger immédiat vécu par une femme, The Sorority propose un bouton d’alerte. Il suffit de le presser durant deux secondes pour que l’application calcule la position GPS du téléphone et envoie une notification aux cinquante personnes inscrites les plus proches. « En moyenne, en une minute après l’alerte, il y a dix prises de contact : trois ou quatre appels téléphoniques et le reste sur le chat », explique la fondatrice. 

Les personnes alertées par l’application peuvent prendre contact avec la personne en danger, lui demander sa localisation précise, la situation qu’elle est en train de vivre et si elle souhaite que les autorités soient contactées. « L’idée est vraiment d’agir sur l’instant avant que les faits ne soient commis et qu’il soit trop tard », plaide Priscilla. « La prise de contact permet aussi de baisser l’effet de sidération qui immobilise les victimes ou les témoins de violence», ajoute-t-elle. En cas de situation où la victime ne peut pas appeler directement les secours, les messages permettent d’échanger discrètement des informations. 

 

Une communauté réservée aux femmes

La fondatrice a fait le choix de réserver l’accès à son application « aux femmes, aux adolescentes et aux minorités de genre ». L’inscription sur la plateforme requiert la présentation de la carte d’identité, une photographie en temps réel et pour les mineures, admises à partir de douze ans, une autorisation du représentant légal.  

La non-mixité répond à la volonté de créer une communauté d’entraide efficace. « Entre personnes qui partagent la même expérience, nous n’avons pas à prouver qu’il y a un danger, nous le savons tout de suite, nous sommes là les unes pour les autres », explique Priscillia Routier-Trillard. Elle permet aussi d’éviter la présence de conjoints ou ex-conjoints violents sur l’application. D’ici 2024, The Sorority a toutefois prévu d’ouvrir un second accès accessible aux hommes victimes de violence ou souhaitant apporter leur soutien, tout en maintenant la non-mixité pour les utilisatrices qui le souhaitent. 

Concernant la sécurité des données, la fondatrice l’assure, « le niveau de protection est très élevé avec une modération entièrement manuelle ». En cas de comportement malveillant, le profil qui pose problème peut facilement être remonté. Depuis le lancement de son application en 2020, elle n’a toutefois procédé qu’à deux bannissements. « Ça paraît complètement fou mais la plateforme s’autorégule », explique Priscillia en se félicitant de son succès. 

 

Sur la carte, les utilisatrices peuvent voir les personnes présentes autour d'elles.
Sur la carte de l'application, les utilisatrices peuvent voir les personnes présentes autour d'elles. Crédits : The Sorority

 

 

Bientôt un partenariat avec le ministère de l’Intérieur

L’application compte aujourd’hui 70 000 profils vérifiés, présents dans les villes et les zones rurales françaises, mais aussi à l’étranger parmi les communautés d’expatriées. The Sorority multiplie aujourd’hui les partenariats. Une convention est en cours de finalisation avec le ministère de l’Intérieur pour transmettre les informations récoltées auprès des commissariats et gendarmeries. 

The Sorority travaille également avec des associations de lutte contre les violences afin d’intégrer leurs antennes dans la carte de l’application. « L’idée est de proposer un lieu d’accueil physique que les victimes ou les témoins pourront voir tout de suite sur la carte en plus de la communauté d’entraide », explique Priscillia. Dans ce but, des conventions sont en cours d'élaboration avec France Victimes, Women Safe & Children et La Maison des Femmes. 

 

Un projet pour les Jeux olympiques 

À l’approche des Jeux olympiques, la communauté d’entraide intensifie enfin son partenariat avec l’association Un abri qui sauve des vies. Le projet « ProtéJOns » cherche à répondre à l'augmentation des incivilités à prévoir dans la rue et les transports et à la diminution des hébergements d’urgence disponibles au moment de l'accueil des Jeux. Les demandes d'hébergement seront diffusées à l’ensemble de la communauté rassemblée par The Sorority via son application, ses réseaux sociaux et sa base email. Les membres de la communauté pourront proposer des hébergements de courte durée à leur domicile qui seront ensuite vérifiés par Un abri qui sauve des vies. L’association se chargera alors d’établir un contrat de sécurité entre la personne abritée et la personne abritante. 

Notamment pensé pour les cas de violences conjugales et intrafamiliales, le dispositif permet « de mettre en sécurité très rapidement les personnes et de pas attendre plusieurs jours que le cycle de la violence avance», explique Priscillia Routier-Trillard. 

Pour la fondatrice, le développement de The Sorority « fait du bien ». Seule salariée, elle travaille avec trois bénévoles sur l’application. En tout, ils sont une quarantaine à être impliqués dans les actions menées par l’association The Sorority Foundation créée en mars 2021 pour soutenir et élargir les actions de la société.

 

Elisabeth Crépin-Leblond 

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