Transition écologique : quels enjeux pour demain?
Pour répondre à l’urgence écologique et sociale, la transition écologique doit devenir une notion transversale à toutes les politiques mises en place. Détails avec Fabrice Boissier, directeur général délégué de l’ADEME.
La publication du dernier volet du sixième rapport d’évaluation du GIEC a démontré l'urgence de changer nos modes de vie pour limiter les effets du changement climatique. Cela passera par une transition écologique de notre société.
Qu’est-ce que la transition écologique ?
Pour Fabrice Boissier, directeur général délègue de l’ADEME, l’agence de la transition écologique, il n’existe pas une « définition normalisée » :
La transition écologique est une transition de la société dans son ensemble qui permet de satisfaire les besoins des générations futures tout en baissant drastiquement les pressions sur l’environnement.
Il s’agit donc d’opérer un changement profond du système pour limiter l’impact de notre société sur l’environnement. Le ministère de la Transition écologique inclut par exemple dans cette notion transversale de nombreux domaines tels que : « Le développement durable, l’environnement, les technologies vertes, la transition énergétique et énergie, le climat, la prévention des risques naturels, la sécurité industrielle, les transports, l’équipement et la mer, l’action contre le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique et la gestion durable des ressources rares. »
Des enjeux transverses
Cependant, les enjeux ne sont pas uniquement environnementaux, ils doivent cohabiter avec des défis sociaux et économiques. Le directeur de l’ADEME illustre ce tryptique en rappelant la révolte des gilets jaunes, initiée par la mise en place de la taxe carbone qui avait vocation à réduire les consommations d’énergies fossiles. Seulement, l’État n’avait pas pris en compte la dimension sociale et les enjeux qui y sont liés, à savoir la précarité énergétique. Même constat avec le tissu économique. La transition écologique devra accompagner les industriels à s’adapter aux mesures de transition écologique, sans quoi, les entreprises françaises ne pourront pas suivre.
En d’autres termes, la transition écologique devra s’opérer en prenant en compte les principes du développement durable, notion clé reposant sur trois piliers : l’écologie, l’économie et le social.
Les politiques de transition écologique
Depuis quelques années, l’État a mis en œuvre de grandes lois « qui marquent une prise en compte de plus en plus forte de cette vision intégrée » :
- Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015
- Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages du 9 août 2016
- Loi énergie-climat du 9 novembre 2019
- Loi d’orientation des mobilités du 26 décembre 2019
- Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) du 10 février 2020
- Loi climat et résilience du 22 août 2021
Fabrice Boissier salue la dernière loi, fruit de la Convention citoyenne pour le climat et qui fait « un 360° degrés sur tous les enjeux ». « Elle balaie très large avec des dispositions pour l’économie circulaire, l’urbanisme, l’énergie, le logement. » Un premier pas vers le changement de notre modèle de société.
Autre nouveauté avec la loi climat et résilience : l’article 301 qui induit pour la première fois le besoin d’une trajectoire commune organisée entre le gouvernement, les acteurs économiques et les collectivités locales : « Ce n’est pas la transition que l’État va décider pour tout le monde, mais la transition que l’ensemble des acteurs –économiques, associatifs et les collectivités– vont mettre en œuvre. »
Le besoin d’un consensus social
Atteindre la transition écologique passera donc par l’établissement d’un consensus social entre tous ces acteurs. À commencer par les entreprises, qui devront décliner les politiques mises en œuvre à leur secteur. Un travail qui a déjà été initié avec le secteur du ciment, de la chimie ou en de la sidérurgie. « Il faudra le compléter avec les filières de consommation comme le transport », précise le directeur délégué de l’ADEME.
Quant aux collectivités territoriales, elles constituent une pierre angulaire à la transition écologique. Pour aller dans ce sens, l’ADEME a créé un label « Territoire engagé pour la transition écologique », un programme qui vise à accompagner la transition écologique dans les territoires :
Pour Fabrice Boissier, le véritable enjeu de demain sera de répondre à l’urgence :
Cela ne sera pas facile à accepter, mais on va devoir changer nos modes de vie et il va falloir le faire très vite. Il s’agit du principal enjeu de ce début de quinquennat : construire une dynamique qui embarque toute la société.
Lisa Domergue