Aller au contenu principal
Par Carenews INFO - Publié le 25 juin 2025 - 14:00 - Mise à jour le 25 juin 2025 - 15:54 - Ecrit par : Camille Dorival
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

We Love Green, le festival où la musique rencontre l’écologie

Organisé chaque année au mois de juin dans le Bois de Vincennes, à Paris, We Love Green est à la fois un festival de musique contemporaine et un espace de sensibilisation aux enjeux sociaux et environnementaux. Il porte une attention particulière à son éco-responsabilité, ce qui lui a permis de réduire son empreinte carbone de 37 % en deux ans.

We Love Green accueillait cette année des têtes d'affiche comme Theodora, Kavinsky, et ici Lucky Love. Crédit : Carenews.
We Love Green accueillait cette année des têtes d'affiche comme Theodora, Kavinsky, et ici Lucky Love. Crédit : Carenews.

 

 

Cette année encore, plus de 100 000 spectateurs ont foulé les pelouses du festival We Love Green, organisé du 6 au 8 juin dernier dans le Bois de Vincennes, à Paris. Des spectateurs attirés par les têtes d’affiches de l’événement (Clara Luciani, Tiakola ou encore Air) ou par des artistes moins connus. Mais aussi des spectateurs curieux de ce festival conçu dès le départ comme militant.

Comme l’explique Camille Royal, cheffe de projet RSE pour l’association We Love Green, qui porte l’événement, « le festival a été créé en 2011. Dès l’origine, l’objectif était de proposer un événement culturel pluridisciplinaire, s’adressant à un public varié, et qui vise à promouvoir l’éco-citoyenneté et à sensibiliser aux enjeux sociaux et environnementaux. »

 

On ne vient pas à We Love Green que pour écouter de la musique

 

Ainsi, on ne vient pas à We Love Green que pour écouter de la musique. D’abord parce que l’art est conçu comme pluriel. « Nous travaillons notamment beaucoup sur la scénographie du festival, pour que nos espaces soient beaux et agréables », souligne Camille Royal. Ce travail est fait en lien avec des étudiants de l’École nationale des arts décoratifs, chargés de concevoir des structures adaptées aux contraintes du festival, et notamment celle de travailler avec des matériaux de réemploi.

Le festival laisse également une place importante au débat citoyen. Depuis une dizaine d’années, un espace de tables-rondes et conférences, baptisé « Le think tank », est consacré aux questions de transition écologique et sociétale. Cette année, on pouvait ainsi assister à un échange sur les notions de « robustesse » et d’« entraide » entre le biologiste Olivier Hamant et le chercheur Pablo Servigne ; à une table ronde sur l’imposition des ultra-riches pour sauver la planète associant Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance, et l’économiste Gabriel Zucman ; ou encore à des shows des humoristes engagées Mahaut Drama et Swann Périssé.

 

Le Think tank est un espace de débats sur la transition écologique et sociale situé au coeur du festival. Crédit : Carenews.
Le think tank est un espace de débats sur la transition écologique et sociale situé au coeur du festival. Crédit : Carenews. 

 

un festival éco-responsable

 

We Love Green se revendique aussi comme éco-responsable. Il applique une politique de responsabilité sociétale des entreprises en sept piliers. Parmi eux, l’économie circulaire et la gestion des déchets (le festival évite le jetable, privilégie le réemploi et revalorise 16 flux différents de déchets), le mix énergétique (il privilégie l’utilisation d’énergies renouvelables, et impose dans les contrats avec les artistes des limites de puissance pour les lumières et la vidéo, afin de réduire la consommation d’énergie), l’eau (ne sont proposées que des toilettes sèches, dont les « restes » seront ensuite utilisés comme engrais dans des champs de Picardie) ou encore la mobilité (le festival ne propose pas de parking, les participants étant incités à prendre le vélo ou les transports en commun).

 


À lire aussi : Ces festivals qui veulent faire rimer musique et écologie 


 

Un accent mis sur l’alimentation durable

 

Autre domaine de la politique RSE du festival, l’alimentation durable est devenue un axe de programmation en soi du festival. Un espace non négligeable est réservé à la restauration. Les artisans restaurateurs présents sont choisis sur la base d’une charte alimentaire assez stricte : ils doivent proposer des repas 100 % végétariens, travailler avec des fournisseurs locaux, qui produisent en agriculture biologique ou raisonnée. La vaisselle est entièrement consignée, pour limiter la quantité de déchets générés.

« Les repas 100 % végétariens, instaurés en 2023, nous ont permis de diviser par sept l’empreinte carbone de l’alimentation sur le festival », se félicite Camille Royal. We Love Green procède en effet à la mesure de son empreinte carbone depuis 2011. En deux ans, entre 2022 et 2024, celle-ci s’est réduite de 37 %, passant de 1 557 tonnes de CO2 émises en 2022 à 981 tonnes en 2024, alors même que la fréquentation du festival augmentait. Le premier poste d’émission reste le transport des festivaliers (51 % des émissions générées par le festival), suivi du fret (13 %), des boissons (10,5 %) et de la venue des équipes artistiques (9,5 %).

En 2024, les émissions de We Love Green étaient de 8,97 kg de CO2 par festivalier. À titre de comparaison, le Shift Project a calculé qu’un festival tel que les Vieilles Charrues, accueillant 280 000 personnes sur quatre jours, en périphérie, émet l’équivalent de 50 kg de CO2 par participant.

 

We Love Green 2025
Le festival We Love Green rassemble chaque année 100 000 festivaliers. Crédit : Carenews. 

 

La biodiversité mise à mal ?

 

Autre axe d’attention de We Love Green : la protection de la biodiversité. La préservation des espaces naturels a été identifiée comme un enjeu majeur dès le départ. Cela se traduit notamment par l’interdiction de véhicules motorisés sur les pelouses occupées par le festival, par le nettoyage des espaces et par la restauration du site et de ses abords après la tenue du festival.

Cela n’a toutefois pas empêché quelques interrogations légitimes de militants écologistes sur la pertinence d’organiser un festival dans le Bois de Vincennes, les nuisances sonores et l’occupation de l’espace pouvant perturber les écosystèmes locaux. Pour y voir plus clair, We Love Green a démarré en 2022 une série d’études visant à mesurer l’impact du festival sur la biodiversité. Ces études associent notamment le cabinet spécialisé Ekodev, ainsi que chercheurs du Museum national d’histoire naturelle.

Il est ressorti des premières enquêtes que les pressions exercées par le festival sur la faune et la flore du Bois de Vincennes n’étaient que temporaires et n’altéraient pas les fonctions écologiques indispensables à la survie des espèces étudiées dans le cadre de ces études. « Nous avons besoin de compléter ces premiers résultats par d’autres études, pour lesquelles nous recherchons des financements, note Camille Royal. Cela doit nous permettre d’adapter nos actions si nous nous rendions compte d’effets néfastes sur la biodiversité. Cela a permis aussi d’élaborer des protocoles de recherche qui pourront être utilisés par d’autres acteurs. »

 

Favoriser le vivre ensemble

 

Dernier axe de la politique RSE du festival : le vivre ensemble. Celui-ci se décline sous plusieurs formes, notamment les espaces de débats, mais aussi un « Village de l’impact » conçu avec la Climate House, et l’intervention de nombreuses associations lors du festival. « Au début, nous avions créé un "Village des associations", mais nous nous sommes aperçus que seul le public initié y venait », raconte Camille Royal. Si bien qu’aujourd’hui les associations sont invitées à déambuler au sein des différents espaces du festival, dans une démarche d’« aller vers », pour sensibiliser le public à leurs causes et actions.

Chaque année, des associations sont également sélectionnées par un vote des salariés de la structure organisatrice pour recevoir des dons issus notamment de la billetterie. En 2025, ils ont choisi La Cloche (lutte contre l’exclusion), Surfrider Foundation (protection de l’océan), Youth ID (engagement de la jeunesse), Utopia 56 (solidarité envers les personnes en exil et/ou à la rue) et Envie Le Labo (sensibilisation à l’écologie et à l’économie circulaire). 

We Love Green travaille en lien avec d’autres festivals et événements culturels en Europe, afin de partager les bonnes pratiques et de faire en sorte que culture puisse continuer à rimer avec écologie.

 

Des associations, ici Oxfam, déambulent dans le festival pour sensibiliser à leurs causes et leurs actions.
Des associations, ici Oxfam, déambulent dans le festival pour sensibiliser à leurs causes et leurs actions. Crédit : Carenews

 

Camille Dorival 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer