Beryl Lacoste Hamilton (Fondation Lacoste) : « Nous voulons faire de l’égalité des chances une réalité dans tous les pays où nous existons »

• Comment a été créée la Fondation Lacoste ? 

La Fondation Lacoste existe depuis 2006, sous égide Fondation de France, en honneur à mon grand-père, René Lacoste, dix ans après son décès pour honorer sa mémoire et à ma grand-mère Simone Thion de La Chaume, championne de golf. Des figures dans leur domaine qui ont toujours aidé très discrètement les jeunes, notamment dans le Golf de Chantaco, où ils résidaient très souvent. Ils leur ont permis de faire des tournois à une époque où cela ne se faisait pas beaucoup. 

Mon grand-père, pendant la guerre, a fait planter 40 000 arbres sur le golf pour garder du personnel à résidence et leur éviter de partir en Allemagne. Mes grands-parents ont toujours eu cette volonté de soutenir des causes et la fondation est un prolongement des engagements historiques de la famille Lacoste. 

• Quelles sont ses principales missions ? 

J’en suis devenue la présidente il y a sept ans maintenant. Avec les équipes, nous avons développé un réseau mondial de partenaires associatifs avec lesquels nous faisons cause commune pour l’égalité des chances, l’insertion sociale et professionnelle de jeunes en situation de vulnérabilité, issus de milieux défavorisés, et en situation de handicap.

• Quel bilan faites-vous à l’occasion de ses 15 ans d’existence ? 

La fondation a soutenu plus de 100 000 jeunes âgés de 6 à 21 ans, à travers 200 projets, dans 22 pays dans le monde. Cela correspond à 50 associations différentes que nous accompagnons sur le long terme. 

Nous avons aussi un rôle de facilitateur, par du parrainage ou du mentoring. Cela se traduit par exemple par le fait de connecter différentes associations entre elles, d’un pays à l’autre.

Je me souviens avoir visité le programme Academia Dos Champs (Lisbonne) où je me suis rendu compte qu’ils avaient besoin d’une aide sur du scolaire. Nous les avons mis en contact avec une association au Brésil que nous soutenons, qui parlait la même langue et qui pouvait partager du matériel avec eux. C’est la force de notre fondation, d’être présente dans de nombreux pays du monde. 

• Quels types d’associations sont soutenues par la fondation ? 

La fondation soutient des associations qui portent les valeurs chères à mon grand-père. Je me souviens d’une citation dans un des livres lui rendant honneur : « Confiance, ténacité, persévérance, rigueur, avec de telles armes, chacun peut construire sa vie ». 

C’est une très belle phrase qui traduit l’importance d’aller plus loin que le partage des valeurs du sport. Ces valeurs sont un point de départ pour accueillir des jeunes et les mettre dans un contexte ludique et de réussite. 

Historiquement, nous soutenons les Apprentis d’Auteuil depuis le début de la création de la fondation. Aujourd’hui, cela représente 500 enfants qui bénéficient d’une activité sportive dans le tennis.  

Je pense également à l’association Sports dans la ville et le programme Balle de match, à destination de jeunes filles. Nous avons commencé, il y a sept ans, avec une vingtaine de jeunes filles. Aujourd’hui, elles sont 250. L’association les a ensuite fait rejoindre leur programme L dans la ville, pour découvrir des activités culturelles et le monde du travail.

La fondation leur a proposé des visites à l’usine de Troyes dans nos ateliers de fabrication pour découvrir le travail des ouvrières, ainsi que des ateliers visual merchandising en boutique et dans les bureaux de la marque pour rencontrer les équipes et échanger sur les métiers du retail.  

• Quels sont les nouveaux projets à venir ?  

Nous envisageons d’intervenir dans une quinzaine de pays supplémentaires et de nous diversifier pour soutenir une centaine de nouveaux projets très divers, dont cinquante dédiés aux communautés locales.  

La fondation souhaite contribuer à l’amélioration des conditions de vie des communautés locales qui sont impliquées dans la chaîne d'approvisionnement de la marque à travers des projets plus larges, qui concernent l’éducation, la préservation de l'environnement et la santé. 

• Comment cela va se passer concrètement ? 

Nous avons sélectionné des programmes locaux qui bénéficient directement aux populations, et ce, sur plusieurs années. L’objectif est d’améliorer durablement les conditions de vie par l'acquisition de nouveaux savoir-faire ou par un développement socio-économique. 

Par exemple, nous travaillons sur la rénovation d’un centre de formation pour personnes en situation de handicap en Tunisie, nous commençons la rénovation de quatre écoles au Vietnam (financement de nouveaux sanitaires, installation de bibliothèque, projets de bourses pour les meilleurs élèves). 

Nous soutenons également un projet d'agroforesterie à Madagascar avec l’implantation de 10 000 arbres, la formation des agriculteurs locaux et une sensibilisation des jeunes à la protection de l'environnement. 

Autre projet environnemental, la reforestation de l'écosystème de la mangrove au Sri Lanka pour favoriser la biodiversité. 

En Colombie, nous allons soutenir des formations à la couture à destination de femmes défavorisées.

• Pour quels objectifs ? 

L’ambition est d'intensifier et d’élargir notre champ d’intervention. C'est une véritable ouverture pour la fondation. On s’est aperçu qu’on pouvait aller plus loin, plutôt que de se cantonner dans une voie. Nous voulons faire de l’égalité des chances une vraie réalité dans tous les pays où nous travaillons. 

Christina Diego