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Par Carenews PRO - Publié le 30 août 2024 - 08:00 - Mise à jour le 1 septembre 2024 - 22:41 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Ces entrepreneurs à impact qui ont échoué

Aux Universités de l’économie de demain, organisées par le Mouvement impact France, deux entrepreneurs sont venus raconter leurs parcours un peu particulier : ils ont monté une entreprise à impact, mais se sont finalement retrouvés en liquidation ou redressement judiciaire. Quelles leçons en tirer ?

Ces entrepreneurs à impact qui ont connu l'échec. Crédit : Nuthawut Somsuk, iStock.
Ces entrepreneurs à impact qui ont connu l'échec. Crédit : Nuthawut Somsuk, iStock.

 

Ils avaient des convictions profondes, ils voulaient contribuer à leur façon à résoudre des problèmes écologiques ou sociaux. Mais finalement, leur aventure entrepreneuriale a débouché sur un échec. Les Universités de l’économie de demain, organisées par le Mouvement impact France, se déroulaient le 28 août. Elles ont réuni les entrepreneurs à impact, encore une fois venus en nombre pour assister aux diverses conférences. 

Parmi les temps fort de cette journée, une table ronde donnait la parole à des entrepreneurs qui ont échoué. Cyril Noury a fondé Informa’truck en 2021. Il s’agit d’un réseau de camions itinérants de réparation et d’assistance informatique. La structure emploie des personnes en situation de handicap. 

 

Informa’truck contre l’exclusion numérique 

 

En 2023, l’entreprise ne dispose que d’un seul camion et emploie un salarié. « Je commence à signer de beaux contrats. Il faut alors que j'achète des camions car j’ai dit à mes clients que j’en avait suffisamment pour répondre à leurs demandes », se rappelle Cyril Noury un brin amusé. Finalement, l’entrepreneur obtient des camions auprès d’un gros fabricant, mais les conditions de paiement apparaissent compliquées pour la petite entreprise. « Je réussis in extremis une levée de fonds à huit jours de la fin du tour de table, ce qui me permet de payer les camions », continue Cyril Noury.

 


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Finalement, un passage dans l’émission de M6 « Qui veut être mon associé », sorte de Nouvelle star des entrepreneurs, va accélérer les demandes. Les appels de clients se multiplient « On savait qu’avec la diffusion, on aurait beaucoup de demandes. On a donc recruté en prévision », explique l’entrepreneur. Mais des retards concernant la flotte vont considérablement limiter la réalisation de contrats et donc les entrées d’argent. 

« Dans mon coin, je cherchais des financements car je savais qu’on ne pouvait tenir que quatre mois », se rappelle l’entrepreneur. La recherche de fonds va être un échec. Certains investisseurs lui rétorquent qu’il n’a pas été choisi dans l’émission de M6 et qu’il doit bien y avoir une raison à cela.  

Ne pouvant pas payer les salaires, il finit par licencier les salariés. Fin mai 2024, l’entrepreneur annonce que l’entreprise est placée en liquidation judiciaire. 

 

L’échec de Pyxo qui voulait réinventer le réemploi 

 

Benjamin Peri avait de grandes ambitions environnementales. Il a cofondé Pyxo en 2018. L’entreprise propose des solutions de réemploi traçables pour le secteur de la restauration. En 2020, coup de chance pour l’entreprise. La loi Agec est adoptée. Elle oblige dès le 1er janvier 2023 la restauration rapide à utiliser de la vaisselle réutilisable sur place. 

En 2021, McDonald’s contacte la start-up dans le but d'anticiper l’application de la loi. « Une fois qu’on a McDonald’s comme client, normalement tous les autres suivent. Et cela a été le cas, nous avons travaillé avec le top de la restauration française », se rappelle Benjamin Peri. Les effectifs de l’entreprise vont bondir pour atteindre 40 salariés. 

 

Quand on évolue dans l'impact, on est très attaché à son entreprise." Cyril Noury.

 

Finalement, McDonald’s tempère ses premières ardeurs. Le déploiement du réemploi se fera finalement sans la solution de traçage développée par Pyxo. Et pas pour la livraison et la vente à emporter. Le risque est alors que les potentiels clients, apprenant ce recul de McDonalds, ne se décident plus à utiliser la technologie Pyxo. Finalement, l’entreprise se concentre sur les restaurants indépendants et la restauration collective. Mais les difficultés vont se faire sentir. Un plan de licenciement va être mis en place pour essayer de restructurer l’entreprise.  La recherche de fonds est difficile. Benjamin Peri sent que le réemploi ne bénéficie pas de la même aura qu’il y a quelques années, lors du vote de la loi Agec. En janvier 2024, l’entreprise est finalement placée en redressement judiciaire. Elle va trouver un repreneur du nom de Ubi solutions. 

Pyxo fait aussi les frais du lent déploiement de la loi Agec dans les structures qui tardent pour certaines à s’emparer du sujet. 

L’échec peut être d'autant plus dur qu’il s’agit d’une entreprise à impact : « Quand on évolue dans l’impact, l'entreprise représente un combat pour nous, on y est donc très attaché », juge Cyril Noury qui avoue avoir eu quelques temps difficiles après la fin de l’aventure : « Il faut être entouré, en parler, ne pas repousser les mains que l’on nous tend ». 

Théo Nepipvoda

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