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Par Carenews PRO - Publié le 27 avril 2023 - 09:56 - Mise à jour le 19 juillet 2023 - 09:11
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Emmanuelle Tanneau (déléguée adjointe) de la Fondation M6 : « La fondation est devenue aujourd’hui un partenaire important pour l'administration pénitentiaire »

La Fondation du Groupe M6 soutient depuis sa création la réinsertion des personnes détenues. Thématique assez confidentielle et unique en son genre, au fil du temps, la fondation est devenue le principal partenaire de l'administration pénitentiaire. Rencontre avec Emmanuelle Tanneau (déléguée adjointe) de la Fondation M6 pour évoquer les contours de leurs engagements.

Rencontre avec Emmanuelle Tanneau (déléguée adjointe) de la Fondation M6. Crédit : DR - M6
Rencontre avec Emmanuelle Tanneau (déléguée adjointe) de la Fondation M6. Crédit : DR - M6

 

  • Pourquoi la fondation est-elle engagée essentiellement sur la réinsertion des personnes détenues ? 

Le fondateur, président du groupe M6, Nicolas de Tavernost est à l’initiative de cet axe de soutien. Fort du constat des chiffres de la récidive assez conséquents, il a eu la conviction que les entreprises avaient un rôle à jouer pour leur employabilité. 

Autre constat : de nombreuses fondations se créaient à cette époque, mais peu sur le sujet des personnes en détention. La fondation est devenue aujourd’hui un partenaire important pour l'administration pénitentiaire. 

La fondation a été créée en 2010, elle fonctionne avec une dotation annuelle de 500 000 euros, ce qui représente au total près de sept millions attribués par les entreprises du groupe M6 à cette cause.  

Il y a 70 000 personnes en prison et 250 000 suivies par une mesure de justice. C'est une vraie volonté du groupe, et nos administrateurs sont très engagés pour que le sujet devienne un vrai enjeu de diversité dans l’entreprise.     

  • Comment travaillez-vous avec les associations ? 

 

Étant la seule fondation dédiée à cette thématique, nous sommes bien identifiés par le milieu pénitentiaire et les associations. Chaque année, nous avons une quarantaine d'associations qui déposent des projets sur notre plateforme autour de deux thèmes. 

Le premier : le retour à l’emploi avec des projets qui permettent de développer l’employabilité des personnes détenues. Et le second, le développement d'alternatives à l’incarcération. Cela peut être sous forme de TIG (Travail d’Intérêt Général) pédagogique ou comment se réapproprier la liberté après une détention. 

 

  • Quelles actions menez-vous ? 

 

Depuis la création de la fondation en 2010, nous avons soutenu plus de 120 associations de l’écosystème. Elles nous contactent ou l’administration pénitentiaire vient nous solliciter sur des projets innovants qu’ils souhaitent mettre en place. 

Nous sommes aussi “opérateur” de projets. Nous organisons un concours d’écriture “Au-delà des lignes” qui a touché près de 2 000 détenus depuis sa création en 2016, pour répondre à un constat d'illettrisme. Pour ce faire, nous avons construit un partenariat avec l’administration et l’éducation nationale, déjà présente en détention. 

Ce sont des enseignants qui animent des ateliers d’écriture et nous mobilisons des auteurs qui ne connaissent pas forcément la prison. L’idée est de désacraliser l’écriture et de montrer que chacun à cette possibilité d’écrire. Une trentaine d’auteurs par an contribue à faire autant changer le regard des détenus sur l’écriture que des écrivains sur la vie carcérale. 

 

  • Votre fondation propose également aux collaborateurs de s’engager. Quelles sont leurs motivations ?  

Nous avons mobilisé plus de 700 collaborateurs depuis le début ponctuellement ou de façon plus pérenne. Leur motivation est de trouver un supplément de sens. Il peut y avoir des liens clairement établis entre les compétences de nos collaborateurs et le projet d’une association. Toutes les actions menées par les collaborateurs permettent de lever les freins sur le sujet.

 

  • Au niveau du groupe, comment favorisez-vous l’intégration des personnes détenues ? 

 

Il y a aussi un engagement du groupe pour intégrer de façon progressive en interne des personnes qui sortent de prison. Nous travaillons autour du projet de la personne, et ensuite, une rencontre se fait avec un collaborateur pour affiner le projet professionnel ou la possibilité d’un stage, et in fine un emploi plus pérenne. Ce travail progressif permet de développer l'employabilité. 

 

Nous avons fait un autre constat, une différence existe entre les compétences des personnes détenues à leur sortie et les postes proposés en interne. Près de 50 % des personnes avant leur détention n’étaient pas en poste et deux tiers ont un niveau inférieur au CAP. Au-delà des compétences techniques et du niveau académique, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un sujet au niveau de la maîtrise des codes en entreprise. Nous avons donc réfléchi à comment inciter d’autres entreprises à ouvrir leurs portes aux personnes qui sortent de prison.  

  • Comment cela se traduit-il ? 

Afin de partager notre expérience, nous avons co-conçu des journées de découverte de l'entreprise au sein du groupe M6 depuis 2020, où nous accueillons une dizaine de personnes sorties de prison sur une journée pour rencontrer nos collaborateurs. 

 

Ils discutent des atouts et des compétences qu’ils ont développés, la façon de présenter leur projet professionnel, des entretiens de simulation sont organisés avec la DRH, etc. Ces journées sont vraiment l’occasion de faire le pont entre deux mondes qui se côtoient peu. Nous avons eu 47 personnes invitées à la dernière session pour plus de trente collaborateurs qui les ont accueillis. 

 

 

Christina Diego 

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