Korian devient société à mission : la riposte au bad buzz des EHPAD
Lors de l’Assemblée générale, le groupe a décidé d’adopter la qualité de société à mission. Coup de com’ à la suite du scandale Orpea ou réelle évolution de l’activité ?
Voilà un changement d'envergure pour les entreprises à mission. Le 15 juin, l’Assemblée générale du géant des EHPAD, Korian, a validé une série de mesures. Parmi elles, le nouveau nom, Clariane, mais aussi l’adoption de la qualité d’entreprise à mission.
Pour le spécialiste des maisons de retraite, c’est une façon de sortir la tête de l’eau après une période très difficile pour le secteur. Janvier 2022, le journaliste Victor Castanet sort le livre Les fossoyeurs. Il y raconte les secrets du leader mondial des EHPAD, Orpea, évoquant les dérives allant jusqu’au maltraitement des personnes âgées. Même s’il n’évoque pas directement Korian, le livre critique le fonctionnement et l’organisation des sociétés privées en général dans ce domaine. Effet ricochet pour Korian. D’ailleurs, 30 plaintes ont été déposées contre le groupe à la suite du livre.
Une remise en question pour les ehpad
Une déflagration qui entraîne une nécessaire remise en cause : « Il y a eu une volontée concertée de la part des acteurs de l’EHPAD qui se sont dit que peut-être certains ont été trop loin dans la recherche de profitabilité au détriment de la mission qui est de s’occuper du grand-âge », considère Vivien Pertusot, fondateur de La Machine à sens qui accompagne les entreprises dans ces enjeux de mission.
Dans un but d’amélioration de son image, mais surtout des pratiques à l'œuvre, Korian a rapidement pensé à la qualité de société à mission. Il s’agit pour l’entreprise d’inscrire une raison d’être autre qu’économique dans ses statuts, ainsi qu’un ou plusieurs objectifs sociaux et environnementaux.
Quelle est la raison d’être de Korian ?
La raison d’être, mission suivie par l’entreprise, est la suivante : « Prendre soin de l’humanité de chacun dans les moments de fragilité. » Une façon de réaffirmer sa mission sociale avant la quête des profits. Mission à laquelle sont adossés plusieurs objectifs.
Alors, coup de com’ ou réelle volonté d’amélioration ? « Ce n’est pas parce qu'une entreprise est entachée dans un scandale, qu’il faut forcément être suspicieux », estime Vivien Pertusot. « Il peut y avoir une prise de conscience qui fait que cette annonce soit bienvenue, nécessaire ».
La société à mission doit être perçue comme un cadre de progrès et non comme une labellisation de bonnes pratiques. Selon Vivien Pertusot, les comptes devront donc être faits à moyen terme :
Cela nécessitera du temps pour que la transformation en société à mission se fasse ressentir sur le terrain. Il faudra entre 12 et 24 mois pour que ça essaime dans les différents établissements. »
Le déploiement de l’approche « Positive Care »
À quoi s’est engagée l’entreprise ? Korian a formulé cinq engagements autour des thèmes de la considération, de l’équité, de l’innovation, de la proximité et de la durabilité. Elle s’engage autour de dix initiatives telles que le développement de l’approche « Positive Care » dans tous les établissements et activités. Cette approche place la personne au centre du processus.
Autre engagement, développer des services de conseil et d’orientation pour aider les personnes en situation de fragilité avec la création d’une ligne d’écoute dédiée aux personnes fragiles pour leur permettre de trouver des solutions adaptées. Autre engagement important, celui de pérenniser une gouvernance inclusive avec l’intégration des parties prenantes à la gestion de chaque établissement et au niveau national.
Korian souhaite créer un fonds de solidarité pour venir en aide aux collaborateurs confrontés à des difficultés personnelles. Reste à savoir quel pilotage va choisir Korian pour chacun de ses objectifs.
Théo Nepipvoda
