Les modèles socio-économiques des associations : la perspective américaine

Une répartition en 10 modèles de financement 

En France, les modèles de ressources financières des associations ont été investigués par des acteurs comme Le Mouvement associatif ou le Rameau. Le premier cité compte sept modèles différents.

Aux USA, le groupe Bridgespan a théorisé dans la Stanford Social Innovation Review l’existence de 10 modèles différents. L’étude sur laquelle se base cet article porte sur un échantillon de 144 organisations au budget annuel supérieur à 50 millions de dollars.

Le but de cette répartition en dix modèles n’est donc pas d’imposer un type de financement à chaque association, mais plutôt de permettre aux structures de définir clairement le modèle qui leur convient le mieux. Plus que de proposer un catalogue exhaustif, nous vous proposons une synthèse par type de financeur : donateur individuel, subvention, mécénat d’entreprise ou bien financement mixte. 

Les modèles financés par des donateurs individuels (ou des fondations)

Dans le cas du modèle du Heartfelt Donator (l’appel du cœur), la mission de l’association est immédiatement appréhendable et touche directement les donateurs. On retrouve ce modèle dans les associations de recherche médicale, dans les associations environnementales ou bien les organisations internationales. 

Le Beneficiary builder (modèle du recours au bénéficiaires) est remboursé pour des services dispensés au public (universités, hôpitaux). Les personnes ayant bénéficié de ses services dans le passé sont souvent prêtes à faire des dons supplémentaires, car elles considèrent que le service offert par l’organisation a changé leur vie.

Le Member donator (modèle de la mobilisation des membres) s’appuie sur les contributions des membres de l’association, qui participent car la mission fait partie intégrante de leur vie quotidienne et qu’ils en tirent un bénéfice collectif. On retrouve ce type de modèle dans le secteur de l’art et de la culture ou encore dans le sport par exemple. 

Contrairement aux trois modèles précédents, le modèle du Big Bettor (le pari sur les grands), se base plutôt sur la générosité de quelques grands donateurs ou de fondations.

Les modèles financés par les subventions 

Le Public Provider (modèle du prestataire public) travaille avec le gouvernement afin de fournir des services sociaux essentiels (logement, éducation, santé) pour lesquels le gouvernement a déjà alloué des fonds. La structure effectue alors une prestation de service pour le gouvernement qui fixe des conditions spécifiques à la réception de ces fonds. 

Les associations au modèle de Policy Innovator (innovation par rapport aux financements publics) dépendent également de l’argent public. Contrairement au modèle du prestataire public qui s’appuie directement sur des programmes gouvernementaux existants pour se financer, les policy innovators ont développé de nouvelles méthodes pour répondre à des problèmes sociaux et ont convaincu les bailleurs de fonds publics de les soutenir. 

Ce modèle de Beneficiary Broker (intermédiaire entre l'État et les bénéficiaires) permet de mieux cibler et sourcer les bénéficiaires de différents programmes dans les domaines du logement ou de l’accès à l’emploi par exemple... 

Les modèles financés par les entreprises et les modèles mixtes 

Le modèle du Resource Recycler (recyclage de ressources) collecte des dons en nature auprès d’entreprises et de particuliers, et les distribue auprès de bénéficiaires. 

Le Market Maker est un modèle de financement qui associe dons d’entreprises et dons individuels. Même s’il était possible de payer pour le service rendu, il serait illégal de le faire (comme pour le don d’organe, par exemple). Les organismes sans but lucratif peuvent alors répondre à des besoins que le marché ne peut couvrir. Ces structures tirent leurs revenus de cotisations ou de dons directement liés à leurs activités.  

Une association suivant le modèle du Local Nationaliser (implantation locale d’une initiative nationale) prend de l’ampleur en créant un réseau national d’opérateurs locaux. Ces associations s’axent sur des problématiques importantes à travers le pays (éducation, promotion de la jeunesse), auxquelles le gouvernement ne peut répondre seul. 

Des modèles entièrement différents ?  

Ces dix  nonprofit funding models peuvent paraître éloignés des sept  modèles de la typologie du Mouvement associatif, dans la méthode et dans la classification des modèles. En effet, alors que l’étude de Bridgespan ne prend en compte que des structures de grande envergure et des modèles de financement qui ont fait leurs preuves, la typologie du Mouvement associatif envisage tout type de financement.

De plus, la typologie de Bridgespan se base sur les sources du financement alors que celle du Mouvement associatif prend comme critère l’autonomie de financement.

Derrière ces différences, les deux typologies se rejoignent finalement sur les outils utilisés pour la levée de fonds : événements, courriers, mécénat, adhésion… L’article publié par Pro Bono Lab en 2015 met également en avant l’importance des subventions comme point commun entre les deux typologies avec, aux États-Unis, une vision particulière qui impacte le secteur non-lucratif et donc son financement. 

William Renaut