Les Portraits Foncièrement Responsables : Tristan Duhamel de Déclic Ecologique
Rencontrez celles et ceux qui façonnent l'Économie Sociale et Solidaire en France et qui travaillent au quotidien au cœur de nos tiers-lieux professionnels et écoresponsables. Dans cette interview exclusive, nous avons le plaisir de vous présenter Tristan Duhamel, fondateur de Déclic Écologique et résident à MUNDO-M, un tiers-lieu ETIC situé à Montreuil.

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Petite présentation, qui êtes-vous ?
Je suis Tristan Duhamel, fondateur de Déclic Écologique. J’ai eu une première vie en tant que graphiste indépendant pendant laquelle je proposais à mes clients des solutions de communication à faible empreinte écologique. Au fur et à mesure, je voulais aller plus loin dans ma démarche écologique et c’est donc en 2018 que j’ai fondé Déclic Écologique.
Je suis également certifié « expert green IT » autrement dit, spécialiste des enjeux environnementaux liés au numérique et spécialiste de l'économie circulaire.
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Quelle est la mission principale de votre structure ?
Déclic Ecologique accompagne les entreprises, les associations ou les fondations dans la transition écologique avec des méthodes collaboratives. Notre mission est de faciliter la coopération entre les humains et l’environnement à travers des organisations plus durables.
Pour cela, nous proposons :
- La sensibilisation, plutôt destinée aux grandes entreprises à travers des conférences ou des ateliers DIY.
- Le programme d’accompagnement, le cœur de métier de Déclic Ecologique, avec 2 à 3 jours d’immersion chez nos clients. L’objectif est de faire évoluer les pratiques avec une équipe projet impliquée au sein de la structure bénéficiaire. Cela se matérialise par un audit des pratiques, des entretiens métiers, la facilitation d’ateliers collaboratifs autour de thématiques identifiées (énergie, eau, numérique et papier, mobilité, communication print et web responsable et le sur-mesure…) pour trouver des solutions adaptées et co-construire un plan d’action puis suivre la mise en œuvre.
- Quel est le principal enjeu actuel dans votre domaine ?
La transition écologique semble être mise de côté notamment par les politiques donc ça ne facilite pas les choses, ni les avancées sur ce sujet !
Néanmoins, je me rends compte que la population française, que ce soit les citoyen.nes et les salarié.es d’entreprises se sentent prêts à avancer et s’approprient ces questions de transition écologique. On le voit bien car les équipes que nous accompagnons sont emballées par la démarche !
Il y a un décalage entre le message des politiques et ce que ressentent les citoyen.nes. Et malheureusement, nous avons besoin de politiques publiques fortes pour faire avancer la transition écologique et la RSE.
- Qui sont les publics concernés par ce que vous proposez ?
Sur le format sensibilisation, notre programme s’adresse plutôt aux PME et grandes entreprises tandis notre programme d’accompagnement vise des PME et de grosses associations.
Nous avons notamment des spécialisations sur la restauration collective (réduction du gaspillage alimentaire, du jetable en cuisine, des produits d’entretien…) et les structures de santé (EHPAD, hôpitaux, Maisons de santé), mais nos services sont destinés à tous les secteurs d’activité.
- Pouvez-vous nous partager quelques succès ou vos plus belles réussites ?
Oui, j’aimerais vous parler de notre accompagnement avec l’Orchestre de chambre de Paris qui a duré 18 mois. Nous avons notamment travaillé sur la thématique de la mobilité pour faire évoluer leurs usages pendant leurs tournées. Voici quelques exemples d’actions concrètes mises en place : programmer plus de dates sur un même lieu, réduire le transport de matériel en louant le nécessaire sur le lieu de la représentation, privilégier le train ou encore recruter des solistes sur le lieu de la tournée.
D’autres succès me viennent en tête comme celui de l’Hôpital Saint-Maurice que nous avons accompagné pour faire évoluer et améliorer la restauration collective pour un public d'adolescents en fragilité psychiatrique permettant de remettre en place les repas thérapeutiques.
Nous avons aidé l'entreprise Neoteam à mettre en place la vente de leurs produits reconditionnés.
Un client industriel, Lem, avait un bassin délabré, ancienne réserve d'eau pour les pompiers : une toute petite ligne du plan d'action imaginée ensemble proposait de le transformer en zone protégée pour la biodiversité, elle est en cours d'installation. Nous avons également réalisé leur premier rapport RSE.
Toutes nos références sont accessibles sur notre site web.
- Pouvez-vous nous raconter l'histoire de votre structure ?
L’écologie c’est quelque chose qui m’habite depuis longtemps et qui fait partie de moi !
Je vais vous raconter un moment marquant. En 2005, je suis à Marseille avec mon frère et on arrive sur une plage où il y avait énormément de monde, mais aussi des déchets plastiques. Les gens nageaient parmi les sacs plastiques… J’ai d'abord eu un état de sidération. Et puis au bout de quelques minutes, j’ai ramassé et nettoyé la plage en 45 minutes. Je me suis rendu compte que cela m’avait procuré une grande satisfaction et le fait d’être dans l’action concrète fait aussi du bien. C’était le déclic !
Après un passage dans Les Villes en transition, un mouvement anglais initié par Rob Hopkins, j’ai rencontré en 2015 l’association Zero Waste France. J’ai trouvé très concret le fait de parler de l’écologie par le prisme du déchet, alors je me suis impliqué en tant que bénévole.
En parallèle, l’idée d’accompagner les entreprises dans la transition écologique étant de plus en plus présente, nous avons créé avec 4 personnes sensibilisées à la thématique, un groupe de travail sur la réduction des déchets en entreprise.
A travers l’association, j’ai découvert les méthodes d’intelligence collective et nous l’avons expérimentée auprès d’une entreprise. Ça a été le pilote de Déclic Ecologique qui naîtra officiellement en 2018.
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Quelles sont les valeurs fondamentales qui guident votre travail au quotidien ?
C’est de prôner la coopération plutôt que la concurrence. De faire de la transition écologique quelque chose de positif et de pouvoir apporter de l’optimisme. La transition écologique doit également être sociale pour réussir.
- Comment mesurez-vous votre impact ?
Nous évaluons notre impact avec le nombre de personnes sensibilisées et le nombre d’entreprises accompagnées. On mesure aussi la durée d’utilisation du matériel numérique car l’enjeu est bien celui de la durabilité des équipements numériques.
Voici quelques exemples dans le médical. On arrive à réduire de deux tiers l’usage des boîtes « DASRI » (déchets de soins infectieux) ou encore de réduire de moitié les kilomètres de draps d’examen utilisés (de 14km à 7km).
- Comment impliquez-vous les parties prenantes (communauté, clientèle, partenaires,...) dans vos projets ?
A travers nos ateliers et entretiens métiers, nous invitons les bénéficiaires directs mais aussi les usagers et les partenaires à apporter un retour d’expérience complet et à s'impliquer.
Je pense notamment à l’EHPAD à Marseille que j’accompagne, où un fournisseur s’occupe à la fois de la restauration mais aussi du linge. Nous l’avons directement invité à participer aux différents ateliers et réflexions pour faire évoluer les produits d’entretien et ainsi réduire les quantités, opter pour des produits écolabellisés et réduire le gaspillage alimentaire.
- Quelques chiffres importants à nous partager ?
Depuis 2018, Déclic Ecologique c’est :
- 92 organisations accompagnées
- + de 2000 personnes sensibilisées
- + de 1200 personnes accompagnées et sensibilisées
- Pourquoi avez-vous choisi de louer vos bureaux dans un tiers-lieu écoresponsable ETIC ?
Je suis résident à MUNDO-M, un tiers-lieu ETIC, à Montreuil depuis 2019.
C’est vraiment un nid d’associations et c’est un vivier de personnes engagées avec qui il est facile d’interagir et de coopérer. J’apprécie aussi la formule du coworking à mi-temps, la flexibilité associée. En plus, le MUNDO-M est à 7 minutes de vélo de chez moi et c’est vraiment un écosystème inspirant, que j’ai plaisir à rencontrer lors des animations et évènements du tiers-lieu.
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Pouvez-vous partager un moment marquant que vous avez vécu grâce à la communauté ou avec la communauté ETIC ?
A MUNDO-M, j’ai rencontré des personnes qui sont devenues des ami.es.
D'ailleurs, la responsable du site propose des évènements et animations propices aux rencontres entre résident.es comme le MUNDO-Miam ou l'on se rencontre en déjeunant ensemble.
- Quels conseils donneriez-vous à d'autres organisations qui souhaitent se lancer dans votre secteur et/ou l’ESS ?
En 2017, j’ai fait un MOOC de HEC Paris et Ticket for Change qui s’appelle « Devenir entrepreneur du changement » et j’ai trouvé que c’était très intéressant pour avancer et se préparer et devenir un entrepreneur du changement.
S’investir dans le milieu associatif est aussi un bon moyen de développer son réseau, d’acquérir une expérience et de comprendre l’écosystème dans lequel on va se lancer.
Et transformer ses peurs en curiosité !
- Un conseil ou une citation qui vous a inspiré/guidé ?
J’aime beaucoup une citation d’Oscar Wilde et qui est très parlante pour moi : « Il faut avoir des rêves les plus grands possibles pour ne pas les perdre de vue quand on court après. »
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Comment voyez-vous l'évolution de votre secteur dans les prochaines années ?
Il y a de plus en plus de monde mobilisé et c’est très bien car plus vite se fera la transition écologique, mieux ce sera. Même si nous sommes conscients qu'elle ne va jamais assez vite…
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Comment suivre les actualités de votre structure ?
Sur Linkedin ou notre site internet mais également via notre newsletter.
Et surtout nous appeler (06 76 81 36 72) pour échanger de vive voix ! Quoi de mieux ?
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Un petit mot de la fin : Quel dernier message est-ce que vous aimeriez transmettre ?
Gandhi a dit : « Soyez le changement que vous souhaitez voir dans le Monde ! »