Les grandes tendances de l’impact pour les fondations d’entreprise en Europe

Dans le cadre de l’Impact Week, le ‘C Summit’ a réuni plus de 200 dirigeants de fondations d’entreprises / entreprises engagées dans l’impact afin d’échanger pour accélérer leur engagement. Après deux journées de découverte de pratiques inspirantes et innovantes, de discussions et de partages d’expérience entre pairs, voilà les quatre grandes tendances observées en Europe :

1. La recherche de plus de cohérence entre les agendas Impact et Business et comment les fondations peuvent contribuer à « mettre plus de S » dans les agendas ESG de leurs groupes 

Plus que jamais, dans le contexte post-pandémie, crise climat et guerre en Ukraine, c’est la fin du ‘business as usual’. Les entreprises veulent désormais créer plus de cohérence entre business et impact sociétal. Les entreprises sont sous pression interne (avec leurs salaires, consommateurs, fournisseurs) et externe (régulateurs, investisseurs, société civile, état) pour s’engager davantage. Les CEO eux-mêmes reconnaissent qu’une stratégie ESG cohérente est devenue un impératif business et moteur de croissance. Le risque est de l’ignorer! D’ailleurs, de plus en plus d’entreprises fusionnent leur Direction Stratégie et Développement Durable. 

Certaines fondations d’entreprise peuvent activement contribuer à l’agenda ESG de leur groupe notamment sur le volet social S/ESG :

• en mettant en place des fonds d’investissement à impact géré par l’entreprise et véritable pont entre impact et business en contribuant à la raison d’être de leur groupe (comme Schneider Electric, Rabobank, Ikea Social Entrepreneurship, Philips…) 
• ou en collaborant davantage avec certaines fonctions Business – par exemple en revisitant les pratiques de leur ‘supply chain’ pour les rendre plus inclusive et durable (comme Ikea Social Entrepreneurship, SAP…) 

Une nouvelle étude d’EVPA présente les conditions nécessaires, dont le soutien de la Direction générale, et les facteurs clés de succès, comme la cohérence avec la raison d’être et la mise en place d’indicateurs communs et de mesure d’impact.

2. Agir collectivement pour plus d’efficacité : l’union fait la force !

Étant donnée l’urgence à agir devant tant de montée des inégalités et de la crise climatique, les entreprises et leurs fondations recherchent plus d’efficacité pour leurs actions. Et c’est la collaboration et une approche collective qui permettent de mutualiser les ressources pour plus d’impact. 

• Des partenariats innovants avec la création de coalitions d’acteurs européens dans des secteurs variés, par exemple :
  • la mode
  • l’eau
  • l’alimentation durable / agriculture régénérative : EIT Food, par exemple, mutualise des ressources publiques et privées pour rendre les systèmes alimentaires plus durables, collabore avec nombre d’entreprises comme Danone, DSM, Cargill, Rabobank, et lancera un incubateur de projets en commun et fonds dans un deuxième temps.
  • La santé: une coalition de 15 financeurs dans le secteur de la santé, menée par la Fondation We Share Forward, la Fondation Bayer et d'autres entreprises partenaires (Philips, Boeringer Ingelheim, Sanofi…) travaillent ensemble pour accélérer l'accès à la santé.
  • La jeunesse: la nouvelle initiative lancée par EVPA en partenariat avec la Fondation Schneider Electric vise à faciliter les investissements dans la jeunesse.  

• La mise en place de fonds de dotation communs, par exemple l’Alliance for Gender Equality in Europe (avec la Fondation Roi Baudouin, la Fondation L’Oréal et la Fondation Chanel) 
• Le lancement de fonds d’impact commun : 40+ multinationales ont mutualisé leurs ressources financières et non financières dans un seul fonds, le Water Resilience Coalition fund ; le Circular Capital Ocean Fund lutte contre la pollution des plastiques en Asie du Sud-Est et rassemble plus de 10 multinationales (Coca Cola, P&G, Unilever…)

3. Vers plus de transparence sur l’impact

L’Union européenne a adopté le mois dernier une nouvelle directive sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises – qui va pousser les entreprises à plus de transparence sur leur stratégie ESG. Cela va les obliger à communiquer davantage sur leurs ambitions, plans et indicateurs et à montrer plus concrètement leur impact réel. 

Dans ce nouveau contexte, les entreprises et leurs fondations devront s’aligner davantage, tant pour développer leur stratégie RSE que pour définir leur impact. Il sera dès lors essentiel pour les deux entités de s’accorder sur une définition commune de l’impact et sur la manière de le mesurer.

4. La mesure de l’impact au centre des préoccupations 

Nous voyons de plus en plus d’intérêt pour la mesure et la gestion de l’impact au sein des fondations d’entreprises, non seulement pour les raisons de transparence évoquées ci-dessus, mais aussi pour s’assurer de plus d’efficacité des ressources investies et pour protéger leur intégrité en matière d’impact. En effet, plus la fondation d’entreprise collabore avec son entreprise, plus il faut gérer d’éventuels risques liés à l’intégrité de l’impact, comme le démontrent les études de cas Innovation Foundation, Trafigura Foundation et IKEA Social Entrepreneurship.

À ce propos, où vous situez vous en termes d’intégrité d’impact ? Réponse en deux minutes en complétant notre nouvel outil d’auto-évaluation en ligne. 

L’EVPA continuera à aborder ces tendances en 2023 et à aider les entreprises et leurs fondations à naviguer dans ce nouveau contexte. Notre prochain C Summit 2023, les 15 et 16 mai à Venise, sera l’occasion de faire le point.