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Par Carenews INFO - Publié le 26 juin 2020 - 16:00 - Mise à jour le 26 juin 2020 - 16:00
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Émilie Sajot, journaliste engagée dans le collectif solidaire SOS Tissu

Durant la crise du Covid-19, de nombreuses initiatives solidaires ont vu le jour. Entreprises, fondations, associations et citoyens… Chacun a voulu participer à cet élan de solidarité. Cette semaine, Carenews a décidé de donner la parole à celles et ceux qui se sont engagé·e·s pour la première fois pendant le confinement. Pour le dernier portrait de cette série, nous avons interrogé Émilie Sajot, bénévole à SOS Tissu, un mouvement solidaire qui fabriquait des surblouses pour le personnel soignant.

Crédit photo : Emilie Sajot.
Crédit photo : Emilie Sajot.

Journaliste et réalisatrice en télévision, mon activité professionnelle a subi de forts ralentissement pendant le confinement. Alors que je restais à la maison, mon compagnon, étudiant infirmier anesthésiste, a été réquisitionné pour le Covid-19 à l’hôpital de la Salpêtrière. Le voyant partir « au front » tous les soirs, il m’a semblé primordial de me rendre utile. Finalement, le hasard a bien fait les choses puisqu’une amie m’a contactée : un groupe solidaire, SOS Tissu, avait besoin de volontaires pour faire connaître leur initiative.

SOS Tissu : des blouses pour les soignants

Le collectif solidaire SOS Tissu est né le 7 avril à l’initiative de deux journalistes de télévision ayant répondu à l’appel de soignants de l’hôpital Avicenne à Bobigny, dans le 93. Ces derniers avaient alerté sur le manque de tissus pour fabriquer leurs propres surblouses. De là est né SOS Tissu.

J’ai rejoint le collectif peu de temps après sa création. Chargée des réseaux sociaux avec mon amie Lizzie, notre objectif a été de faire connaître l’initiative au plus grand nombre : on avait besoin de couturières bénévoles et de tissus pour fabriquer les surblouses. On réalisait également des stories sur Instagram pour relayer les informations importantes, communiquer sur le matériel dont on manquait, réaliser des portraits de certains bénévoles... Ça ne m’occupait certes pas toute la journée, mais c’était un véritable travail quotidien.

80 couturières bénévoles

Grâce à cette mobilisation, un réseau solidaire s’est très vite constitué. Au total, 80 couturières, professionnelles ou amatrices, fabriquaient bénévolement des surblouses pour le personnel soignant. Par ailleurs, une quinzaine de bénévoles, dont je faisais partie, étaient chargés de la « logistique » : appels aux dons, gestion des livraisons, collecte des draps et des tissus. Des locaux nous ont été prêtés, nous permettant alors de préparer des kits de coutures destinés à être livrés à nos couturières.

1 500 blouses distribuées

Dès le début de l’initiative, Mondial Tissus, une entreprise de commercialisation de tissus et de mercerie en ligne, a accepté de nous fournir deux kilomètres de tissus en avance. Grâce à une cagnotte en ligne, nous avons pu récolter 3 300 euros pour leur en rembourser une partie. En parallèle, on a aussi fait un appel aux dons de tissus aux particuliers. Nous avions besoin de tissus en coton, lavables à 60 degrés afin que les soignants puissent les réutiliser. Des collectes dans certains quartiers de Paris et de la petite couronne ont également été organisées pendant le confinement.

Initialement, les surblouses fabriquées étaient destinées à l’hôpital Avicenne à qui on en a fourni deux cents. Puis, progressivement, on a élargi notre action et fourni des surblouses à plusieurs Epahd et hôpitaux de Paris et de sa petite couronne. Au total, 1500 surblouses ont été distribuées et livrées par SOS Tissu. C’était rigolo, car on a récupéré beaucoup de draps d’enfants, et parfois les surblouses avaient des motifs Marsupilami ou Batman.

Surblouses fabriquées par les couturières de SOS Tissu puis distribuées aux hôpitaux.
Surblouses fabriquées par les couturières de SOS Tissu puis distribuées aux hôpitaux.

Les livraisons étant réalisées par nos bénévoles, on pouvait entendre les retours des soignants directement. C’était super, ça donnait réellement du baume au cœur. Ils étaient très contents, on a eu beaucoup de messages de remerciement sur les réseaux sociaux. C’était concret, on savait pourquoi on se mobilisait. On a récemment effectué les dernières livraisons de surblouses. Avec la fin du confinement, chacun reprend progressivement le chemin du travail et SOS Tissu a été créé pour répondre à une urgence à un instant T. 

Confinement : le temps et le besoin de s’engager

J’avais toujours eu l’envie de m’engager mais, à mon grand regret, je n’en n’avais jamais pris le temps. D’ordinaire, on est concentrés dans nos vies à cent à l’heure et mon travail mobilise une grande partie de mon temps. Après l’annonce du confinement, tout a été ralentis. Être aux premières loges du quotidien de mon compagnon à l’hôpital a aussi été l'élément déclencheur pour m’engager. Je sentais qu’il fallait participer à cet élan de solidarité. Il y avait urgence, je n’ai pas réfléchi, c’était le moment de le faire. Nous vivions un moment historique, tous ensemble, et pour moi c’était primordial d’y participer. 

Être bénévole dans ce groupe solidaire m’a fait du bien. Ça m’a véritablement donné envie d’aider encore plus les autres. J’ai repris le travail et d’autres projets sont en cours, mais c’est certain qu’à la rentrée, je prendrai le temps de réfléchir à la manière dont je pourrai continuer à m’engager dans des causes solidaires. SOS Tissu a été une véritable aventure humaine. On a réagi à une urgence et on se sentait utile. J’ai adoré faire partie de ce groupe. Au début, nous n’étions principalement des « connexions de travail ». Progressivement, on a construit quelque chose ensemble. Ça illustre parfaitement la force du collectif.

Nous vivions un moment historique, tous ensemble, et pour moi c’était primordial d’y participer.

Témoignage recueilli par Lisa Domergue 

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