Vincent Bonnelye : « super mobilisateur » pour makesense pendant le confinement
Durant la crise du Covid-19, de nombreuses initiatives solidaires ont vu le jour. Entreprises, fondations, associations et citoyens… Chacun a voulu participer à cet élan de solidarité. Cette semaine, Carenews a décidé de donner la parole à celles et ceux qui se sont engagé·e·s pour la première fois pendant le confinement. Aujourd’hui, Vincent Bonnelye nous raconte comment il en est venu à participer au programme Ré-action mis en place par makesense pendant le confinement et à appeler des personnes âgées isolées.
J’ai 39 ans et j’habite à Melun en Seine-et-Marne. En novembre dernier, j’ai fermé mon établissement de restauration rapide dont j’étais le gérant depuis dix ans. Cet évènement a été pour moi l’occasion de partir quelques mois chez mon frère à la Réunion, avant de rentrer en France, peu de temps avant l’annonce officielle du confinement.
Le confinement, Un élément déclencheur
Après avoir fait le ménage de fond en comble dans toute la maison, réalisé un puzzle de 3 500 pièces, lu deux livres et joué à trois jeux vidéo, le temps était venu pour moi de trouver une nouvelle occupation. La pandémie m’inquiétait et je ressentais le besoin de me sentir utile. Je me suis alors inscrit à la Réserve Civique après avoir visionné un reportage diffusé au journal télévisé de TF1. C’est par le biais de cette plateforme que j’ai découvert le programme Ré-action lancé par makesense.
C’est la première fois que je m’engageais dans des actions de solidarité. Je n’avais jusqu’ici jamais osé franchir le pas, persuadé que je n’avais pas les « épaules » pour m’investir dans de telles causes. Le confinement a véritablement été l’élément déclencheur.
Le programme Ré-action, mis en place par makesense après l'annonce du confinement, permet à des groupes de quinze personnes de s’engager auprès des populations impactées par la crise. Durant une semaine, les participants réalisent chaque jour des petites missions.
Pendant le confinement, le programme proposait aux bénévoles des missions auprès de quatre groupes de populations : seniors, personnes sans abri, personnel soignant et agriculteurs locaux.
Depuis la fin du confinement, Ré-action a évolué et propose de s’engager dans l’éducation ou auprès des primo-arrivants. La durée d’engagement est désormais de deux semaines.
Un appel qui a tout changé
Ayant une grand-mère en Ehpad, j’ai souhaité m’engager dans le groupe « seniors ». Le troisième jour, notre mission a été d’appeler les « seniors » via la plateforme de la Protection Civile, une interface qui permet de contacter les personnes âgées isolées. La plateforme met alors un questionnaire à la disposition des bénévoles afin de renseigner plusieurs informations liées à l’état de santé et aux besoins de ces personnes.
Ce jour-là j’ai rencontré une dame de 82 ans « ultra connectée ». Twitter, Instagram, Facebook… Elle était inscrite sur tous les réseaux sociaux, lui permettant alors de suivre ses enfants et petits-enfants. Ce qui m’avait le plus impressionné, c’est lorsqu’elle m’a confié que son passe-temps favoris était Candy Crush. Elle avait un niveau très élevé, bien supérieur au mien !
Cette rencontre m’avait tant comblé d’émotion, qu’après avoir raccroché, j’ai fondu en larmes. Nous avons tellement à apprendre de ces personnes, trop souvent isolées et l’idée de pouvoir (re)vivre ça toutes les semaines m’a poussé à poursuivre le programme.
Plus de deux mois d’engagement
Au fil des semaines, je suis devenu « mobilisateur », puis très vite « super mobilisateur ». Un mobilisateur encadre un groupe thématique de quinze bénévoles, eux-mêmes encadrés par les super mobilisateurs. Je n’avais plus le temps pour réaliser les missions en tant que participant, mais le simple fait d’écouter les témoignages des nouveaux arrivants était magnifique. Aujourd’hui, c’est toujours avec la même impatience que j’attends les visioconférences quotidiennes et hebdomadaires afin de rencontrer les nouveaux participants et partager nos expériences... Malgré nos rencontres virtuelles, makesense est une grande famille. C’est comme participer à Koh-Lanta : les émotions sont décuplées et les ressentis exacerbés.
Après quatorze semaines, le programme a évolué et de nouveaux projets se mettent en place. Malgré la fin du confinement, c’était pour moi une évidence de poursuivre mon engagement dans le programme. Par exemple, nous avons créé des groupes locaux, afin que chaque ancien participant puisse s’engager à son rythme en fonction de ses disponibilités.
Même s’ils restent inspirés de Ré-action, d’autres projets naissent aussi en parallèle. Avec des amis de ma ville, nous aimerions nous déplacer et rendre visite aux Ehpad que j’avais eu l’occasion de connaître lors de ma première semaine en tant que participant. Cette initiative montre bien l’effet boule de neige du programme. Nous sommes véritablement un flocon de neige dans une avalanche.
Malgré nos rencontres virtuelles, makesense est une grande famille. C’est comme participer à Koh-Lanta : les émotions sont décuplées et les ressentis exacerbés.
De nouvelles perspectives d’avenir
Avec le retour progressif à la vie « normale », je vais poursuivre ma formation en comptabilité que j’avais initiée après la fermeture de mon restaurant. En revanche, cette expérience m’ouvre véritablement de nouvelles perspectives. Je ne sais pas encore exactement de quelle manière cela va se manifester, mais je pense axer mes recherches d’emploi dans d’autres secteurs que ceux initialement prévus. Grâce au programme de makesense, je me suis rendu compte que l’on peut agir pour réduire la fracture sociale.
Témoignage recueilli par Lisa Domergue
- Marouane En-nhari, étudiant mobilisé pour l’aide alimentaire pendant le confinement.
- Maxime Roques, l'étudiant qui a mobilisé le rugby amateur pour la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France.
- Mehdy Boukersi, le restaurateur qui a offert des repas aux pompiers pendant le confinement.