Loi Pacte : les différentes raisons d’être formalisées par les entreprises
Adoptée au printemps 2019, la loi Pacte a entériné la possibilité d’adopter une raison d’être dans les statuts de chaque entreprise. Depuis, les annonces de formalisation de raisons d’être se sont multipliées, avec des angles différents. Tour d’horizon.
Le 11 avril 2019, la loi Pacte a introduit dans le Code civil la possibilité pour les entreprises d’adopter dans leurs statuts une « raison d’être ». L’article 1835 du Code civil a donc été complété par la phrase suivante : « Les statuts peuvent préciser une raison d'être, constituée des principes dont la société se dote et pour le respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité. »
Entreprises du CAC 40, banques, assurances, mutuelles, entreprises publiques… Dix mois plus tard, les annonces de formalisation de raisons d’être se sont multipliées. Certaines sont des phrases courtes, tandis que d’autres consistent en des textes plus développés. Toutes visent à traduire un engagement de l’entreprise, une prise de position que les directeurs de communication des entreprises sondés par le Boston Consulting Group en 2018 percevaient alors comme un « levier de réputation ».
Des raisons d’être ancrées dans le présent ou tournées vers l’avenir
Alissa Pelatan, avocate spécialisée dans le droit des entreprises sociales, a précisément épinglé auprès de La Croix « des risques de ‘missionwashing’ : de déclarations qu’on a une mission, sans qu’il y ait de réelles actions au service de la collectivité ». Pour que l’entreprise marque un réel engagement dans sa raison d’être, « il s’agit donc de trouver les mots qui décrivent l’avenir que l’on veut construire en matière scientifique, sociale et environnementale » selon le professeur de sciences de gestion Armand Hatchuel.
Cette notion d’objectifs visés dans le futur par l’entreprise n’est toutefois pas l’angle choisi pour toutes les raisons d’être formalisées ces derniers mois. Certaines sont résolument ancrées dans le présent et évoquent des missions en cours, tandis que d’autres se concentrent sur leurs ambitions pour le futur. Stéphane Petitjean, directeur associé de l’agence de conseil en stratégie durable Greenflex, identifie de fait deux grandes catégories parmi les raisons d’être. Il remarque que d’un côté, certaines « soulignent une volonté de contribuer positivement au monde de par une utilité définie » tandis que d’autres « affirment dans des phrases ‘choc’ des ambitions quasi illimitées ».
Florilège des raisons d’être
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Les raisons d’être générales ancrées dans le présent
Danone : « Redonner tout son plaisir à l’alimentation en innovant sans cesse. »
Orange : « Nous sommes l’acteur de confiance qui donne à chacune et à chacun les clés d’un monde numérique responsable (...) »
Michelin : « Offrir à chacun une meilleure façon d’avancer. »
SNCF : « Apporter à chacun la liberté de se déplacer facilement en préservant la planète .»
Malakoff Humanis : « Être le leader de la protection sociale, c’est innover sans cesse au service de l’humain, c’est en faire toujours plus pour protéger et accompagner nos clients entreprises, salariés et retraités. »
Crédit Agricole : « Agir chaque jour dans l’intérêt de nos clients et de la société. »
BNP Paribas : « Nous sommes au service de nos clients et du monde dans lequel nous vivons. (...) Nous nous engageons avec nos clients pour un avenir meilleur. Nous nous donnons les moyens opérationnels d’avoir un impact positif.(...) »
Axa : « Protéger et agir pour un futur serein. »
Groupama : « Nous sommes là pour permettre au plus grand nombre de construire leur vie en confiance. »
PwC : « Bâtir la confiance en notre société. »
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Les raisons d’être axées sur une mission définie de contribution
Carrefour : « Notre mission est de proposer à nos clients des services, des produits et une alimentation de qualité et accessibles à tous à travers l'ensemble des canaux de distribution. Grâce à la compétence de nos collaborateurs, à une démarche responsable et pluriculturelle, à notre ancrage dans les territoires et à notre capacité d'adaptation aux modes de production et de consommation, nous avons pour ambition d'être leader de la transition alimentaire pour tous. »
Veolia : « Contribuer au progrès humain, en s’inscrivant résolument dans les Objectifs de Développement Durable définis par l’ONU afin de parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous (...) ».
Atos : « Notre mission est de contribuer à façonner l’espace informationnel. Avec nos compétences et nos services, nous supportons le développement de la connaissance, de l’éducation et de la recherche dans une approche pluriculturelle et contribuons au développement de l’excellence scientifique et technologique. Partout dans le monde, nous permettons à nos clients et à nos collaborateurs, et plus généralement au plus grand nombre, de vivre, travailler et progresser durablement et en toute confiance dans l’espace informationnel. »
Groupe Rocher : « Convaincue grâce à l’expérience personnelle de Monsieur Yves Rocher, que la nature a un impact positif sur le bien-être des personnes et donc sur leur envie d’agir pour la planète, la société a pour raison d’être de reconnecter ses communautés à la nature. »
Groupe Les Echos – Le Parisien : « Le Groupe Les Echos – Le Parisien s’engage à favoriser l’émergence d’une nouvelle société responsable, en informant, en mobilisant et en accompagnant chaque jour les citoyens et les entreprises.(...) »
Société Générale : « Construire ensemble, avec nos clients, un avenir meilleur et durable en apportant des solutions financières responsables et innovantes. »
MAIF : « Convaincus que seule une attention sincère portée à l’autre et au monde permet de garantir un réel mieux commun, nous la plaçons au cœur de chacun de nos engagements et de chacune de nos actions. C’est notre raison d’être. »
Mélissa Perraudeau