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Par Carenews INFO - Publié le 1 mai 2020 - 14:00 - Mise à jour le 1 mai 2020 - 21:30
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#PrenezSoinDeVous : le confinement de Sylvain Reymond

La crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 (coronavirus) nous oblige tous à rester confinés afin de protéger les plus fragiles et notre système de soin. Le média est vecteur d’informations, mais aussi créateur de lien. Aussi, chez Carenews, nous avons lancé une série de discussions quotidiennes entre confinés. « Prenez soin de vous » crée une rencontre engagée et permet une aération virtuelle. Aujourd’hui, on se rend chez Sylvain Reymond, directeur général de Pro Bono Lab.

#PrenezSoinDeVous : le confinement de Sylvain Reymond
#PrenezSoinDeVous : le confinement de Sylvain Reymond
  • A quoi ressemble votre confinement ? 

Nous sommes confinés dans notre appart à Paris, avec nos deux garçons de 3 ans et 9 mois. Télétravail et parents à temps plein. Ma femme travaille pour l’Institut Pasteur (service don et mécénat) depuis notre salon. Je tente pour ma part de piloter de mon mieux l’équipe de Pro Bono Lab depuis la pièce d’à côté (la cuisine) ; de poursuivre mes engagements bénévoles et quelques projets parallèles avec les ami.e.s du secteur. Parmi eux, des échanges quotidiens avec Cyrielle Hariel autour de la reprise de l’émission Objectif Raison d’Etre que nous avons co-écrite pour BFM Business, à l’antenne depuis le début d’année.

C’est très studieux et sacrément intense pour nous, mais tellement rien de comparable avec ce que vivent celles et ceux qui se battent au front. Nous profitons de ces moments en famille comme jamais. Je réalise le bonheur de voir évoluer et grandir nos enfants au jour le jour. Je tente aussi de répondre le plus habilement possible aux questions que se pose un petit garçon de 3 ans sur notre monde un peu fou ; et j'entraîne le deuxième à prononcer le mot « papa » avant celui de « maman ». Je réalise surtout à quel point nous sommes des confinés privilégiés.

  • Qu'est-ce que vous faites pour vous changer les idées ?

Pas mal d’activités avec les enfants. C’est une belle manière de s’évader que d’entrer dans leur jeu, dans leur monde. J’échange beaucoup avec mes proches et ma famille via les réseaux sociaux et des groupes WhatsApp. Des apéros virtuels réguliers avec eux et nos différents groupes d’amis.

Je profite aussi de la période pour prendre le temps d’échanger avec pas mal de monde sur les enjeux de notre secteur, bien au-delà du Pro Bono. De renforcer les liens avec les plus proches mais aussi de préciser de nouveaux projets avec d’autres personnes que je prends plaisir à découvrir.

Quand on bosse dans l’ESS, pas besoin de chercher bien loin pour trouver des gens biens. Et la magie des rencontres opère aussi bien à distance. De belles nouvelles idées émergent. Projeter ces réflexions vers demain, se retrouver vraiment avec ces gens-là et se dire que nous contribuerons ensemble à ce monde d’après, c’est terriblement enthousiasmant.

  • Un conseil pour prendre bien soin de soi ?

Justement, celui d’échanger beaucoup et d’entretenir ce lien, de garder le contact, avec celles et ceux qui sont à l’écoute de vos conseils comme de vos interrogations. Qui apportent hauteur ou recul sur la situation.

Niveau perso, ce sont des échanges plus intimes avec ma famille proche, le simple fait de prendre de leurs nouvelles et de savoir que tout va bien, encore à cet instant précis. Nos déjeuners à quatre ou discussions à deux avec Constance, autour d’un bon dîner ou d’un verre de vin. Ce sont ces essentiels qui me font le plus grand bien.

Niveau pro, j’échange chaque jour avec les personnes de mon équipe qui tiennent à ce dialogue et proposent des choses pour avancer malgré la situation. Il est clair que cette crise est un coup dur pour le Lab et qu’elle impacte(ra) beaucoup nos activités. La facilité serait de céder à la panique. Au contraire, je suis très touché par la bienveillance, la proactivité et l’attention de ces personnes qui se révèlent au service de ce projet, qui plus est dans ces moments.

Leur confiance, ainsi que celle de nos administrateurs et de nos co-fondateurs me portent beaucoup. Avec eux, il y a ces temps essentiels pour rester clairvoyants, lucides et fidèles à nos valeurs. Surtout quand, à deux trentenaires, avec Laura Frantz, nous dirigeons une structure de plus de 30 salariés très jeunes, qui a vu sa taille tripler en deux ans.

Beaucoup d’échanges avec nos entreprises partenaires aussi, pour construire des réponses adaptées sans céder à des logiques courtermistes qui iraient à l’encontre des valeurs du Lab (et de l’intérêt général). Nous avons d’abord dû entendre et accepter que le bénévolat/mécénat de compétences, dans ce contexte, ne sont pas toujours la priorité des structures à finalité sociale. Pas non plus toujours l’aspiration première d’une grande partie des confiné.e.s de France. 

Face à l’urgence, ne pas se précipiter mais préparer l’après (© Céline Laurichesse, notre sage Présidente). En ces temps, jouer la carte du collectif et contribuer d’abord à la mobilisation générale : seule réponse à la hauteur du moment que nous vivons à mon sens.

  • Une lecture / un film / une série / un podcast / un compte à suivre / une musique/ qui vous a redonné le sourire ? Ou plusieurs ! 

Plusieurs :

Une lecture : au début, j’ai juste eu le temps de finir de rerelire ce magistral Thésée d’André Gide. Depuis, je suis plutôt à l’affût des contributions les plus éclairantes sur la période (et son après) ou sur nos sujets : Cynthia Fleury-Perkins qui nous aide à penser l’avenir malgré tout, Dominique Meda sur la revalorisation de l’utilité sociale des métiers de première ligne, Laurence Lamy sur le rôle des fondations et des mécènes en ces temps, Eva Sadoun sur l’ESS au cœur de l’économie de demain... beaucoup de belles réflexions commentées ou relayées sur mes comptes Twitter, LinkedIn, etc.

Une série : Baron noir, incroyable saison 3 puis re-saison 1 & 2. Addictif à l’heure de la #FranceUnie ou quand nos réalités prennent des allures de fictions (ou le contraire). Cette crise, même leurs scénaristes ne pouvaient l’imaginer. 

Une web TV :  « Impact&Co : des coalitions pour tout changer » présentée par Cyrielle Hariel (encore toi ?!), lancée par Christophe Itier pour mettre en avant les entrepreneurs de l’économie classique ou de l’ESS qui renouvellent leurs engagement face à la crise. Grand plaisir d’y contribuer avec le Lab en tant que partenaire éditorial. Ces #10pourCent qui veulent « tout changer » sont très très inspirants !

Une musique : sourire très mélancolique et cœur serré à l’écoute des « mots bleus », de « Senorita » ou autres « paradis perdus ».

  • Une idée pour continuer à s'engager depuis son canapé ?

Plusieurs, là encore :

Relayer l’appel et la mobilisation du collectif #NousSommesDemain à l’initiative du Mouves notamment. Car oui : « chaque euro versé aux entreprises doit être conditionné à ses engagements sociaux et écologiques ». Sans cela, le monde d’après aura bien des airs de celui d’avant..

Ou celui de la coalition 10% qui réunit 125 personnalités engagées autour de Christophe Itier pour appeler à « unir des forces », avant même la reconstruction du monde d’après. J’en suis pour ma part un fier signataire.

Transmettre ses compétences à distance grâce aux formats proposés par les principaux acteurs du bénévolat/mécénat de compétences en France, exemplaires d’unité, tous recensés sur notre portail benevolat.fr. Parmi eux, comme les salariés de nos entreprises partenaires, testez nos quelques e-formats d’engagement pro bono en équipe et à distance : e-sprint, e-semi-marathons et e-trail.

Sinon, à #20H05 je donne à l’Institut Pasteur (vous comprenez désormais pourquoi) via cette belle initiative d’HelloAsso. Pour les soignants il y a en plus cette belle initiative des Paniers Solidaires portée par nos amis de MicroDon avec KissKissBankBank et Ulule.

  • Une bonne nouvelle repérée pendant cette crise (et qui serait passée sous les radars) ?

Beaucoup de bonnes nouvelles, souvent par défaut :

Paris est redevenue respirable, belle et ensoleillée comme jamais… depuis que nous n’arpentons plus ses rues.

Partout, la nature reprend ses droits... depuis que nous avons perdu la liberté de mouvement, de circulation, de l’admirer de près. Et quand l’être humain s’essouffle... notre planète respire.

Notre société doit prendre soin de ses aînés et des plus vulnérables comme jamais... alors même que le coronavirus nous impose de garder cette fichue distance physique pour leur apporter réconfort.

Ce virus semble épargner nos enfants comme s’il nous rappelait que l’avenir repose sur eux d’abord. Qu’il faut entendre les messages des jeunes générations. Le monde meilleur de demain, ce sera le leur.

On réalise (enfin) qu’une bonne partie du système, de notre avenir, tient désormais sur les épaules de métiers jusqu’alors peu valorisés/rémunérés : soignant.e.s, nos caissier.e.s, nos enseignant.e.s, éboueurs/euses, etc.

Et que sur les 10% du PIB que représenterait notre ESS - ainsi que sur la valeur (jamais mesurée mais inestimable) que génèrent les engagements de bénévoles ou volontaires en pro bono au front - une bonne partie des 90% du PIB restant repose ou trouve inspiration.

La vraie bonne nouvelle, c’est que collectivement, à nous les acteurs de l’intérêt général et de l’ESS, cette crise donne raison. On représente 10%, mais on est dans le vrai ;-) 

  • Une proposition pour changer le monde après le confinement ? Et pour construire le jour d'après. 

Ma proposition, c’est d’abord de comprendre ces messages qui nous sont adressés, de les retenir et d’en tirer les enseignements pour convaincre, au-delà de nous autres convaincu.e.s, que l'ESS est une des clefs du monde de demain. Dans La Peste, Camus disait que celle-ci pouvait venir et repartir « sans que le cœur des hommes en soit changé ». Qu’en sera-t-il après ce coronavirus ?

Bien avant cette crise, nos manifestes, tribunes et mobilisations sectorielles regorgeaient de propositions pour changer les cœurs et le monde de demain. Relisez #ESSRules, le Livre Blanc du Gouvernement Virtuel de l’ESS que toi-même, chère Careteam, tu as impulsé et rédigé. Tout y est. J’avais l’honneur de m’en faire en son temps le modeste porte-parole. En réalité, ce qu’il faudrait maintenant, c’est une prise de conscience, au-delà de nous, que cette économie des solutions est celle qu’il nous faut pour les beaux jours d’après. D’obtenir et de réunir collectivement les moyens (financiers, politiques, etc.) d’appliquer ces propositions que nous portons depuis très longtemps.

 


Suivez Sylvain Reymond sur Twitter et Linkedin.

La site internet de Pro Bono Lab : https://probonolab.org/

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