60 000 rebonds, association qui aide les entrepreneurs à rebondir après la perte de leur entreprise, réalise sa première mesure d’impact pour accompagner son changement d’échelle
Pour aider les entrepreneurs à rebondir après un échec, aucun dispositif n’existe jusqu’au jour où Philippe Rambaud décide de créer l’association 60 000 rebonds. À la tête de l’antenne régionale du Grand Ouest, Vanessa Charbonneau y officie en tant que directrice. Dans ce 8e épisode de notre série #Partagetonimpact Vanessa revient, avec sa clarté et bonne humeur habituelle, sur son apprentissage de la mesure d’impact, sa mise en place dans une association en plein développement et, par conséquent, son nouveau rôle.
- Vanessa, tu es la directrice de 60 000 rebonds Grand Ouest, peux-tu nous présenter en quelques mots en quoi consiste ce dispositif ?
Créée en 2015, l’association 60 000 rebonds Grand Ouest, membre de la fédération nationale 60 000 rebonds, accompagne et aide les entrepreneurs post liquidation. Entre problèmes financiers, sentiment d’isolement, stigmatisation sociale et difficulté à reprendre confiance en soi, il n’est pas évident de rebondir dans ces conditions. C’est pourquoi l’ensemble des actions du dispositif contribue au changement de regard sur l’échec.
- L’évaluation de mesure d’impact social est une volonté interne de l’association. Mais selon toi, quel a été le déclic pour se lancer dans une telle démarche ?
Mon arrivée en tant que directrice Grand Ouest en 2021 est motivée par une volonté d’accompagner le changement d’échelle. Un moment charnière de notre croissance où l’on s’interroge notamment sur la façon dont on répond à l’objet social.
Après Demain, un de nos mécènes, nous a permis de mieux vous connaître. Il est apparu que l’outil Impact Track, grâce à la formation proposée, s’avérait être celui le plus adapté pour comprendre et réaliser l’étude d’impact. Et puis de mon côté, ce qui me tient à cœur, c’est de donner du sens aux chiffres en mesurant l’impact sur les individus et la société. Au-delà des 28 entrepreneurs qui ont démarré un accompagnement en 2021, ce qui m’intéresse c’est de savoir ce qu’ils font une fois que leur accompagnement arrive à terme ? Comment ils se sentent ? Dans quelle mesure notre dispositif apporte une plus-value à nos bénéficiaires et comment nous pouvons l’améliorer ?
Et soutenus par le conseil d’administration, on s’est lancé dans cette démarche d’évaluation d’impact social !
- La prise en charge de l’évaluation de l'impact social te confère un nouveau rôle, celui de Chief Impact Officer. Peux-tu nous éclaircir à ce sujet ?
Au-delà de mon poste de directrice et sa mission principale de structuration et pilotage de l’association, la prise en main d’une telle démarche entraine des tâches supplémentaires. Accompagnée et soutenue par un vice-président dans l’évaluation d’impact social, j’ai sensibilisé et formé Élise et Régine, les coordinatrices d’antennes de l’association. En contact direct avec nos bénéficiaires, il était nécessaire qu’elles comprennent la valorisation de cette démarche dans nos actions.
- Comment l’antenne Grand Ouest de 60 000 rebonds s’est-elle organisée autour de la démarche de mesure d’impact ?
60 000 rebonds Grand Ouest recouvre cinq antennes sur les Pays-de-la-Loire et la Bretagne. Mes deux collègues en charge de l’animation des antennes, ont relayé les questionnaires en ligne.
En amont de la collecte de données réalisée de manière anonyme, l’équipe a pris le temps d’appeler chaque bénéficiaire pour leur expliquer la démarche et l’importance de leurs réponses à nos yeux. Avec un taux de réponse avoisinant les 95 %, on est pleinement satisfaits de l’administration des questionnaires.
« Vanessa a promu et pris en charge le projet d’étude d’impact. Un beau projet bien conduit, structurant et dont le travail devra être poursuivi et enrichira notre association. »
Philippe Fourquet, président de l’association 60 000 rebonds
- Après une année de travail sur l’évaluation de l’impact social de 60 000 rebonds Grand Ouest et la publication de votre page d’impact, quels enseignements en tires-tu ?
La création de notre page d’impact nécessite de comprendre l’interprétation des chiffres. Certains confirment la réalisation de notre mission sociale, tandis que d’autres demandent des améliorations.
Depuis 2015, l’association a accompagné 162 entrepreneurs. Parmi ceux-là, près de 90 % ont retrouvé une activité professionnelle que ce soit une création ou reprise d’entreprise, un CDD ou CDI…
Primordial à nos yeux, le sentiment d’isolement des entrepreneurs a nettement diminué. En 2021, 96 % d’entre eux estiment qu’à l’issue de l’accompagnement ce sentiment a été significativement réduit.
Et pour limiter ce sentiment d’isolement, nous voulons raccourcir le délai entre la liquidation de l’entreprise et la prise de contact avec 60 000 rebonds à moins de trois mois. On a commencé à mettre en place le dispositif VigiRéseaux de façon à travailler avec les clubs d’entreprises, les chambres consulaires, les syndicats et organisations professionnelles (MEDEF, CPME, CJD, UIMM…) pour identifier plus en amont les entrepreneurs ayant perdu leur entreprise et les orienter vers notre association. C’est d’ailleurs une solution que la mesure d’impact est venue confirmer.
Notre première collecte de données est plus que satisfaisante, mais le processus d’administration doit être encore amélioré. Administrés en cours ou a posteriori de l’accompagnement, les questionnaires vont désormais être réalisés à l’entrée et à la sortie des entrepreneurs pour récolter des données plus fidèles à la réalité.
- Tu viens d’arriver au sein de 60 000 rebonds Grand Ouest, on imagine que toi et ton équipe avez des défis plein la tête ?
Je dirais qu’on a trois grands défis qui nous attendent en lien avec l’étude d’impact :
- Aujourd’hui nous captons moins de 10 % des entrepreneurs post liquidation. Nous devons augmenter la notoriété de 60 000 rebonds Grand Ouest pour accroitre le nombre de prescripteurs et ainsi le nombre d’entrepreneurs bénéficiant de l’accompagnement. Les résultats de l’étude d’impact vont y contribuer.
- Généraliser l’utilisation de la page d’impact, qui valorise le travail effectué, la diffuser et se l’approprier pour professionnaliser et pérenniser notre mission.
- En s’appuyant sur l’étude d’impact, faire que l’action de l’association en faveur du changement de regard sur l’échec soit amplifiée et que les outils pour y parvenir soient plus adaptés. En ce moment, on travaille sur l’intégration des bénévoles pour leur donner toujours plus de clés pour accompagner les entrepreneurs.
- Toi qui vis l’évaluation de la mesure d’impact au quotidien et qui a dû te former sur un sujet qui était nouveau, qu’est-ce que tu as envie de partager à tes pairs ?
Sur la partie travail individuel, j’ai posé des questions qui orientaient les réponses. Heureusement les experts d’Impact Track ont rectifié ce biais. Si j’ai un conseil à partager : Prenez le temps de vous former ! Faites également valider la démarche à votre comité stratégique en amont pour qu’il soit contributeur.
Aussi, j’ai le sentiment que l’impact washing tend à se diminuer au sein des entreprises. Il ne suffit donc plus de dire ce qu’on fait c’est bien mais il faut savoir l’expliquer, le valoriser pour espérer collecter des fonds. Et c’est tout ce que permet la mesure d’impact social.