Le dispositif Jeune Envie Motivation s’engage dans une évaluation d’impact social et lance une nouvelle activité pour faciliter le retour à l’école

• Aurore, peux-tu nous présenter le dispositif Jeune Envie Motivation ?

Chaque année en France, 100 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme ou qualification.  C'est la conséquence de l'ennui, de la démotivation ou du peu d'intérêt qu'ils trouvent dans leur scolarité. Des problèmes extrascolaires peuvent aussi amener à cette situation. Les jeunes sont alors plus enclins à l’isolement social et à la dépression.

Créé en 2014 à l’initiative de Dominique Raimbourg et Pierrick Jubé, le dispositif  Jeune Envie Motivation (JEM), porté par l’association Escalade Entreprises s’adresse aux élèves de 13 à 15 ans en difficulté scolaire et/ou extrascolaire. Son objectif : retrouver une confiance en soi et redonner sens au parcours en proposant un accompagnement extérieur à l’établissement 4 demi-journées/semaine.

Pour ce faire, le JEM développe des actions dans toute la métropole nantaise à destination des élèves de 4^e, 3^e et 2^nd, orientés vers ce dispositif par leur établissement.

• Pourquoi avoir décidé de lancer une démarche de mesure d’impact au sein de l’association ? 

Sur les recommandations de notre financeur Break Poverty Foundation, nous avons décidé d’intégrer la mesure d’impact à notre fonctionnement. En effet, si nous suivions déjà les jeunes tout au long du dispositif, l’intérêt de cette démarche réside dans le fait de comprendre l’impact du JEM à plus long terme, ou encore la situation et les besoins des jeunes un an après leur accompagnement.

• Maintenant que l’on sait pourquoi, peux-tu nous dire comment s’est passée la mise en place de votre évaluation d’impact ? 

Nous avons d’abord défini notre référentiel d’évaluation avec Break Poverty Foundation. Puis avec l’aide d’Impact Track nous avons construit notre questionnaire pour collecter les données auprès des jeunes et de leur famille. En septembre, nous lancions notre première collecte d’informations pour l’année 2020/2021 (pour laquelle une vingtaine de jeunes ont été suivi du fait du nombre de places limitées pour cause de Covid-19). 

Étant une petite équipe de deux salariés au sein de l’association, la méthodologie et l’expertise apportées nous ont permis d’être efficaces. Avant, je faisais remplir des questionnaires papier aux élèves à la fin de chaque session. Retranscrire l’ensemble des informations dans mon ordinateur me semblait interminable. Aujourd’hui, les jeunes répondent directement en ligne grâce à l’outil. Cette année, j'ai également expérimenté l’envoi d’un questionnaire par SMS aux familles des élèves. Une première réussie puisqu’au bout de 10 jours, plus de 50 % avaient répondu. La collecte de données est plus rapide, plus simple et me dégage du temps pour mener d’autres actions.

• Vous partagez les premiers résultats de votre évaluation, quels enseignements en tires-tu ? 

Ces données nous permettent de porter un regard critique sur l’atteinte de nos objectifs en fonction des axes de travail. En résumé je dirais que la mesure d’impact nous a permis :

• de confirmer la force du JEM concernant le travail sur la confiance en soi : 95 % des jeunes ont amélioré leurs capacités de communication et leur autonomie. 90 % ont plus confiance en eux à l’issue du JEM. 
• tout en constatant l’apparition d’un nouvel enjeu : retrouver la motivation pour retourner en cours à temps plein. Si les quatre demi-journées passées chaque semaine au sein du dispositif sont un vrai bol d’air pour les élèves, l’après JEM s’avère plus compliqué. Suite à cette évaluation d’impact, redonner de la motivation pour retourner à l’école à temps plein est devenu un nouvel objectif auquel on doit apporter une réponse. C’est pourquoi nous mettons en place une nouveauté : le mentorat. Des actifs bienveillants offrent aux jeunes la possibilité d’échanger et ainsi poursuivre l’accompagnement à l’issue du dispositif.

• Quels sont les prochains défis pour le dispositif JEM ? 

Les prochains défis ne concernent pas uniquement le JEM puisque dans les mois à venir nous allons nous concentrer sur la réécriture du projet associatif.

Le mentorat est une solution en parfaite adéquation avec la demande de nos jeunes, mais elle est encore à parfaire : nous cherchons davantage de mentors pour accompagner les élèves et recueillir leurs paroles. Si vous êtes bienveillants, motivés et avez l’envie de nouer une relation de confiance avec un jeune, alors contactez-nous !

• Aurore, toi qui t’es lancée récemment dans une démarche de mesure d’impact, tu as peut-être un mot pour les porteurs de projets qui hésitent encore ? 

Allez-y ! La démarche de mesure d’impact va au-delà de sa finalité et se révèle être un moyen d’illustrer concrètement nos valeurs associatives. On se sent aussi plus crédible vis-à-vis des établissements prescripteurs lors de l’envoi du bilan annuel. Certes, consacrer du temps  pour réfléchir ensemble aux indicateurs, à la théorie du changement et créer ses outils de collecte est inéluctable, mais c’est un gain de temps assuré par la suite. La démarche reste accessible (la preuve : nous ne sommes que deux chez Escalade Entreprises !).

S’inscrire dans une telle approche permet de se remettre en question.  Et d’un point de vue personnel, je suis arrivée au sein du JEM peu de temps avant le  confinement. L’outil m’a alors permis de m’approprier le dispositif et d’y ajouter ma patte. Enfin, l’évaluation nous conforte dans le sens donné aux actions et nous motive pour développer les activités.