2026 : L’ANNEE EN « COMMUN(S) » ?
L’année 2025 aura été intense, avec ses flux et ses reflux. Les trois derniers mois ont été stratégiques pour en décrypter les mouvements, et en rendre compte. Plus la situation est instable, plus il est nécessaire de garder la tête froide et de prendre le recul suffisant pour l’analyser. Cette dernière Gazette mensuelle de l’ODD 17 de l’année propose un mode d’emploi pour mieux nous projeter en 2026.
Le moins que l’on puisse dire est que 2025 aura été chaotique pour tous, en France comme dans le monde. L’année marque la montée d’une incertitude croissante, ainsi que les risques des inquiétudes qui y sont associées. En quoi le mouvement de co-construction du bien commun, émergent des Territoires depuis deux décennies, peut en être une réponse adaptée ? C’est l‘ambition de la pédagogie réalisée depuis septembre. Rappelons en le cheminement.
Trois mois pour convaincre de l’utilité d’Agir ensemble…
La Gazette de septembre était consacrée à « l’équilibre de la Maison ». A l’occasion du 10ème anniversaire de l’Agenda 2030 des Objectifs de Développement Durable, elle nous a rappelé l’importance de faire alliance pour (ré)inventer des modèles cohérents avec nos défis communs, mais aussi l’urgence de (ré)investir dans l’intérêt général pour garantir une transition juste et durable. Les trajectoires socio-économiques de tous les acteurs publics et privés sont concernées. En ce sens, la dynamique des Territoires est un bon indicateur de notre maturité collective. L’étude du Fonds ODD 17 sur les différents niveaux de maturité territoriale éclairait alors sur l’importance d’une approche au « 1erkilomètre » des besoins, des ressources et des envies d’engagement. Pour valoriser la diversité des pratiques déjà mises en œuvre, l’état des lieux de la capitalisation mutualisée avait alors été partagé lors des 1ères Rencontres de la Coopération Territoriale, coorganisées par le Comité 21 et le CGDD, en partenariat avec l’ANPP-Territoires de Projet, l’ANCT, le CEREMA et Le RAMEAU.
En octobre, la Gazette de l’ODD 17 soulignait l’ampleur abyssal du changement culturel pour rassurer « les cœurs et les corps en mouvement ». Afin de (re)donner confiance, il faut savoir relire le parcours réalisé, le relier à nos défis d’aujourd’hui afin de prouver qu’il est possible de (ré)inventer les modèles de demain. C’est le sens des « 3 Récits des transitions » qui éclairent le chemin collectif parcouru depuis une décennie. Le premier, le Récit AVEC les « pionniers », rappelle le rôle stratégique des alliances stratégiques d’intérêt général pour inventer ensemble ce qu’aucun ne saurait faire seul. La coopération est au cœur du processus d’innovation sociétale décrit en détail dans la plateforme « Piloter l’innovation sociétale : valoriser et développer ses compétences ». Le deuxième, le Récit AVEC les institutions, souligne le rôle des ingénieries de proximité pour (ré)concilier le cap et le cadre de la Nation avec l’agilité des Territoires pour les mettre en œuvre. La boussole « Agir ensemble en Territoire » incite ainsi à de nouveaux dialogues. Le troisième, le Récit AVEC les acteurs académiques, décrypte la capacité collective à conduire le changement induit par l’ampleur des transitions. L’urgence d’inventer de nouveaux équilibres et de les incarner dans des trajectoires socio-économiques durables, équitables et inclusives est une priorité collective. Nous ne pourrons (ré)inventer nos modèles qu’en impliquant l’ensemble des parties prenantes, et en faisant AVEC nos fragilités.
En novembre, 21 moyens ont été mis à disposition des élu(e)s locaux afin d’accélérer les transitions au plus près des réalités de terrain, en prenant compte des spécificités locales. L’article « Créer de la valeur : mode d’emploi » passe en revu ces différents leviers. Du socle commun des connaissances à la mobilisation des médias pour les rendre lisibles et visibles, c’est l’énergie de 21 partenaires qui a permis cette mise en « Commun(s) » des savoirs et savoir-faire afin de pouvoir réussir ensemble les transitions. Alors, pourquoi maintenant ?
L’étude « Tendances & fragilités économiques » de l’Observatoire des partenariats en prouve l’utilité, le bilan 2023-2025 du Fonds ODD 17 en illustre les solutions possibles, et la note « Créer de la valeur en Commun(s) » de la Fondation des Territoires nous invite à mettre en place des espaces de dialogue pour en débattre en confiance. Il ne nous reste « plus qu’à » !
Facile à dire diront certains… et ils auront raison ! Seuls les Actes sont engagements aujourd’hui. Les mots sont devenus trop fragiles pour soigner les maux… Ainsi, l’expérience vécue est devenue la meilleure ambassadrice contre la désespérance. Il nous faut prouver qu’il est toujours possible de faire de tout changement une opportunité, et plus encore de croire que ce sont des difficultés que peuvent naitre une source de transformation féconde.
Le RAMEAU est légitime pour en témoigner pour l’avoir lui-même vécu.
Un exemple concret de résilience pour déjouer l’inéluctable…
Le refus des opérateurs financiers de faire confiance dans la robustesse du modèle socio-économique du RAMEAU, pourtant démontré depuis 19 ans, a créé un tsunami qui aurait pu – aurait dû – l’emporter. Deux décennies de recherche empirique sur le mouvement de co-construction du bien commun auraient alors disparu. Nous n’aurions pas été les seuls en cette année funeste pour l’intérêt général. De très nombreux acteurs ont subi ce sort. Je pense en particulier à nos amis de BBZ et de ProBonoLab. A eux - comme à nous tous - rappelons que lorsque le saumon affronte la dureté de la remontée du courant des fleuves du Canada, ce n’est pas pour venir y mourir… mais pour transmettre. C’est là que la génération suivante prend le relais pour descendre le fleuve à son tour vers la mer… avant d’y remonter lorsque - à son tour - il lui faudra transmettre. En matière d’intérêt général, la certitude que la fin d’un projet porte toujours les germes de nouveaux engagements est source de réassurance.
Plus chanceux – ou peut-être moins rapide pour remonter à sa source – Le RAMEAU n’a pas vécu ce sort. Grâce à la confiance de ses partenaires stratégiques, à l’impulsion de sa gouvernance et à l’engagement de ses anciens salariés, une nouvelle trajectoire a été définie. 100% bénévole, comme tant d’autres associations françaises, elle s’inscrit dans la parfaite continuité du projet stratégique « Yposchesi 2050 » (Promesse 2050) qui couvre la période 2023-2027. La transmission est au cœur de la nouvelle trajectoire 2025-2027. Elle s’inscrit autour de trois piliers : la stratégie « Numérique et Territoires » pour partager la capitalisation, la recherche « Vers de nouveaux modèles socio-économiques » pour faire reconnaitre la valeur des modèles d’intérêt général, et le programme « Réussir ensemble la territorialisation les transitions » pour faire la démonstration de la diversité des chemins possibles avec 81 écosystèmes territoriaux.
Durant les 9 mois qu’il a fallu pour nous réinventer, nous avons rencontré les « alliés de paille » et les « alliés de fer ». Les premiers disent, et les second font ! Faire la différence entre les deux est sans doute le plus bel apprentissage de ces mois de tourmente. Comment remercier les seconds qui prennent le risque du « Pari de la confiance » ? Mais surtout, comment ne pas tomber dans le risque de blâmer les premiers qui se contentent de dire, souvent de bonne foi ? Cette double difficulté est au cœur du mouvement de co-construction du bien commun. Qui peut aujourd’hui avoir l’arrogance de dire qu’il sait comment faire ? Qui peut prétendre être un « allié de fer » en toute objectivité ? … Après deux décennies de recherche empirique sur le sujet, Le RAMEAU n'aurait pas cette arrogance. Le processus lent mais structurant que nous vivons en « Commun(s) » est une transformation ontologique qui nous dépasse tous. Si nous pouvons affirmer haut et fort qu’il est le Sens de l’histoire, personne ne peut prétendre en avoir déjà inventé le modèle systémique associé. C’est en cela que les pays du Sud avaient raison en 2015 : le 17ème Objectif de Développement Durable n’est pas un fourre-tout institutionnel, mais bel et bien une nouvelle philosophie de l’Action politique. Aurons-nous la Sagesse de le comprendre en France ? Rendez-vous en 2030 pour en connaitre les résultats…
D’ici-là, pour nous y préparer, bonne lecture de la newsletter « Territoires durables ».
Charles-Benoît HEIDSIECK, Président-Fondateur du RAMEAU
