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Par Le RAMEAU - Publié le 6 juillet 2023 - 10:02 - Mise à jour le 6 juillet 2023 - 10:49
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Démarche « intérêt général 2050 », le pari du « Commun(s) »

Au moment où les « éclaireurs 2030 » de la promotion 2022 de la Fondation pour la Co-construction du bien commun se retrouve pour un diner de promotion, il est utile de faire un point d’étape de la démarche « intérêt général 2050 » qui a été lancée à l’occasion de leur (Re)Connaissance le 6 octobre dernier. Ce 3ᵉ temps de notre « marathon » de la semaine vient conclure notre chemin partagé sur la diversité du « commun(s) ».

Démarche « intérêt général 2050 », le pari du « Commun(s) »
Démarche « intérêt général 2050 », le pari du « Commun(s) »

Le RAMEAU annonçait lundi un « marathon de 3 jours », du 4 au 6 juillet, pour décrypter la triple dimension du « Commun(s) » (cf. article « commun(s) : 17 ans de théories et pratiques »). La Fondation des Territoires, qui travaille pour sa part sur la notion de « Territoire(s) », nous a rappelé mardi l’enjeu d’écouter et de s’associer au Projets de Territoire qui incarnent l’ODD 17 en pratiques afin de (ré)inventer notre capacité collective à gérer les communs (cf. article « Projet de Territoire, une autre gestion des « commun(s) »). Le Fonds ODD 17, qui finance l’innovation partenariale, nous a invité mercredi à investir dans le mouvement de co-construction du bien commun qui s’ancre sur les Territoires au travers de nouvelles alliances (cf. article « Fonds ODD 17 : la rentabilité de l’investissement dans la co-construction du bien commun »). Voyons aujourd’hui comment (re)découvrir notre Lien commun.

Le 6 octobre dernier, la Fondation pour la Co-construction du bien commun lançait à l’Assemblée Nationale la démarche « intérêt général 2050 ». Elle s’inscrit dans la continuité de celle engagée entre 2014 et 2021 « intérêt général : dès aujourd’hui l’affaire de tous ? / ! ». En 2022, le besoin est devenu celui de définir comment donner la capacité à chacun de se projeter dans un Avenir commun.

 

La notion de « Commun(s) » s’est vite invitée dans les débats. Pour éclairer chacun des 3 leviers d’activation de l’intérêt général[1], notre laboratoire de recherche empirique a proposé d’en retenir trois dimensions complémentaires :

  • La gestion des communs / la Gestion régulatrice,
  • La co-construction du bien commun / l’Action collective transformatrice,
  • La (re)découverte du Lien commun / la Vision partagée.

Concernant la gestion des communs, notre réflexion s’est tenue en parallèle des travaux de l’Institut des Etudes Avancées de Paris qui, sous la présidence de Bettina LAVILLE, a conduit un cycle sur le bien commun. Les dimensions politiques, juridiques et philosophiques de la notion ont été abordées afin d’éclairer le débat sur le « Commun ».

Ce cheminement a résonné fortement avec celui qui avait éclairé la notion « d’intérêt général » en 2014[2]. Il est intéressant de constater qu’en 7 ans le prisme de la sémantique prioritaire à instruire a changé ; sans doute car nos modèles eux-mêmes ont changé, parfois plus et plus vite que nous ne le conscientisons. Pour nous en convaincre, la démarche initiée par la Fondation des Territoires est venue enrichir la réflexion au travers des enjeux de territorialisation de l’Action (cf. article « Agenda 2030 & Territoires »).

Cette territorialisation de l’Agir ensemble nous a ensuite incité à réfléchir à la notion de co-construction du bien commun qui, en parallèle de la gestion de l’intérêt général, vient nourrir le débat à partir des impacts des actions engagées par les acteurs publics et privées. Cette capacité d’alliance nous questionne sur notre capacité collective à dépasser « l’entre soi » pour prendre le risque de « l’entre tous ». L’humilité est indispensable lorsqu’il s’agit d’inventer ensemble ce qu’aucun ne peut concevoir et réaliser seul. Cela exige de chacun la « fin des arrogances »[3]. Cette deuxième dimension du « Commun(s) » est au cœur du 17ème Objectif de Développement Durable de l’Agenda 2030 des Nations Unies, signé en 2015 à l’unanimité des 193 pays membres. C’est ce mouvement qui anime les travaux de recherche du RAMEAU depuis 17 ans… mais là encore, cette dimension du « Commun(s) » se révèle nécessaire mais pas suffisante.

La troisième dimension qu’il nous a semblé indispensable d’appréhender, c’est celle de notre Lien commun : qu’avons-nous en « Commun(s) » qui fonde notre capacité à faire Société ? C’est pour répondre à cette question que Le RAMEAU a créé la Fondation pour la Co-construction du bien commun en 2006, au moment où le laboratoire de recherche empirique rendait compte d’une décennie de travaux au travers du livre collectif « Bien commun : vers la fin des arrogances »[4]. C’est donc dans cet esprit que la Fondation a lancé la démarche « intérêt général 2050 ». Consciente que le cheminement septennal précédent a éclairé la (ré)conciliation entre le système de gestion des communs et la (re)connaissance de la valeur de la co-construction du bien commun, la question est aujourd’hui de défricher comment (re)trouver ce qui fonde notre Lien commun. En 2014, au lancement des travaux sur les mutations de l’intérêt général, Jean-Paul BAILLY l’avait déjà clairement énoncé : « nous aurons fait un grand pas si nous mettons en synergie Gestion et Action, mais en ce qui concerne la Vision serons-nous capables de donner confiance dans un monde en bouleversement où nos imaginaires sont centré sur la fin du monde et non plus le progrès ? » … et il avait alors ajouté : « ce sont des Territoires que viendra le renouvellement de nos modèles. Notre expérience au sein de La Poste en est un exemple. ». 7 ans plus tard, il l’a exposé plus amplement en 2021 lors de la conférence conclusive des travaux « Intérêt général : dès aujourd’hui l’affaire de tous ! ». A cette occasion, un « carnet de voyage à la (re)découverte de l’intérêt général » a été remis aux représentants de l’Assemblée Nationale, du CESE et du Haut-Commissaire au Plan (remise à voir en replay).

Face à l’ampleur de la tâche de défricher la question de notre « Lien commun », la Fondation s’est associée à 7 autres acteurs de référence du renouveau des méthodes de prospective : la Société Française de Prospective, le Comité 21, Cerisy (au travers du regard de journaliste-écrivain prospectif Sylvain ALLEMAND), l’Institut Open Diplomacy, le Pacte Civique, l’Institut Synopia et Le RAMEAU. Le chemin collectif a été initié dès le 3 novembre 2022 autour de 4 temps d’écoute. Ils forment les 4 piliers du cadrage de la démarche, tel un nouveau voyage dont les 4 premières escales permettent de faire un 360° de la « prospective du présent » comme aime à la dénommer avec acuité Edith HEURGON. Nous sommes alors partie à l’aventure de ce que nous pourrions qualifier de « prospective en mouvement », avec pour ambition non pas de la réinventer, mais d’en croiser les diverses démarches afin de voir « dans les plis » ce qu’aucun ne peut voir directement. Quel « signaux faibles » pouvons-nous ainsi capter ?

La première escale fut autour des résultats du programme IMPACT 2018-2022 de l’Observatoire des partenariats. Le 3 novembre dernier, l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts et Le RAMEAU invitaient au colloque « ODD 17 : les impacts du faire alliance en France »[5]. 21 études statistiques représentatives des différents univers des profils d’acteurs (citoyens, élus locaux, dirigeants d’entreprise, responsables associatifs…), le recensement de 1.000 exemples inspirants (illustrant la diversité des pratiques de tous les acteurs, dans tous les domaines, à tous les échelons territoriaux), les 7 débats nationaux & 50 territoriaux, ont permis de qualifier, mesurer et illustrer un état des lieux systémique : tous acteurs, tous domaines et tous territoires.

Fort des résultats de cette première escale, il était essentiel de faire un focus plus particulier sur la pensée et le mode de panser des jeunes. L’étude « la Parole des Jeunes en Actions ! »[6] a permis d’écouter, et plus encore d’entendre ce que les jeunes nous disent aujourd’hui. Loin des clichés et de l’instrumentalisation que certains aimeraient en faire, il était indispensable de prendre le temps de les écouter. Le résultat est probant ! Les 18-24 ans et les 25-29 ans sont deux mondes différents… et plus encore avec ceux de leurs ainés. Si les Territoires incarnent « l’intérêt général à portée de main », les jeunes incarnent « notre Avenir en commun ». Ce dernier ne doit – et ne peut – pas se construire POUR les jeunes, mais AVEC les jeunes. Nous laissant nous dépêtrer avec des systèmes de gouvernance et de normes dans lesquels ils ne se retrouvent pas, ils nous invitent à « Agir ensemble en Territoire » … En un mot : soyons concret !  Ils nous rappellent en cela ce que l’ensemble des Français avait déjà exprimé dans les études de 2008, 2012, 2015, 2019 et 2022 : « Seule l’Action est engagement ! ». Qui peut (encore) prétendre que les Français n’ont pas de suite dans les idées ? Il convient « juste » d’entendre leur message… sans les instrumentaliser (cf. article du 1/02/19 « Cessons de dévaloriser les organisations ! »). Ce n’est pas fortuit si la publication des résultats de l’étude réalisée auprès des jeunes a été diffusée le jour même de la Conférence contributive de la société civile à l’Agenda 2030. Nous devons veiller à ce que la légitimité de chacun soit respectée, à tous les niveaux. C’est aussi le message des jeunes qui ne renoncent pas aux institutions, mais qui leur demandent d’être à l’écoute de ce qui se passe dans la réalité des vies de chacun, et notamment des plus fragiles d’entre nous. Le Territoire y est le lieu de prédilection car il assurer une proximité pour être capable de donner du Sens au cap et au cadre commun qui permettent de sécuriser et de garantir les droits fondamentaux de chacun.

Rassurés par le fait que 69% des jeunes ont confiance dans l’avenir, mais effondré que 31% des 18-24 ans pensent que « 2050, c’est la fin du monde ! », nous avons continué notre chemin. Il était dès lors évident que pour pEnser le monde, nous devions écouter ceux qui le pAnsent… et réciproquement ! C’est dans ce sens que l’étude « 2015-2030 : quels chemins pour l’intérêt général ? » a été réalisée par le Cabinet Révélateur de Richesses Immatérielles (RRI) pour la Fondation pour la Co-construction du bien commun, en partenariat avec l’Observatoire des partenariats. 150 personnalités engagées au service de l’intérêt général ont été ciblées pour donner leur avis sur le bilan des 7 dernières années et les perspectives des 7 prochaines. Symboliquement, cette étude a été publiée le 4 juillet à l’occasion de la 9ème Rencontre des pionniers des alliances en territoire (à voir en replay). Les résultats de cette étude nous invitent à voir la valeur du temps… ou plutôt la valeur des Temps. Seule une réappropriation de la diversité des temps, de leur utilité, ainsi que de l’épreuve et des preuves du temps permettront de prendre le recul suffisant pour faire rapidement les choix qui s’impose. Une chose est certaine est capable de dire dans la même phrase « nous allons dans le mur » et « il faut accélérer » laisse à penser à chacun que la seule issue est de le prendre plus vite ! Soyons sérieux avec le(s) temps si nous voulons une conduite du changement cohérente…

Alors, à « mi-chemin » de l’Agenda 2030, « verre à moitié vide » ou « verre à moitié plein » ? Chacun y lira sans aucun doute des « signaux faibles » différents, mais une chose est certaine : selon l’échelle de temps que nous prenons pour agir, la réponse n’est pas la même. Nous devons impérativement nous (ré)approprier la valeur du temps long sans laquelle il est impossible de (se) faire confiance dans l’Avenir.

Arrivé à ce stade du constat incontestable de l’équilibre instable qui est devenu le quotidien de chacun d’entre nous, il était pertinent d’écouter et de faire dialoguer la diversité des points de vue sur les trajectoires possibles vers des chemins d’espérance. Les trois sessions de travail entre les 8 acteurs de la « prospective en mouvement » ont été passionnantes. Elles ont été nourries par l’inventaire des exercices de prospective post 2030 réalisé par l’Observatoire des partenariats. Une comparaison forte inspirante a été réalisée entre ce qui s’est écrit à la sortie de la crise planétaire de la Covid en 2020, et ce qui s’écrit en 2023 sur l’après 2030. Cet exercice de comparaison à 360° est « décapant » … et finalement rassurant[7] !

Sur cette base, notre collectif de la « prospective en mouvement » a débattu autour d’une « matrice des trajectoires » qui nous semble efficiente pour faciliter le dialogue dans le nécessaire dialogisme de ce monde post moderne. A la sortie de cet exercice de 18 mois de cadrage de la démarche 2022-2029 « intérêt général 2050 », une question peut résumer son état d’avancement : « comment faire de nos avancées collectives un levier pour (re)définir des trajectoires adaptées à nos défis commun, et ainsi pouvoir (re)trouver le sens de notre Lien commun ? ». Telle est la question que nous mettrons en débat le 5 octobre prochain à l’occasion du colloque « Jeunes & Territoires 2050 ». Inscrivez cette date dans vos tablettes (smartphones ?). Cette soirée ce sera l’occasion d’un « afterwork » inspirant à l’issue de la première journée des Rencontres du Développement Durable, organisé par l’Institut Open Diplomacy, dont il n’est pas fortuit que le colloque en prolonge les débats…

A l’issue de ce « marathon » de 3 jours à la (re)découverte du « Commun(s) », Le RAMEAU espère avoir contribué à apporter une pierre utile à la construction de l’édifice commun de notre Avenir en commun. A chacun d’entre nous de jouer collectif maintenant !

Une seule certitude : n’ayons pas (plus ?) peur du Temps, il est notre allié ! N’attendons pas un « grand soir », car bien au contraire, c’est dans les petits gestes du quotidien que se remplit, goutte à goutte, notre capacité collective à combler le « verre à moitié vide » qui nous amène à 2030. Quelle serait notre arrogance si nous prétendions déjà savoir si les « jeux sont faits ». Il nous reste 7 ans pour réussir le « pari de la confiance » que les 193 pays du monde entier ont fait à l’unanimité le 25 septembre 2015 avec la Sagesse de se donner 15 ans pour réussir.  Pour paraphraser le chroniquer du XIXème Mark Twain : ils ne savaient pas alors que ce serait impossible… c’est pourquoi nous allons le faire Ensemble !

Charles-Benoît HEIDSIECK, Président-Fondateur Le RAMEAU


[1] Voir dossier « Intérêt général : un concept en mutation » (JURIS Associations, mars 2019)

[3] Voir livre collectif « Bien commun : vers la fin des arrogances ! » (Editions DALLOZ, décembre 2016)

[4] ibid

[5] Les Actes du colloque ainsi que toutes les publications liées à l’étude d’impact sont librement accessible sur le site : https://odd17.org/impacts-odd-17

[6] Etude « La parole des jeunes en Actions ! » pour l’Observatoire des partenariats (Comisis & OpinionWay, mai 2023)

[7] Tous les résultats, et notamment la base documentaire des 213 sources complémentaires, seront diffusés lors du colloque « Jeunes & Territoires 2050 ».

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