Maintien à domicile et accompagnement de l’avancée en âge – « les choix de vie doivent être personnalisés »

• Favoriser le maintien à domicile et l’autonomie des personnes fragiles est-il un engagement historique de l’action sociale d’AG2R LA MONDIALE ?

Stéphane Sébastiani : notre fédération Agirc-Arrco a toujours accompagné l’avancée en âge et la perte d’autonomie, tout comme l’action sociale d’AG2R LA MONDIALE. C’est une question d’intérêt général. Le vieillissement de la population est un enjeu de société, car il implique un certain nombre de difficultés pour rester chez soi, s’occuper de soi ou de son conjoint, pour trouver la solution de logement adaptée. Cette réalité s’est encore plus affirmée lors de la crise de la canicule en 2003, qui a déclenché une prise de conscience sociétale. Aujourd’hui, l’entrée en EHPAD se fait de plus en plus tard, en moyenne à 85 ans. La question du domicile est donc centrale. Mais rester chez soi, c’est aussi pouvoir sortir de chez soi et garder un lien social fort. Tout est lié. Notre approche est de traiter le maintien à domicile dans toutes ses dimensions, à savoir l’adaptation de l’habitat, les aides à domicile, la prévention de la précarité énergétique, le lien social, la qualité de vie… la feuille de route est tentaculaire !

Anne Paredes : les choix de vie doivent être personnalisés, en fonction des besoins des personnes âgées et de leur situation. Aujourd’hui, on peut rester à domicile, opter pour un habitat intermédiaire ou bien aller en EHPAD. Quel que soit leur choix de vie, les personnes doivent disposer de solutions adaptées, sereinement.

• De quelle manière l’action sociale d’AG2R LA MONDIALE met-elle en œuvre son engagement ?

S. S. : nous avons des dispositifs créés par la fédération Agirc-Arrco. Nous proposons par exemple Sortir Plus, qui permet aux personnes âgées d’organiser et de financer leurs déplacements quotidiens en dehors de chez elles. Nous diffusons également le dispositif Bien chez Moi, qui fait appel à l’expertise des ergothérapeutes à laquelle nous croyons beaucoup, pour adapter l’habitat sans le transformer, en respectant les modes de vie. Nous aidons aussi les personnes âgées à choisir une solution alternative, c’est-à-dire partir de chez soi et opter pour une résidence autonomie, un habitat partagé ou inclusif, ou d’autres formes d’habitats alternatifs. Une majorité de nos solutions s’appuie sur des partenaires associatifs. Nous collaborons par exemple avec l’association Chênelet pour multiplier des habitats adaptés au vieillissement et passifs en termes d’énergie. Nous travaillons avec les collectifs et fédérations d’aide à domicile pour réinterroger les pratiques professionnelles des intervenants. Nous avons également des partenariats avec des bailleurs sociaux pour solutionner la question de l’adaptation des logements. Nous expérimentons aussi un projet de portage de repas à domicile, afin d’augmenter la qualité de vie des seniors et de former les livreurs au repérage de « signaux faibles » chez les bénéficiaires.

A. P. : nous sommes très attentifs au développement de services permettant aux personnes de rester chez elles avec une qualité de vie optimale. Nous identifions les axes d’intervention et les leviers du bien-être à domicile, puis nous allons chercher les partenaires qui vont nous aider à réaliser nos projets. C’est une démarche partenariale innovante. En complémentarité de ces partenariats, nous avons développé la démarche « Lab usages et autonomie ». Beaucoup de services destinés aux séniors ne rencontrent pas leurs utilisateurs, parce que leurs attentes et leurs usages n’ont pas assez été pris en compte. Le Lab Usages et Autonomie associe directement les personnes âgées à la réflexion et à la construction des projets pour améliorer leur qualité de vie à domicile. Notre Silver Lab présente ainsi de futurs services à une communauté de séniors volontaires, qui les challengent et formulent ouvertement leur opinion. Cette volonté d’associer nos bénéficiaires et leurs aidants à la réflexion guide l’ensemble des projets que nous soutenons. Et lorsqu’un projet innovant est plébiscité, il peut le cas échéant être intégré à nos offres de services d’action sociale, comme c’est le cas pour notre Parcours Autonomie, pour qu’il soit proposé plus largement à tous nos bénéficiaires.

• Entre bien vieillir chez soi et choisir de vivre en EHPAD, quelles sont les solutions alternatives ?

S.S. : Il y a l’habitat inclusif, où les personnes âgées partagent des espaces communs avec d’autres résidents tout en conservant un espace privé. Citons également l’habitat participatif, porté par un groupe de personnes investies d’un projet de construction, peut-être plus complexe à mettre en œuvre, car il nécessite l’implication des collectivités territoriales.

A.P. : nous soutenons aussi l’accueil familial pour lequel nous avons un partenariat avec CetteFamille, qui aide les personnes âgées dans leur recherche d’accueillants familiaux agréés. Mentionnons également les habitats intergénérationnels. Nous nous engageons de plus en plus envers toutes ces formes d’hébergement alternatif, entre le logement ordinaire et l’EHPAD. Cela permet à chacun de choisir ce qui sera le mieux adapté à son parcours de vie. Il faut également prendre en compte l’environnement direct de l’habitat en termes d’accès aux commerces, aux services, à la mobilité. En ce sens, nous avons soutenu le réseau « Villes Amies des Aînés », afin d’encourager les villes choisissant de s’adapter.

S.S. : Idéalement, chacun d’entre nous devrait pouvoir choisir dans sa commune entre ces différents modes d’habitat. Nous soutenons au maximum ces concepts et ces expérimentations pour qu’elles soient reprises par les collectivités territoriales. Pour que cette démarche se déploie, nous devons la faire connaître. C’est le sens de nos récents partenariats avec la Cité de l’Architecture et la Maison de l’Architecture avec lesquels nous travaillons à rendre visible la réflexion autour de l’accompagnement de l’avancée en âge en ville, pour ensuite entreprendre d’étendre ces innovations en milieu rural.