Cet été, ces Français vont tester des vacances écoresponsables

Cela faisait quelque temps que l’idée lui trottait dans la tête. Cet été, Estelle a décidé de voyager différemment avec son copain. « Le deal était de rester en France, de trouver une destination accessible en train pour y réaliser un périple en vélo », explique l’étudiante en droit à Paris. Reste à trouver la destination : peut-être la Camargue ou le Sud-Ouest, mais dans tous les cas un itinéraire accessible en train. Des vacances centrées sur la pratique du vélo, sans réel besoin d’activités supplémentaires qui peuvent être parfois polluantes. 

C’est la première fois qu’Estelle applique réellement ses convictions écologiques à sa période de vacances. Même si elle privilégie déjà le train depuis longtemps, elle avait l’habitude de prendre l’avion de temps en temps pour ses vacances : « En tant qu’étudiant, c’est une solution de facilité de le prendre pour partir avec ses amis. Récemment, je suis allée à Bologne en avion pour une semaine », se souvient-elle.

vacances écolos, Une tendance durable ?

Europe en train, tourisme à côté de chez soi, périple à vélo… Poussés par leur prise de conscience écologique, de plus en plus de Français décident de modifier leurs habitudes de voyage. Et si prendre l’avion pour se rendre à l’autre bout du monde n’était plus à la mode ? En Suède, un terme est même apparu en 2018 : celui de Flygskam qui désigne la honte de prendre l’avion pour sa contribution au changement climatique. 

Pour accélérer cette tendance, de nombreux influenceurs prônent cette nouvelle philosophie du voyage. Des plateformes se spécialisent sur ces nouvelles façons de voyager pour permettre notamment à un public novice en la matière de se décider à changer. Ils répondent à une demande, selon un sondage réalisé par Greengo en 2022, 86 % des Français considèrent l’impact environnemental comme un critère déterminant dans leur choix de vacances.

Une plateforme pour faciliter le voyage bas-carbone

Par exemple, Mollow est une plateforme collaborative dont l’objectif est de faciliter le voyage bas-carbone en proposant une cinquantaine d’itinéraires en train pour aller dans toute l’Europe. Il propose par exemple un itinéraire pour se rendre à Marrakech sans utiliser l’avion.

Une manière de supprimer certains blocages existants :  « Cela peut être compliqué de passer à l’action et de réserver ses voyages en train. Il y a une barrière de temps, et également de connaissance qui freinent ce type de voyage », considère Alisée Pierrot, cofondatrice de Mollow. L'objectif est donc de rendre ces nouvelles pratiques faciles pour les démocratiser. Mais aussi faire accepter aux gens que le trajet en lui-même fait partie intégrante du voyage. 

Une tâche qui s’annonce ardue puisque l’avion et plus largement les pratiques polluantes sont ancrés dans les vacances d’une bonne partie des Français : « Partir au bout de l’Europe pour un week-end en avion apparaît comme normal, on ne se rend même plus compte de la distance parcourue », considère Alisée Pierrot. « Beaucoup de gens se disent qu'ils n'ont que quelques semaines de congés par an, et qu’il faut donc les rentabiliser en cochant les destinations à faire. »

Même constat pour Estelle : « Le premier frein est psychologique. Par exemple, mes collègues vont au Mexique ou en Afrique du Sud. On est entourés de gens qui vont loin et de pubs dans le métro pour des voyages à bas prix. » Difficile de résister… D’ailleurs, la jeune fille n’est pas encore décidée à définitivement ne plus prendre l’avion. Cet été, elle partira également avec les parents de son copain à Malte, en avion.

l'écologie au coeur du quotidien des vacances

Laetitia, consultante en transition écologique de 31 ans, était elle aussi plutôt une habituée de l’avion. Quasiment tous les ans, la nordiste l’utilisait pour partir en vacances avec son mari. Mais en 2019, avec sa grossesse, elle réalise une prise de conscience écologique qui l’a même conduit à changer de travail. Progressivement, ses valeurs vont se heurter à ses habitudes de voyage. 

Alors qu’elle continue de prendre l’avion jusqu’à l’été dernier pour un dernier gros voyage au Canada, elle découvre en parallèle un tourisme de proximité et s’attache à un petit village, La Bresse, dans les Vosges. 

Plus jamais d’avion ?

Alors à partir de cet été, c’est décidé, les vacances de la petite famille se dérouleront le plus possible dans cette commune entourée de nature située proche de la frontière allemande. Une façon également de conserver ses habitudes : « en partant en vacances, la difficulté est de garder les bonnes habitudes comme produire le minimum de déchets, l’achat local des produits. Alors que si nous sommes dans un milieu que nous connaissons comme à La Bresse, ces pratiques sont plus facilement applicables », considère Laetitia.

Mais comme Estelle, Laetitia n’a pas encore pris la décision d’arrêter l’avion pour tout le temps : « En revanche, nous ne prendrons plus l’avion pour moins de trois semaines », tempère la jeune femme.

Théo Nepipvoda