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Par Carenews INFO - Publié le 28 avril 2023 - 10:00 - Mise à jour le 13 novembre 2023 - 13:50 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Comment le travail doit-il s’adapter au dérèglement climatique ?

Le CESE a rendu le 25 avril un avis avec 17 propositions destinées à améliorer la prise en compte des risques environnementaux au travail. Détails.

Le changement climatique renforce la pénibilité des emplois. Crédits : iStock.
Le changement climatique renforce la pénibilité des emplois. Crédits : iStock.

 

« L’été 2022 a constitué un point de bascule dans le débat public » en raison de la canicule et de la sécheresse, note le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans un avis adopté ce mardi 25 avril. C’est après cet épisode de chaleur que sa Commission Travail et Emploi a initié des réflexions sur l’impact du dérèglement climatique sur la santé au travail. 

L’avis contient donc 17 propositions concrètes pour « adapter le travail au réchauffement climatique et pour atténuer l’impact des activités humaines sur le climat. »

 

Une enquête auprès des employeurs et salariés 

Pour préparer ses travaux, le CESE a mené une enquête auprès d’employeurs et représentants du personnel. 80 % des personnes interrogées se disent concernées par les enjeux environnementaux et leur impact sur le travail. 35,4 % d'entre elles disent même éprouver de l’anxiété face à ces questions. 

L’impact sur la santé est le premier sujet de préoccupation cité par les répondants. 70 % d’entre eux estiment « que le dérèglement climatique et la dégradation de l’environnement ont des conséquences sur la santé des salariés et des agents. » 

Face à ces constats, le CESE propose des mesures organisées en trois axes. Le premier porte sur les politiques publiques de santé au travail, le second sur la mobilisation des employeurs et le troisième sur le débat démocratique. 

 

Décloisonner les politiques publiques

D’abord, le CESE insiste sur la nécessité d’intégrer la santé au travail dans les politiques de santé publique et de prévention. L’institution propose notamment de renforcer la place de ce sujet et celle des liens entre santé et environnement dans la formation initiale et continue des professionnels de santé. Cette mesure pourrait « sensiblement contribuer à une rénovation de l’image des secteurs de santé publique et de santé au travail chez les jeunes générations » et répondre en partie à la crise des vocations chez les médecins du travail. 

Elle appelle aussi à la création d’un fonds destiné à la « recherche, la prévention primaire et l’amélioration des conditions de travail, prioritairement dans une perspective d’adaptation et d’atténuation du changement climatique. » Ce fonds serait financé par les excédents de la branche accident du travail et maladies professionnelles. 

De plus, il appelle à renforcer la cohérence entre les plans nationaux liés à la santé au travail, aux liens entre santé et environnement et à l’adaptation au changement climatique. 

 

Mobiliser les employeurs

D’autres mesures concernent les entreprises, les branches et le secteur public. Un impératif, alors que le CESE constate un « décalage entre le niveau de préoccupation personnelle et l’engagement collectif sur les sujets d’environnement. » Selon l’enquête menée par l’institution, seuls 35 % des répondants constatent que les sujets environnementaux et leur impact sur le travail sont à l’ordre du jour dans leur organisation. 

Le CESE invite au déploiement d’une campagne nationale dédiée à la prévention par les employeurs des risques professionnels et environnementaux. Le Conseil recommande aussi de conditionner des aides et exonérations à l’établissement et l’actualisation du DUERP, le document unique d’évaluation des risques. Celui-ci, obligatoire dès le premier salarié, évalue les risques pour la santé et la sécurité auxquels peuvent être exposés les collaborateurs. 

Par ailleurs, les « conséquences environnementales des orientations stratégiques de l'entreprise » devraient devenir « un thème des consultations récurrentes obligatoires » du Comité économique et social des entreprises (CSE). Dans les négociations d’entreprise, « les acteurs du dialogue social doivent passer d’une logique de gestion de crise à une logique de prévention, en intégrant l’impact du dérèglement climatique dans les négociations portant sur les techniques, les organisations et les conditions de travail et la santé physique et mentale des travailleurs et des travailleuses. »

 

Un besoin de formation 

L’enquête du CESE conclut à un « besoin d’information et de formation. » Elle révèle que seuls 34 % des répondants ont suivi une formation sur les sujets environnementaux. Dans 34 % des cas, cette formation s’apparente à une sensibilisation, à l’instar d’une Fresque du Climat. Le CESE précise aussi que les « personnes qui déclarent avoir suivi des formations concernant les effets des dérèglements climatiques sur la santé sont très minoritaires. »

 Le Conseil recommande donc de renforcer les droits à la formation des élus et des mandatés sur les thématiques environnementales, et de prévoir des sessions communes aux représentants des salariés et des employeurs sur les objectifs de transition écologique. 

 

Faciliter le débat démocratique

Enfin, le CESE appelle à trois mesures destinées à « élargir les conditions de débat démocratique sur l’exposition de la santé aux risques professionnels environnementaux » : accueillir un débat sur le sujet au CESE, « diffuser la culture de la prévention » en renforçant la protection des lanceurs d’alerte sur le sujet et inscrire l’écoute des salariés dans les principes généraux de prévention dans les codes du travail. 

 

La rédaction 

 

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