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Par Carenews INFO - Publié le 1 mars 2023 - 17:00 - Mise à jour le 9 mars 2023 - 15:38 - Ecrit par : Lisa Domergue
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Comment les collectivités territoriales accompagnent et favorisent la justice alimentaire ?

Nourrir les habitants et leur garantir l’accès à une alimentaire saine et durable, c’est l’un des nombreux défis auxquels font face les collectivités territoriales. Illustration avec la métropole du Grand Lyon, qui a fait de la justice alimentaire l’une de ses priorités.

Cumulant les compétences d’une communauté d’agglomérations et du département, la métropole du Grand Lyon mène une politique forte en faveur d’une justice alimentaire forte. Crédit photo : iStock.
Cumulant les compétences d’une communauté d’agglomérations et du département, la métropole du Grand Lyon mène une politique forte en faveur d’une justice alimentaire forte. Crédit photo : iStock.

 

En janvier dernier, la ville de Lyon lançait, aux côtés de la Gonette, l’association de la monnaie locale lyonnaise, une expérimentation visant à lutter contre la précarité étudiante et accompagner leur transition alimentaire. Avec ce dispositif, un panel d’étudiants reçoit, chaque mois, 50 euros versés en gonettes, utilisables dans les commerces d’alimentation en circuits courts de la ville. Une expérimentation qui traduit une politique de justice alimentaire forte, soutenue par la métropole du Grand Lyon et appuyée par la délégation dédiée à l’alimentation et l’agriculture créée au début du mandat municipal. 

Le Grand Lyon : une métropole au statut particulier 

La mise en œuvre d’expérimentation en faveur de la justice alimentaire comme celle-ci est rendue possible grâce à la particularité administrative du Grand Lyon, « unique en France », précise Jérémy Camus, vice-président à la métropole chargé de l’alimentation et de l’agriculture. En 2014, la communauté d’agglomérations et le département ont fusionné pour former la métropole du Grand Lyon. Ce statut administratif lui permet de cumuler des compétences sociales et agricoles que les autres collectivités locales n’ont pas. « Cela change tout pour la justice alimentaire », explique le vice-président. 

En effet, la politique alimentaire est une politique transversale, mêlant économie – pour développer des filières agricoles et nourrir les habitants – social, environnement, aménagement du territoire et santé. « Le premier médicament que l’on ingère est celui que l’on mange tous les jours », soutient-il. 

Autre avantage, la capacité de financer les politiques publiques de justice alimentaire, en piochant dans ces différents portefeuilles. C’est le nerf de la guerre, puisque l’un des leviers pour accompagner une transition alimentaire juste est de soutenir financièrement les acteurs du territoire. Et pour cause, au total, ce sont 12 millions d’euros répartis sur le mandat, qui sont mobilisés pour la politique alimentaire du Grand Lyon.

Une politique alimentaire encadrée par un PAT

En France, la politique alimentaire des collectivités est encadrée par les PAT, les politiques alimentaires territoriales. Cependant, toutes les collectivités n’ont pas les moyens de financer des feuilles de route ambitieuses, contrairement à celle de Lyon, du fait de sa particularité administrative. 

Le PAT Lyonnais – PATLy – est le fruit du précédent mandat municipal, qui a établi un diagnostic du territoire en termes d’alimentation, de la production à la consommation. Il a permis d’identifier deux défis pour la justice alimentaire qui ont pu orienter la politique mise en place par Jérémy Camus et ses équipes. D’un côté, la capacité du territoire à « produire localement des produits qui atterrissent dans le ventre des 1,5 million d’habitants de la métropole », en d’autres termes, l’amélioration de la résilience alimentaire du territoire. De l’autre, rendre l’alimentation saine et durable accessible à toutes et tous.

La juste rémunération des producteurs locaux

Le Grand Lyon ambitionne donc de devenir une terre nourricière et ainsi faire progresser l’autonomie alimentaire de 5 à 15 % « demain ». Mais cette ambition ne se fera pas sans les producteurs. « Nous ne concevons pas la démarche de justice alimentaire sans y associer les producteurs locaux », développe Jérémy Camus. 

Pour remobiliser l’agriculture locale, la métropole accompagne donc, financièrement, le développement de nouvelles filières agricoles. Elle a par exemple soutenu la relocalisation d’une filière de farine produite sur le territoire, pour les habitants du territoire. Autre initiative : l’ouverture, en 2023, de la première ferme métropolitaine de Lyon, qui produira des légumes pour alimenter les cantines des collèges du territoire, et ainsi contribuer à la justice alimentaire. « C’est une contribution en nature de la métropole », explique-t-il. En effet, autre que le levier financier, la métropole peut également inciter à la consommation de produits locaux grâce à la commande publique, notamment grâce à sa compétence sur les cantines scolaires. En fournissant la restauration collective avec des produits locaux issus de circuits courts, elle soutient non seulement les producteurs du territoire, mais aussi l’accès à une alimentation saine et équilibrée pour les collégiens. 

Rendre l’alimentation accessible à toutes et tous

L’accessibilité à une alimentation de qualité pour toutes et tous est le deuxième pilier de la politique alimentaire du Grand Lyon. L’objectif ? Lutter contre la précarité alimentaire. En effet, près d’un Lyonnais sur trois déclarait ne pas se nourrir correctement et 15 % ne pas manger à leur faim. 

La métropole travaille par exemple, avec les associations locales, sur l’identification de « déserts alimentaires », des territoires dans lesquels les habitants n’ont pas accès à des produits locaux de qualité. Le Grand Lyon soutient l’essaimage d’associations telles que VRAC pour favoriser son déploiement dans ces territoires. « Notre objectif n’est pas de réinventer la roue », rassure le vice-président. 

Quant à l’accessibilité tarifaire, même démarche, avec le soutien d’expérimentations réalisées à l’échelle ultralocale, comme celle de la triple tarification mise en œuvre par la MESA, un tiers-lieu dédié à l’alimentation durable abritant une épicerie et un restaurant. Le concept : trois tarifs en fonction des budgets des clients. Ce dispositif pose la question du financement de la différence entre le prix coûtant et le prix solidaire. La métropole réfléchit ainsi à une politique publique visant à financer cet écart, en devenant tiers-payeur. Mais pour Jérémy Camus, le véritable enjeu est que les habitants s’emparent de ces mécanismes pour que ces dispositifs de solidarité soient pérennes, sans dépendre du soutien financier – limité – de la métropole. 

La métropole, un rôle d’expérimentation sur le territoire

Le Grand Lyon n’est pas la seule à expérimenter des politiques publiques de justice alimentaire. Récemment, la métropole de Montpellier a soutenu une expérimentation, portée par un collectif d’associations engagées pour l’alimentation durable, de « caisse alimentaire commune ». 

On se connaît bien avec les collectivités qui se penchent sur ce sujet. L’idée est qu’on profite de nos différents territoires pour tester différentes applications. C’est une belle opportunité pour tester à l’échelle locale et être en capacité, dans quelques années, de présenter des dispositifs qui fonctionnent et les généraliser à l’échelle nationale.

 

Lisa Domergue 

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