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Par Carenews INFO - Publié le 16 novembre 2023 - 12:21 - Mise à jour le 16 novembre 2023 - 17:22 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Cop 28 : boycott ou pas boycott ?

Des entrepreneurs ont choisi de boycotter la Cop 28, un outil qu’ils jugent inadapté à la réponse aux enjeux climatiques. Il faut être présent pour lutter contre les lobbies et représenter les communautés vulnérables, répondent les ONG.

La Cop 28 se déroule à Dubaï, aux Émirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre. Crédits : iStock.
La Cop 28 se déroule à Dubaï, aux Émirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre. Crédits : iStock.

 

Faut-il boycotter la Cop 28 ? C’est en tout cas ce que proposent plus de 200 acteurs, en majorité des entreprises, derrière Nicolas Pereira, le président du World Impact Summit (WIS), un sommet dédié aux solutions entrepreneuriales pour la transition écologique. Le 30 septembre, 180 de ces acteurs ont signé une tribune publiée dans Le Monde, expliquant pourquoi ils boycottaient les négociations climatiques internationales. 

D’un autre côté, un collectif de dirigeants et porte-parole d’ONG ont publié une autre tribune expliquant pourquoi ils y participent, soulignant l’importance d’être présents du 30 novembre au 12 décembre, à Dubaï. 

 

« Opération de greenwashing » 

Des entreprises engagées françaises, en majorité, ont co-signé la tribune initiée par Nicolas Pereira. Quelques élus, comme le député européen Pierre Larrouturou ou Yann Wehrling, le vice-président de la région Île-de-France chargé du climat, ont rejoint le mouvement. Plusieurs raisons ont motivé les signataires. 

[La Cop 28] est une opération de greenwashing XXL.

Nicolas Pereira, président du World Impact Summit

 

Dubaï, la ville qui accueille la conférence, « est la ville de la démesure absolue », regrette Nicolas Pereira, « c’est tout l’inverse de ce qu’il faut porter comme message, la question de la symbolique est importante ». De plus, « sur le fond, les dés sont jetés et même pipés », déplore-t-il, dénonçant une « opération de greenwashing XXL ». C’est Sultan Al-Jaber, dirigeant de la Abu Dhabi National Oil Company, la compagnie nationale pétrolière d’Abu Dhabi, qui préside la Cop. Cela fait dire à Nicolas Pereira que « l’absurde va jusqu’à confier l’organisation de la Cop au lobby pétrolier, en espérant que ce même lobby, qui défend ses intérêts bec et ongles, va décider de lui-même de réduire sa consommation d’énergies fossiles ». 

 

Les ONG restent mobilisées 

« Notre présence est nécessaire pour obtenir de grandes victoires et limiter l’influence des entreprises des énergies fossiles », affirme au contraire Guillaume Compain, chargé de plaidoyer pour Oxfam France et signataire de la tribune des ONG. Il fera partie de la délégation d’Oxfam à la Cop. Les ONG veulent « porter la voix des communautés vulnérables qui sont peu représentées aux Cop », ajoute-t-il. 

« Ce n’est pas parce que nous condamnons le choix de nommer un pétrolier à la présidence que nous désertons l'espace de négociations qu’est la Cop », annonce l’association Les amis de la Terre dans un communiqué publié en mars. « Lors de cette Cop 28 à Dubaï, ne laissons pas l’industrie fossile définir notre avenir et n'abandonnons pas les pays du Sud qui subissent de plein fouet les conséquences des dérèglements climatiques », appelle l’association.

De même, Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au Réseau action climat, rappelle que 600 lobbyistes privés seront présents à la Cop, dont 200 seront membres des délégations de certains pays « et pourront donc assister à toutes les négociations et y intervenir ». « Les ONG se doivent d'être présentes à la Cop pour contrer le narratif de ces lobbyistes », estime-t-elle. Manon Guyonnet, vice-présidente du Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire (Reses), va dans le même sens : « Les lobbyistes ne se posent pas les questions que nous nous posons sur la Cop : devons-nous la boycotter ? Devons-nous prendre l’avion pour y aller ? Par conséquent, nous avons choisi d’y être pour qu’on n’entende pas que leurs voix lors de la Cop ».

Notre présence est nécessaire pour obtenir de grandes victoires et limiter l’influence des entreprises des énergies fossiles

Guillaume Compain, chargé de plaidoyer pour Oxfam France

 

Nicolas Pereira estime que les acteurs qui peuvent se rendre dans les zones de négociation ont raison d’être présent à la Cop. « Je ne remets pas en question l’utilité d’un événement diplomatique qui réunit l’ensemble des États du monde pour discuter des questions climatiques », précise-t-il. 

 

Un événement inadapté ? 

Pour autant, le président du WIS pense que le fonctionnement des COP est « inadapté ». « Depuis l’Accord de Paris de 2015, chaque Cop a été une déception supplémentaire. Leur fonctionnement est archaïque », fustige-t-il, appelant à une Cop alternative où des coalitions d’États volontaristes se réuniraient autour de politiques publiques spécifiques. « La Cop de Dubaï est la dernière qui aura un peu de crédibilité », prédit-il. 

« Boycott, c’est un mot fort », ajoute Éric Duverger, président de la Convention des entreprises pour le climat (CEC) et co-signataire de la tribune. « Ce n’est pas “je n’y vais pas, je n’ai pas le temps”. Je pense qu’il est contre-productif de se lancer dans cette Cop, cela crée une illusion de trajectoire alors que le mécanisme de gouvernance n’est pas à la hauteur des enjeux », déclare-t-il. 

 

Il est contre-productif de se lancer dans cette Cop.

Éric Duverger, président de la Convention des entreprises pour le climat. 

 

Oxfam croit-elle encore en l’intérêt de la Cop ? « Nous n’aurions pas signé cette tribune si nous n’y croyions plus », répond Guillaume Compain, même si « nous comprenons les personnes qui sont dubitatives ». 

 

Célia Szymczak 

 

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