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Par Carenews INFO - Publié le 4 juin 2024 - 12:48 - Mise à jour le 13 juin 2024 - 17:54 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Élections européennes : pourquoi sont-elles cruciales en matière de transformation écologique ?

Les élections européennes se déroulent entre le 6 et le 9 juin. L'Union européenne pourra-t-elle continuer sa politique ambitieuse en matière d'environnement durant la prochaine mandature ?

En France, les élections européennes auront lieu le 9 juin. Crédit : Pkheawtasang, iStock.
En France, les élections européennes auront lieu le 9 juin. Crédit : Pkheawtasang, iStock.

 

Les résultats des élections européennes, qui seront connus le soir du 9 juin, permettront d’imaginer la trajectoire en matière d'écologie que pourrait prendre le vieux continent durant les cinq années à venir. Le prochain mandat sera-t-il l'occasion d'amplifier la politique environnementale initiée par le Green Deal ou de revenir sur les mesures écologiques ciblées par bon nombre de partis durant ces élections ?

Il faut dire que dans ce domaine, l’échelon européen est clé : « En France, 80 % des législations environnementales proviennent du droit européen. C’est globalement le même pourcentage dans les autres pays européens », explique Caroline François-Marsal, responsable Europe au Réseau action climat. « Il est en effet plus efficace de traiter le climat au niveau européen qu’à l’échelle nationale car une législation européenne permet d'embarquer l’ensemble des États membres et donc un marché de plus de 400 millions de consommateurs », continue-t-elle. 


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Pour Neil Makaroff, directeur du think tank européen Strategic Perspectives, l’échelon européen permet d'être plus ambitieux qu'une politique nationale l’aurait été : « une mesure comme celle actant la fin de vente des véhicules à essence à l’échelle européenne n’aurait pas pu être prise par un seul pays, car les États voisins auraient continué de vendre ces voitures et cela aurait entrainé une concurrence déloyale ». 

 

Le Green Deal, la feuille de route climatique de l’Union européenne 

La mandature qui vient de s’écouler a représenté un coup d’accélérateur en matière de climat, poussé par la percée des partis écologistes aux élections. Présenté en 2019, le Pacte Vert, ou Green deal, est une feuille de route climatique pour l’Union européenne considérée comme la plus ambitieuse au monde. Elle regroupe un ensemble de textes législatifs en matière de transition écologique dont l’ambition est de rendre l’Union européenne neutre en carbone en 2050. Même si certains textes ont été affaiblies par l’intervention des États membres, l'adoption de ce package environnemental est unanimement saluée par les associations environnementales.  

« Le programme de l’extrême-droite pour ces élections européennes est l’abolition totale du Green Deal. »

Caroline François-Marsal.

Le Green deal comporte notamment un texte instaurant des objectifs de restauration de la nature ou un autre intitulé « De la ferme à la table » qui vise à verdir la politique agricole commune. La Corporate Sustainability Reporting directive (CSRD) en fait également partie : elle harmonise le reporting extra-financier et le rend obligatoire pour 50 000 entreprises européennes. 

En 2024, l’état du débat politique a considérablement évolué : « le programme de l’extrême-droite pour ces élections européennes est l’abolition totale du Green Deal », explique Caroline François-Marsal. Instrumentalisée par certains partis, l’écologie est régulièrement conspuée car elle serait, selon eux, responsable d’une inflation réglementaire néfaste pour les citoyens européens. Cette tendance a atteint son paroxysme avec la crise agricole du début d’année. Certains partis conservateurs européens, comme Les Républicains en France, ont apporté de l’eau au moulin. 

 

Un détricotage des législations adoptées ? 

Même s’il ne s’agit que d’intentions de votes, les sondages concernant les élections européennes se déroulant entre le 6 et le 9 juin dans les 27 pays membres dessinent un parlement plus tourné vers sa droite. L’extrême droite, ayant le vent en poupe dans un certain nombre d’États, pourrait progresser en nombre de sièges et potentiellement devenir la deuxième ou troisième force politique de l’hémicycle.  

En étant puissante au Parlement européen, l’extrême droite pourrait pousser son agenda politique : « Si elle est la troisième force politique au parlement et demande noir sur blanc de revenir sur certains textes, cela pourrait influencer la future commission à intégrer ces mesures dans sa politique », juge Caroline François-Marsal. 

 

Vers un « pacte vert industriel » ? 

« Dans chacune des législations, il y a des clauses de revoyure. Concernant le Green Deal, elles sont pour beaucoup situées en 2025 et 2026 », précise Neil Makaroff. « Selon l’équilibre au Parlement et au Conseil européens, certaines mesures pourraient être détricotées, comme la fin de la vente de véhicules thermiques ou les objectifs en matière de rénovation énergétique des bâtiments », continue-t-il. 

« Plutôt que d’abandonner le Pacte vert, il faut le doter d’une jambe industrielle. »

Neil Makaroff

Il considère à l’inverse qu’il faudrait aller plus loin en matière d’écologie. Il a publié un texte sur le site de la Fondation Jean Jaurès appelant à bâtir un pacte industriel vert : « Plutôt que d’abandonner le Pacte vert, il faut le doter d’une jambe industrielle. Il faut créer des chaînes de valeur pour l’industrie verte en Europe car sinon, nous allons rater cette nouvelle ère des énergies vertes », juge-t-il. Il s’agit, outre d’un impératif écologique, d’un enjeu économique alors que la Chine est déjà bien avancée en la matière et que les États-Unis progressent avec l’Inflation Reduction Act (IRA) qui permet le financement massif des technologies vertes. Il est essentiel, selon lui, de réfléchir à des véhicules d’investissement majeurs en la matière. 

 

Des propositions en matière d’écologie saluées 

Le Réseau action climat a publié une analyse des différents programmes des huit principales listes françaises en matière de climat. Il montre que Les Écologistes, La France Insoumise et PS-Place Publique sont les plus ambitieux en la matière. Ils proposent tous les trois un tournant important vers les énergies renouvelables avec des objectifs affichés et un investissement massif pour permettre la transition écologique. Rien n’est sûr concernant la place qu’occuperont ces partis et leurs alliés au sein du Parlement renouvelé. 

En revanche, de la gauche jusqu’aux Républicains, certains points font plutôt l’objet d’un consensus, selon Caroline François-Marsal : la nécessité du développement du ferroviaire, de la régulation du libre-échange ou encore de prendre en compte l’enjeu de l’adaptation au changement climatique. Des sujets au centre du mandat qui s’étalera jusqu’en 2029 ? 

 

Théo Nepipvoda

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