ESS : un nouveau collectif veut porter la voix des entrepreneurs sociaux

Un nouvel élan est-il en train de naître dans la grande famille de l’ESS ? Dans une tribune publiée ce dimanche 7 mai, dans le JDD, 26 entrepreneurs sociaux ont manifesté leur volonté de se désolidariser de la liste présentée par Pascal Demurger et Julia Faure pour le renouvellement de la présidence du Mouvement Impact France (MIF). Ils annoncent la création du Collectif des Entrepreneurs Sociaux et entament ainsi un nouveau chapitre. 

Nous lançons cette initiative autour d’un projet qui vise à redonner ses lettres de noblesse à l'entrepreneuriat social, pour qu'il soit solide et cohérent autours des valeurs de l’ESS », nous précise Jonathan Jérémiasz, porte-parole du Collectif des Entrepreneurs Sociaux. 

La grande majorité des acteurs et actrices à l’initiative de ce collectif ont cofondé, présidé et/ou administré le Mouves, Mouvement des Entrepreneurs Sociaux,  il y a 13 ans, avant qu’il devienne le MIF en 2020. Époque où s’est d’ailleurs opéré un premier changement de stratégie, assumé par sa direction, en faisant adhérer des entreprises dites « en transition » aux côtés des entrepreneurs d'entreprises sociales, ESUS, Scop, associations, etc.  

« Nous considérons que les orientations proposées par les candidats à la présidence d’Impact France – si elles devaient être entérinées lors de l’AG du 24 mai 2023 – ne permettront plus de porter la vision exigeante de l’entrepreneuriat social, ni son plaidoyer, pas plus que de le représenter au sein de l’ESS », peut-on lire dans le communiqué. 

Jonathan Jérémiasz, entrepreneur social à la tête de plusieurs entreprises ESUS et porte-parole du collectif, a réaffirmé son intention de rassembler les entrepreneurs sociaux autour d'une idée d'ouverture tout en rappelant la nécessité de clarté qu'impose le modèle d'entreprendre dans l'ESS :  

« Nous voulons rester ouvert mais exigeant, que chacun des modèles des entreprises engagées puisse garder son plaidoyer, sans se diluer, c’est important pour l’ensemble de l'économie qui souhaite progresser, que la voix des entreprises sociales reste forte, inspirante et exemplaire pour relever les défis de la transition sociale et environnementale », indique le porte-parole du collectif.

Une réaffirmation de l’entreprise sociale

Refusant ce « grand flou », ce collectif revendique une position exigeante et une définition claire de l'entrepreneuriat social, notamment des principes prévus par l’agrément ESUS en termes de partage de la valeur, de gouvernance et de rémunération. 

Dans leur appel à se rassembler, les signataires rappellent leurs engagements pour une société plus juste socialement qui doit « Trouver des solutions concrètes aux défis sociaux, sanitaires, éducatifs, environnementaux de ce siècle, (...), accompagner les plus précaires, protéger les plus fragiles, promouvoir l’émancipation et l’autonomie de chacun à tout âge de la vie, repenser nos modèles de consommation et de production, nos mobilités, notre agriculture… Telles sont les raisons d’agir des entrepreneurs sociaux avec l’objectif constant de maximiser leur impact social et environnemental. »

Et de préciser leurs ambitions politiques : 

Notre souhait est de peser dans les dernières semaines qui précèdent les élections d'Impact France et ensuite être prêts à une alternative si jamais le MIF ne se remettait pas sur les rails de son histoire, pour porter la voix des entrepreneurs sociaux » souligne Jonathan Jérémiasz. 

D’anciens membres du Mouves comme premiers signataires

Parmi les 57 premiers signataires figurent d’anciens présidents, cofondateurs ou administrateurs du Mouves :  Christophe Chevalier Groupe Archer cofondateur, Jean-Guy Henckel cofondateur, Michel Dupoirieux cofondateur, Thierry Sibieude ESSEC cofondateur, Remi Roux cofondateur, Matthieu Grosset cofondateur, Eric Pliez cofondateur, Emmanuel Soulias ancien administrateur, Cécile Galoselva ancienne administratrice, François Dechy ancien ambassadeur, etc. 

Christophe Itier ancien président, Jonathan Jérémiasz ancien président, Chantal Mainguené Môm’Artre, ancienne vice-présidente, Estelle Barthélémy OYA Agency, ancienne vice-présidente Mouves, etc. 

Et des entrepreneurs sociaux :

Maxime Baduel de Solidarités nouvelles pour le logement, Estelle Bottereau de la Compagnie Générale des Autres, Julie Schwarz d'Econovia, Thomas Bouquet du Comité Coordination Action Handicap, Mathieu Castaings de Finacoop, Antoine Colonna d'Istria cofondateur Pro Bono Lab, Alexandra Debaisieux de RailCoop, Michaël Jérémiasz de Comme les autres, Frédéric Descamps AFAPEI du Calaisis, Timothée Donier de l’Agence solidaire, Romain Slitine enseignant et chercheur Sciences Po etc. 

Christina Diego