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Par Carenews PRO - Publié le 4 avril 2023 - 14:00 - Mise à jour le 12 avril 2023 - 09:58 - Ecrit par : Christina Diego
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Pascal Demurger et Julia Faure sont en lice pour la présidence du Mouvement Impact France

Dans quelques mois auront lieu les élections pour renouveler la présidence du Mouvement Impact France. Jeudi dernier, La Lettre A dévoilait que Julia Faure et Pascal Demurger allaient proposer une nouvelle liste comprenant des acteurs historiques du secteur de l'ESS et des entreprises de plus grande envergure comme KPMG, Doctolib, L'Occitane, etc. Un nouveau cap est-il amorcé pour Impact France ? Le conseil d'administration se tient ce mardi 4 avril. Il s'annonce tout aussi passionnant que sensible.

Julia Faure et Pascal Demurger, seuls candidat.e.s pour la présidence de Impact France. Crédit : comptes Twitter
Julia Faure et Pascal Demurger, seuls candidat.e.s pour la présidence de Impact France. Crédit : comptes Twitter

 

Qui pour remplacer Eva Sadoun et Jean Moreau ? 

 

Eva Sadoun, CEO de Lita.co et Jean Moreau, CEO de Phenix sont les coprésident.e.s du Mouvement Impact France depuis 2020. Leur mandat de trois ans arrive donc à son terme et leur succession semble déjà bien avancée. Un conseil d'administration a lieu mardi 4 avril qui devrait se prononcer sur une nouvelle liste d'administrateurs et les élections suivront le 23 mai. 

« Nous sommes ravis que Julia Faure (CEO de Loom) et Pascal Demurger (DG de Maif) se présentent en binôme à l’élection de la présidence du Mouvement Impact France. Ils forment un duo parfaitement complémentaire et vraiment représentatif de ce qu’est le Mouvement Impact France », nous précise d’emblée Jean Moreau.

De son côté, le patron de la Maif n'a pas caché ses ambitions. « Je souhaite marquer une forme de changement en faisant rentrer des entreprises assez représentatives de ce qu'on veut faire du mouvement. Ce sont des entreprises qui n'étaient pas présentes encore, de plus grande taille et en même temps irréprochables sur le niveau et la réalité de leur engagement », a précisé Pascal Demurger au Figaro.

 

Nouvelle présidence et nouveau cap ?

 

Le programme et la nouvelle liste qui seront présentés au conseil d'administration marqueraient donc un nouveau cap pour Impact France. Il y avait déjà eu un changement important avec l'arrivée de Tech For Good France, et des startups à impact, en 2020 et sa fusion avec le Mouves avait fait naître le Mouvement Impact France (MIF) actuel. 

La volonté affichée aujourd'hui est claire : « continuer à faire bouger les lignes efficacement en faveur de la transition écologique et de la justice sociale », indique Jean Moreau. 

 

Une volonté d'ouverture

Dans la liste proposée par Julia Faure et Pascal Demurger apparaissent d’anciens acteurs pionniers et fondateurs du Mouvement comme Le Groupe SOS ou Vitamine T, Label Emmaüs, Biocoop, Logivitae, Banlieues Santé, Phenix, Lita.co, Konexio, La Croix Rouge, Alenvi etc.

Dans les faits, « aucune autre liste n’a été composée et déposée face à eux », nous explique Jean Moreau. 

« Dans la continuité de la stratégie d’Impact France de sortir du corporatisme, et d’unir largement toutes les entreprises engagées pour obtenir de réelles avancées écologiques et sociales du monde économique, cette liste intègre aussi de nouvelles entreprises engagées comme l’Occitane, SNCF, Doctolib, ou KPMG », précise-t-il. 

 

Une liste qui interroge 

Mais l'arrivée de ces entreprises engagées interroge, alors que le mouvement a toujours été composé d'entrepreneurs sociaux à la tête d'entreprises sociales de plus petites tailles, ESUS, entreprises d'insertion, Scop, etc. aux modèles économiques axés sur la recherche d'utilité sociale au service de l'intérêt général, comme le prévoient les articles 1 et 2 de la loi de l'ESS de 2014.

Les entreprises annoncées sont de plus grande envergure et issues de l'économie plus classique, engagées par leur politique RSE, ayant pour certaines adoptées la qualité à mission et une raison d'être. Se pose une première question de leur compatibilité avec le secteur de l'ESS et ses pratiques statutaires de gouvernance, de partage de la valeur, d'utilité sociale, d'écart de rémunérations, etc.  Mais d'autres réactions ont émergé depuis la sortie de l'information dans La Lettre A. 

 

Des acteurs de l'ESS réagissent

Des figures de la grande famille de l'ESS n'ont pas manqué de réagir au lendemain de l'annonce dans la presse. Emmanuel De Lutzel, vice-président de Habitat et Humanisme Morbihan, s'étonne de l'arrivée de la SNCF ou de KPMG dans un post Linkedin.  « Le fait qu'une entreprise soit sérieuse dans sa stratégie de responsabilité sociétale en fait-il une entreprise à impact ? » Il avance que certaines entreprises précitées sur la liste ne sont pas adhérentes à lmpact France, « ce qui pose la question de l'intégration de leurs dirigeants dans les instances du Mouvement », indique-t-il. 

APF France Handicap est présent au conseil d'administration d'Impact France. Serge Widawski, son directeur général, nous explique avoir découvert dans la presse « le détail de la liste et le fait que nous n’y sommes pas. Nous déplorons de ne pas avoir été consultés, car nous considérons que nous sommes un acteur majeur de l'inclusion dans le secteur de l’ESS ».

D'autres acteurs historiques de l’ESS ne sont pas présents. « Le choix se porte sur des entreprises qui aujourd'hui ne sont ni au conseil d’administration ni membres de l’ESS. » Il considère que des questions de légitimité se posent. « Pourra-t-on rester au Mouvement Impact France si nous ne nous reconnaissons pas dans cette nouvelle liste ? Cela pose une vraie question sur l’alternative au modèle classique de l’économie, car l’entrepreneuriat social ce ne sont pas des entreprises engagées comme Doctolib ou L’Occitane. » 

Serge Widawski revient sur le fait qu'il y a toujours eu des débats au sein d'Impact France, pour ouvrir le mouvement à des entreprises pleines de volonté. Voir arriver d’autres entreprises rejoindre le Mouvement Impact France, « a toujours été perçu comme très positif, plus le mouvement allait prendre de l’ampleur, plus l’ESS allait se développer et ne plus rester un épiphénomène de l’économie, mais à condition d'éviter de cautionner le social washing ».   

Quelles évolutions pour quelle identité ?   

L'annonce de cette nouvelle liste pour le renouvellement de la présidence du Mouvement Impact France soulève donc de nombreuses interrogations, tant sur son identité que ses évolutions. Quel signal ce nouveau cap enverrait-il au secteur ? Comment se passera le vote ce mardi 4 avril ? Aura-t-il lieu ? Y aura-t-il une autre liste d'ici les élections du 23 mai ? Impossible de le savoir à ce stade. 

Rappelons que le Mouvement Impact France est adhérent à l'instance nationale ESS France, c'est d'ailleurs ce qui le rattache au secteur et fait autant réagir. 

Jérôme Saddier, président d'ESS France indique d'ailleurs être « surpris de la façon dont cela se passe et le choix des entreprises qui arriveraient au conseil d’administration est également surprenant, car rappelons qu’au départ, il s’agissait d’un mouvement d'entrepreneurs sociaux et non pas d’entreprises. » Il se demande également si tous les candidats sur la liste présentée resteront ? « Beaucoup d’entre eux n’avaient pas l’air très au courant des entreprises proposées sur la nouvelle liste ». Jerôme Saddier explique qu'en tant que président et garant d'ESS France, si l'élection devait confirmer la liste actuelle, « il y aura a minima une discussion voire un débat au sein d’ESS France pour savoir si le MIF peut rester au sein de notre organisation au regard des statuts qui sont les nôtres, ceux de l’ESS et non pas de l'économie à impact. »

 

 

Christina Dieg

 

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