Face aux crises, le nombre d'épiceries solidaires se développe
Le réseau Andès compte désormais 619 épiceries solidaires, contre 380 en 2019, selon son Observatoire des épiceries solidaires 2025. Une forte hausse liée à la croissance de la précarité alimentaire en France. Les bénéficiaires sont des allocataires du RSA ou des demandeurs d'emploi, mais aussi des personnes en emploi, des étudiants ou des retraités.

Le réseau Andès, l'un des principaux réseaux d'épiceries solidaires en France, comptait 619 structures adhérentes en 2024, contre 380 en 2019, selon son Observatoire des épiceries solidaires 2025. Cette explosion du nombre de ces structures s'explique selon Andès par une forte hausse de la précarité alimentaire, liée aux crises sanitaire, climatique et économique, ces dernières années.
Une épicerie solidaire est un commerce de proximité, porté par une association ou un centre communal ou intercommunal d'action sociale (CCAS ou CIAS), dans lequel les personnes en situation de précarité peuvent faire leurs courses, en y achetant des produits à des prix situés entre 10 % et 30 % de leur valeur marchande. Les clients bénéficiaires sont orientés vers l'épicerie solidaire par des travailleurs sociaux et bénéficient d'un accompagnement, par exemple pour les aider à mieux maîtriser leur budget. La durée d'accès est limitée dans le temps, afin de favoriser le retour à l'autonomie des personnes, et se situe généralement entre 3 et 9 mois.
Les épiceries solidaires sont aussi des lieux d'écoute et d'accueil, dans lesquels sont organisées des activités visant à créer du lien social et à renforcer l'estime de soi des bénéficiaires.

24 % d'allocataires du RSA parmi les bénéficiaires
Les 619 épiceries solidaires du réseau Andès accompagnent ainsi chaque année près de 250 000 personnes et distribuent l'équivalent de 40 millions de repas.
Les profils des clients bénéficiaires sont variés mais plusieurs faits sont marquants. Ainsi, près de 50 % des bénéficiaires ont moins de 25 ans, et 11 % ont plus de 60 ans. Si l'on s'intéresse à leur profil socio-professionnel, 24 % des bénéficiaires sont allocataires du revenu de solidarité active (RSA), 17 % sont en recherche d'emploi et 15 % sont retraités, mais 17 % sont en emploi (à 77 % en CDD, intérim ou contrat aidé) et 10 % sont étudiants. Il existe d'ailleurs de plus en plus d'épiceries solidaires réservées aux étudiants : elles étaient 54 dans le réseau Andès en 2024, contre 22 en 2019.
Les familles monoparentales sont également très présentes parmi les bénéficiaires : ainsi 34,2 % des bénéficiaires sont des célibataires avec un ou des enfants à charge.
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Un effondrement des dons de la part des grandes surfaces
Au cours des dernières années, les épiceries solidaires ont dû faire face à un effondrement des dons en denrées alimentaires, principalement pour deux raisons : l’adoption de plusieurs lois anti-gaspillage applicables aux grandes surfaces alimentaires, qui ont progressivement réduit leurs quantités d'invendus, mais aussi la concurrence nouvelle des dispositifs anti-gaspi (paniers anti-gaspi, prix cassés sur les produits proches de leur date de péremption, etc.). Si bien que les dons de denrées ne constituent désormais plus qu'un tiers des approvisionnements des épiceries solidaires, et les achats les deux-tiers restants.
Le budget des structures dépend en grande partie des subventions (à 69 %), tandis que les ventes ne représentent que 23 % de leurs ressources, ce qui est cohérent avec les prix réduits auxquels elles vendent leurs produits.
6 % des épiceries adhérentes au réseau Andès sont des épiceries mixtes, c'est-à-dire qu'elles ont pour clients à la fois des personnes en précarité, bénéficiant de prix réduits sur les produits, et des personnes sans difficulté particulière mais solidaires de la démarche, qui y font leurs courses à prix ordinaire. Ce qui a l'avantage de favoriser le brassage entre les différentes catégories sociales et de moins stigmatiser les plus précaires.
Camille Dorival