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Par Carenews INFO - Publié le 31 mars 2025 - 18:08 - Mise à jour le 1 avril 2025 - 11:07 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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Face aux pressions du gouvernement américain, Impact France appelle à soutenir les politiques de diversité et d’inclusion

La semaine dernière, un courrier de l’ambassade américaine en France a interrogé plusieurs entreprises françaises sur leurs politiques de diversité, d’équité et d’inclusion, menaçant de couper l’accès aux appels d’offres de l’État fédéral en cas de maintien de leurs politiques de lutte contre les discriminations. « Une tentative d’ingérence » dénoncée par le Mouvement Impact France, comme par le Medef et le gouvernement.

Plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier en provenance de l’ambassade des États-Unis, les interrogeant sur l’existence de programmes internes de lutte contre les discriminations. Crédit : iStock
Plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier en provenance de l’ambassade des États-Unis, les interrogeant sur l’existence de programmes internes de lutte contre les discriminations. Crédit : iStock

 

C’est un coup de pression qui ne passe pas. Après la publication d’un décret en janvier, demandant aux agences fédérales américaines de fermer leurs bureaux chargés de promouvoir la diversité et la justice environnementale, le gouvernement Trump étend désormais sa politique outre-Atlantique. 

La semaine dernière, plusieurs entreprises françaises ont ainsi reçu un courrier en provenance de l’ambassade des États-Unis, les interrogeant sur l’existence de programmes internes de lutte contre les discriminations, selon des informations rapportées par Les Echos et Le Figaro. Dans ces documents, consultés par les journaux, les services américains imposent aux entreprises françaises de s’engager par contrat à cesser leurs politiques de lutte contre les discriminations si elles souhaitent conserver l’accès aux appels d’offres de l’État fédéral. Un questionnaire, dans lequel les destinataires sont invités à certifier qu’ils n’opèrent pas de programme anti-discrimination, a également été envoyé par l’administration américaine aux sociétés françaises.  

  

« Une vision du monde incompatible avec les principes des régimes démocratiques », selon le Mouvement Impact France 

  

Cette lettre n’a pas manqué de susciter des réactions. « Face à une tentative d'ingérence inacceptable de l'administration américaine, qui cherche à contraindre des entreprises françaises à renoncer à leurs politiques de diversité et d'inclusion, Impact France appelle à soutenir activement nos entreprises dans le maintien et le renforcement de leurs engagements en matière de DEI (ndlr : pour diversité, équité et inclusion) », a réagi lundi 31 mars le Mouvement Impact France. 

L’organisation patronale, qui fédère et représente les entrepreneurs et dirigeants d’entreprises à impact social et environnemental, condamne sur le fond « une tentative d’imposer une vision du monde incompatible avec les principes des régimes démocratiques » et sur la forme « une ingérence intolérable dans les affaires des entreprises françaises ». 

L’organisation, qui considère que « les politiques de DEI constituent des leviers stratégiques de performance essentiels pour les entreprises » ainsi qu’« un avantage compétitif décisif dont les entreprises européennes ne peuvent se priver », salue dans un communiqué « la position du gouvernement et appelle à une action concertée et coordonnée avec nos partenaires européens pour défendre notre souveraineté économique et nos valeurs, et garantir un soutien actif à nos entreprises dans le maintien et le renforcement de leurs engagements en matière de DEI ».  

« La guerre des valeurs est clairement déclarée. Nous ne pouvons pas capituler et nous soumettre », appuie également sur son compte LinkedIn Pascal Demurger, directeur général du groupe Maif et co-président du Mouvement Impact France.  

  

Une opposition partagée par le gouvernement et le Medef 

  

Samedi 29 mars, le ministère français du commerce extérieur a  publié un communiqué dans lequel il estime que « les ingérences américaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises, comme les menaces des droits de douane injustifiés, sont inacceptables », avant d’ajouter que « la France et l’Europe défendront leurs entreprises, leurs consommateurs, mais aussi leurs valeurs ».  

La veille, le cabinet du ministre de l’Économie Éric Lombard avait également considéré que « cette pratique reflète les valeurs du nouveau gouvernement américain », ajoutant que « ce ne sont pas le nôtres », et que « le ministre le rappellera à ses homologues au sein du gouvernement américain ». 

De son côté, le mouvement des entreprises de France (Medef), a considéré dimanche 30 mars, via son président Patrick Martin, qu’il était « hors de question » de « renoncer » aux politiques de diversité et d’inclusion. « C’est inadmissible parce que cela traduit une dérive du gouvernement américain, du président lui-même, qui veut signifier une emprise sur l’économie mondiale et les valeurs européennes. On ne peut pas s’incliner, nous avons des valeurs, des règles, nous nous devons de les respecter », a affirmé Patrick Martin sur LCI.  

  

Des politiques pas totalement abouties en France 

  

Si ces réactions montrent de première abord un consensus du côté français sur les politiques de diversité et d’inclusion, ces dernières sont également affectées en France, pointe la journaliste Isabelle Chaperon dans une chronique publiée dans Le Monde et revenant sur une conférence donnée récemment à Bercy sur le financement de la défense, devant, selon elle, une audience majoritairement masculine. 

« La tentation semble grande de profiter de l’"économie de guerre" pour jeter aux orties tout un corpus de règles patiemment élaborées autour du capitalisme responsable. La principale menace sur nos valeurs, ce n’est pas tant de nous soumettre aux Américains que de céder à la facilité », alerte Isabelle Chaperon, estimant que « l’inclusion des minorités relève tout autant d’un impératif éthique que d’efficacité économique, comme l’ont prouvé de nombreuses études ».   

S’agissant des inégalités femmes-hommes par exemple, en France, la loi dite Copé-Zimmermann, promulguée en 2011, impose au moins 40 % de femmes parmi les membres des conseils d’administration et de surveillance dans les sociétés cotées de plus de 250 salariés. La loi dite Rixain de 2021 étend quant à elle ses quotas aux postes de direction des entreprises d’au moins 1 000 salariés pour le troisième exercice consécutif.  Ces équipes devront être composées de 30 % de femmes à partir de 2027 puis de 40 % en 2030. Pourtant, selon un baromètre publié le 27 février 2025 par l’Apec, les inégalités persistent en matière de salaire et d’accès aux responsabilités entre les femmes et les hommes cadres.  

Les inégalités des chances, en fonction de l’origine sociale et géographique sont également une réalité encore présente en France, malgré une situation globalement meilleure qu’aux États-Unis, rapporte de son côté l’Insee

 

Élisabeth Crépin-Leblond

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