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Par Carenews INFO - Publié le 17 octobre 2022 - 10:00 - Mise à jour le 29 novembre 2022 - 15:50 - Ecrit par : Lisa Domergue
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Inflation, crise énergétique… vers une augmentation de la précarité ?

À l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, Carenews s’est entretenu avec plusieurs associations de lutte contre les précarités. Inflation, hausse du prix de l’énergie, volonté de supprimer des places d’hébergement d’urgence… les acteurs de terrain sont inquiets.

Crédit photo : iStock.
Crédit photo : iStock.

Journée mondiale du refus de la misère 

Chaque 17 octobre depuis 1987 a lieu la Journée mondiale du refus de la misère, organisée par ATD Quart Monde. Le collectif, rassemblant 37 organisations, souhaite ainsi interpeller et sensibiliser les citoyens et les responsables politiques sur la pauvreté, qui touche, selon l’Insee en 2019, plus de neuf millions de personnes en France. 

Cette édition a pour thème « La dignité en action : engageons-nous pour la justice, la paix et la planète ! ». L’objectif de cette journée est d’appeler chaque citoyen à « s’engager dans la lutte contre la grande pauvreté en France », explique Marie-Aleth Grard, présidente du mouvement.

Vanessa Benoît, directrice du Samusocial de Paris ajoute : « Il s’agit d’une journée extrêmement importante pour tout le secteur, et se rappeler tous ensemble qu’on refuse la misère et qu’il y a des choses à faire. On pourrait développer de véritables politiques publiques et des actions nous permettant de la laisser derrière nous. »

Les conséquences de l’inflation sur les ménages

Un message d’autant plus important qu’après deux ans de crise sanitaire, qui aurait fait basculer un million de personnes dans la pauvreté selon les associations caritatives, les ménages les plus fragiles sont désormais confrontés aux conséquences de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique, se traduisant par une hausse des prix. 

Face à cette inflation, les salaires ne sont toujours pas revalorisés. Quant aux prestations sociales et minima sociaux, revalorisés à hauteur de 4 % en juillet, « ils ne suivent pas complètement le niveau de l’inflation », alerte Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre. « Cela crée un contexte pas vraiment favorable, s’ajoutant à une toile de fond de crise du logement déjà très tendue. »

Une hausse de l’aide alimentaire

Les associations de terrain craignent ainsi une augmentation de la précarité chez les ménages les plus fragiles. Après un ralentissement de l’aide alimentaire à la sortie du Covid-19, mi-2021, le Secours populaire français observe une hausse du nombre de personnes accueillies dans ses permanences d’accueil depuis mi-mars, au lendemain du début de la guerre en Ukraine. Les bénéficiaires sollicitent l’aide alimentaire, mais surtout des aides financières pour payer les charges fixes telles que le loyer et les factures d’énergie. Houria Tareb, secrétaire nationale du Secours populaire français témoigne : 

Notre crainte est que ces familles cumulent leurs dettes et leurs factures. Nous avons peur que cette précarité augmente, touchant les personnes les plus en difficultés et les faisant basculer dans la précarité.

Vers une hausse de la précarité énergétique ?

Plus de 12 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique selon la Fondation Abbé Pierre qui craint que ce chiffre augmente. Le gouvernement tente de freiner les conséquences de la crise de l’énergie, pour le moment, avec un bouclier tarifaire sur le prix du gaz et de l’électricité à 4 %. Cependant, il sera augmenté à 15 % dès janvier, pesant très lourd sur les factures des ménages les plus modestes. Pour Manuel Domergue, ce dispositif est « anti-redistributif » : 

Il coûte extrêmement cher, 35 milliards d’euros en 2023 et il donne plus d’argent public aux ménages aisés qui sont ceux qui consomment le plus d'énergie. Il s’agit peut-être du mécanisme le plus simple pour plafonner le prix de l’énergie, mais en l’état, il est anti-redistributif. C’est pour cela qu’on plaide pour un chèque énergie qui soit triplé en 2023 pour aider les ménages modestes. 

Face à cette hausse du prix de l’énergie, la fondation craint une hausse des impayés, mais aussi des privations de chauffage pour ne pas subir cette hausse des prix. « Il est possible que cet hiver soit très douloureux, mais ce n’est pas que cet hiver, c’était aussi le cas cet été et l’hiver dernier. »

14 000 places d’hébergement d’urgence supprimées 

Autre inquiétude pour les associations : l’accueil d’urgence des personnes à la rue. Pendant la crise sanitaire, le gouvernement avait créé 40 000 places d’hébergement d’urgence, dans les hôtels notamment. Mais récemment, ce dernier a annoncé la suppression de 14 000 places, comme le détaille Vanessa Benoît, directrice du Samusocial de Paris : « Avec la reprise du tourisme, les chambres d’hôtels captées pendant le Covid-19 pour le public précaire ne sont plus disponibles. On savait que cela allait arriver et ce sont des moyens qui nous font défaut, car il n’y a pas eu de retour à la normale pour les publics eux-mêmes. »

Cette annonce a été justifiée par une politique du logement efficace. Un argument que ne partage pas le responsable des études de la Fondation Abbé Pierre : « Elle n’est pas du tout efficace, il a moins de logements sociaux produits chaque année par rapport au quinquennat précédent ». En effet, 2,3 millions de ménages sont en attente d’un logement social.

Une mesure qui inquiète la directrice du Samusocial : « L’hébergement d’urgence devrait être le filet de sécurité, le dernier recours et nous ne le serons pas, car nous ne sommes pas en capacité de l’être. »

 

Lisa Domergue 

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