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Par Carenews INFO - Publié le 29 août 2022 - 14:00 - Mise à jour le 20 septembre 2022 - 15:20 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Inflation : l’heure est-elle venue de se nourrir différemment ?

La hausse des prix pousse certains foyers, notamment les plus modestes, à réduire la qualité de leur alimentation. Pourtant, ce moment particulier pourrait agir comme un levier pour accélérer les solutions alternatives.

L'alimentation durable accessible à tous. Crédit : iStock.
L'alimentation durable accessible à tous. Crédit : iStock.

 

Moins de légumes et de produits laitiers. Plus de pâtes et de produits discount. L’inflation record de ces derniers mois a eu pour effet de dégrader la qualité de l’assiette des Français. D’ailleurs, selon l’ONG Destin Commun, plus d’un Français sur cinq a diminué la qualité des produits alimentaires pour faire face à la hausse des prix.

Est-ce irrémédiable ? Et si à l’inverse la hausse des prix généralisée constituait un déclic vers une alimentation durable ? Des méthodes alternatives, moins touchées par l’inflation, apparaissent comme des solutions notamment pour les foyers modestes.

 

VRAC, du bio et local pour les quartiers populaires

VRAC, Vers un Réseau d’Achat Commun, est une association lyonnaise qui favorise le développement de groupements d’achats dans les quartiers prioritaires de la ville. L’objectif est de donner accès à des produits bios, équitables et paysans à bas prix.

Concrètement, les 70 groupements d’achat fonctionnent par la commande puis la distribution de produits de qualité grâce à l’installation d’épiceries éphémères au sein des quartiers. L’achat de gros volumes et l’absence d’intermédiaires permettent d’afficher des prix très concurrentiels.

L’inflation de ces derniers mois a moins touché ces groupements d’achats. Une preuve de la solidité du modèle : « Nous ne profitons pas de l’inflation pour faire des marges supplémentaires comme le font certaines grandes surfaces », estime Boris Tavernier, fondateur et délégué général de VRAC. La hausse est également amoindrie par l’absence d’engrais nécessitant des énergies fossiles dans les productions paysannes.

Malgré tout, le prix de ces produits de qualité peut demeurer trop élevé pour certaines personnes en situation de grande précarité. L’association a donc créé des caisses de solidarité, financées par les collectivités, pour vendre des biens de consommation en dessous du prix coûtant. « À Bordeaux, on a créé une épicerie VRAC, mais qui demeurait plus chère que le Lidl du coin. Nous avons donc créé une caisse d’ajustement pour s’aligner sur les tarifs et ainsi attirer les habitants », raconte Boris Tavernier.

 

Des initiatives pour l'alimentation qui fleurissent sur le territoire

De nombreuses initiatives intégrant un volet solidaire existent sur le territoire. Le Réseau Cocagne propose des paniers bio à 30 % du prix classique pour des bénéficiaires, et cela sur une période d’engagement de trois à douze mois. Ce panier est également accessible à tout le monde au prix d’achat normal. 

Ce type d’initiative représente une alternative à l’aide alimentaire qui, pour certains observateurs, constitue une mauvaise solution. Un enjeu important puisque selon l’Insee, entre deux et quatre millions de personnes en seraient bénéficiaires en France.

Ces initiatives éparses ne se substituent cependant pas à une politique globale concernant l’alimentation. « Une association ne peut pas répondre seule à une telle problématique », affirme Boris Tavernier.  « Le monde associatif est inquiet avec des besoins qui explosent et des moyens qui restent limités ».

 

Le chèque alimentaire fléché proposé par l’Etat

Avec la Loi Pouvoir d’achat, l'État a d’ailleurs voulu s’attaquer à cette problématique. Il a proposé un chèque alimentaire fléché vers des produits bio et locaux dans le but de répondre à la hausse généralisée des prix. Il sera distribué le 15 septembre sous conditions de revenus. Une mesure qui représente un premier pas. 

La qualité de l’alimentation reste pour l’instant corrélée au budget du ménage. Pour Boris Tavernier, la première chose à faire est d’augmenter les minimas sociaux et les salaires. Il estime également intéressant de continuer des expérimentations de sécurité sociale de l'alimentation pour soutenir l'accès à une nourriture de qualité tout en favorisant l'agriculture durable.

L’absence d’offre de proximité représente un autre frein à l’alimentation durable. Certaines zones sont qualifiées de déserts alimentaires lorsque l’accès à certains produits y est impossible à prix raisonnable.

Le réseau des AMAP, Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, fait également le constat d'un manque d'accès aux alternatives pour ces classes populaires. . Evelyne Boulongne, administratrice du réseau des AMAP en Ile-de-France, estime que « toutes les catégories de personnes ne viennent pas dans les AMAP ». Elle constate que « ce sont plutôt des gens qui ont le temps de réfléchir à ces questions-là et qui viennent de milieux dans lesquels l’idée que le changement est possible est présente ».

 

Qu’est-ce qu’une AMAP ?

Une AMAP est une association par le biais de laquelle des consommateurs s’engagent auprès d’un paysan à acheter des paniers de consommation de manière régulière. Il s'agit de circuit-court. Ils s’engagent également à lui venir en aide en cas de problème. Avec ce système, des produits bio sont proposés aux prix de la grande distribution. Une compétitivité renforcée par l’inflation : l’absence d’intermédiaires permet une augmentation des prix relativement moins importante.

L’inflation pourrait faire affluer une nouvelle catégorie de population, touchée par la hausse des prix. Le phénomène s’était déjà produit pendant les confinements de 2020 et 2021: « On a eu des nouveaux consommateurs venant des quartiers nord-est de Paris (plus populaires), mais aussi à Lyon et Marseille ». D’ailleurs, le grand chantier actuel des AMAP est l’alimentation saine pour tous avec le lancement d’expérimentations sur le territoire.

 

Théo Nepipvoda

 

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