L’engagement écologique des jeunes peine à se traduire en action collective
Une étude menée par OpinionWay pour l’organisation makesense s’est penchée sur l’engagement écologique des jeunes âgés de 18 à 30 ans. Si une grande majorité (71 %) des interrogés se déclare engagée pour l’environnement, les jeunes privilégient en masse l’action individuelle à l’action collective. Infographie.
Comment les jeunesses de France s’engagent-t-elles pour l’environnement ? La question a fait l’objet d’une enquête d’opinion menée par OpinionWay pour makesense, entre le 26 juillet et le 3 août 2023, par le biais de questionnaires en ligne.
Les chiffres montrent un fort taux d'engagement. Sur les 1 140 jeunes interrogés, âgés de 18 à 30 ans et issus des différentes classes de la population française, 71 % déclarent être engagés dans la lutte pour l’environnement. 21 % déclarent être tout à fait engagés et 50 % être plutôt engagés.
Par comparaison, ils sont 57 % à se dire engagés dans la lutte pour réduire les inégalités sociales.
88 % des jeunes interrogés déclarent également être prêts à faire au moins une action dans les trois à cinq prochaines années en faveur de l’environnement, soit 81 % des hommes et 89 % des femmes. 73 % affirment se sentir légitimes pour agir.
Les jeunes des quartiers prioritaires de la ville se disent plus engagés
L’engagement varie en fonction de l’origine géographique et de la situation socioprofessionnelle.
Ainsi, 77 % des jeunes habitants des quartiers prioritaires de la ville (QPV) se disent engagés dans la lutte pour l’environnement, contre 69 % des jeunes qui n'habitent pas ces quartiers.
À l’inverse, le niveau d’engagement est moindre chez les jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (Neet). 65 % d’entre eux se disent engagés dans la lutte pour l’environnement contre 72 % des 18-30 ans en poste et 74 % des étudiants.
Si les habitants des quartiers prioritaires sont les plus nombreux à se dire engagés, les jeunes ont tendance à penser que l’origine sociale est un frein à l’engagement écologique. Ainsi, 56 % pensent qu’il est plus facile de s’engager quand on vient d’une famille avec de l’argent.
De l’autre côté, 47 % pensent que c’est plus difficile quand on habite dans les quartiers périphériques d’une grande ville et 46 % quand on habite des zones rurales. 30 % considèrent que l’engagement pour l’environnement est un problème de riches.
Les modes d’engagement privilégiés : les gestes du quotidien
L’engagement des jeunes en faveur de l’environnement est pourtant loin d’être synonyme de militantisme ou d’action collective. Au contraire, l’action individuelle l’emporte largement chez les 18-30 ans, montre l’étude.
58 % des interrogés déclarent être prêts à faire davantage d’efforts au quotidien dans les trois ou cinq prochaines années. 42 % déclarent également être prêts à sensibiliser leur entourage pour les inciter à agir.
Mais lorsqu’il s’agit de militer au sein d’un mouvement écologiste, ils ne sont plus que 10 %. 25 % sont prêts à faire du bénévolat dans une association. En tout, ils sont 40 % seulement à être prêts à s’engager par une action collective et 35 % dans le monde de l’entreprise.
Pourtant, 43 % des sondés affirment se reconnaître dans les mouvements militants existants et 83 % pensent qu’une action collective pour l’environnement aura plus d’impact qu’une action individuelle. Mais 80 % pensent également que les jeunes préfèrent s’engager et agir pour l’environnement de manière ponctuelle, sans trop de contraintes au quotidien.
En pratique, les jeunes ont du mal à concrétiser leur désir d’engagement. Ainsi, 68 % des sondés disent qu’ils aimeraient faire plus, mais ne savent pas comment.
Une volonté de coopération
En général, la lutte pour l’environnement correspond chez les jeunes à une volonté d’inclusion et de coopération. 88 % des interrogés pensent ainsi que la lutte pour l’environnement serait plus efficace si toutes les générations agissaient ensemble, et 87 % pensent que l’engagement environnemental ne passe pas forcément par un mouvement militant.
La grande majorité (86 %) pensent au contraire que la lutte pour l’environnement serait plus efficace si des jeunes de tous les milieux sociaux s'engageaient. Plus des trois-quarts (76 %) ont la conviction que le changement viendra des citoyens et non des politiques. 75 % pensent également que les actions locales sont aussi efficaces que les actions nationales et internationales dans la lutte pour l’environnement.
Elisabeth Crépin-Leblond