L’ANTISÈCHE - Au fait, c’est quoi la capture du carbone ?
La capture carbone ferait partie des solutions destinées à limiter le changement climatique. Pourtant, beaucoup d’incertitudes persistent autour de cette pratique critiquée par un certain nombre d’associations écologistes. Mais de quoi parle-t-on ?
Certains voient dans les procédés de captage du carbone en vue de le stocker des solutions face au réchauffement climatique. Ils sont d’ailleurs mentionnés dans l’accord final de la Cop 28 qui s’est déroulée à Dubaï. Ces technologies sont aussi nommées par les acronymes CCS ou CCU (carbon capture and storage ou carbon capture and utilisation). En France, on parle de CCUS (captage, stockage, utilisation du CO2).
Les technologies de captage carbone sont des dispositifs visant à éviter les émissions de gaz à effet de serre en les captant dès lors qu’ils sont produits, à la sortie des cheminées d’usines ou même en amont.
Ce CO2 capté est ensuite stocké dans des formations géologiques étanches ou bien utilisé à des fins industrielles, notamment pour fabriquer du carburant pour les transports maritimes ou l’aviation.
Limiter les émissions des industries
Ces technologies permettent aux sites industriels qui les installent à leurs abords d’émettre moins de gaz à effet de serre et à terme, potentiellement, d’être neutres en carbone. Un grand défi puisqu’aujourd’hui, l’industrie est le quatrième contributeur d’émissions de gaz à effet de serre en France avec 78 millions de tonnes émises.
À lire aussi : Neutralité carbone des entreprises : une réalité ou un leurre ?
Il existe aujourd’hui trois grands types de technologies. La première est celle de la post-combustion qui est la plus utilisée. Elle permet de capturer le CO2 dans les fumées de combustion. Une autre technologie, la pré-combustion, permet de retirer le CO2 notamment au pétrole ou au charbon avant la combustion grâce à l’utilisation d’un solvant. La troisième est l’oxycombustion. Il s’agit d’un procédé de combustion qui permet d’augmenter la quantité de carbone dans la fumée pour ensuite la capturer par condensation. Elle est aujourd’hui la plus complexe à utiliser.
Pour l’instant, 37 installations sont opérationnelles à l’échelle mondiale. Le nombre de projets d’installation est de 500 selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Technologie essentielle ?
Selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) publié en avril 2022, l’utilisation de telles technologies est « essentielle », même si elle ne remplace pas des stratégies de réduction. Pour le Haut conseil pour le climat, le potentiel de réduction de 15 à 20 millions de tonnes de C02 par an pour la France à horizon 2050 est envisageable.
Mais attention, il ne s’agit pas d’une solution miracle. Ces solutions restent aujourd’hui chères et sont très consommatrices en énergies. On estime que les usines souhaitant l’utiliser devraient augmenter leur consommation d’énergie de 20 à 30 %.
De plus, le captage de carbone existe depuis plusieurs décennies et peu de progrès ont été réalisés pour rendre la pratique plus efficace.
Enfin, le transport en vue du stockage dans des zones géologiques dédiées apparaît comme un frein puisqu’il est aujourd’hui compliqué. En outre, le nombre de sites de stockage géologique sûrs est limité.
Fausse solution pour certains
Pour les opposants, ces technologies détourneraient les industriels des vrais objectifs : la réduction des émissions par la transformation des procédés de fabrication et par la sobriété. Ils considèrent que les dépenses de recherche et développement fléchées vers ces technologies amputent celles dédiées aux énergies renouvelables.
Le captage carbone n’est donc pas une solution miracle, mais peut être utilisée comme un outil parmi d’autres pour la réduction des émissions.
Théo Nepipvoda
