L’ESS, remède au délaissement des territoires ruraux

51 % des habitant·e·s des territoires ruraux considèrent que ces espaces sont « abandonnés », selon un baromètre réalisé par l’Ifop pour l’association Familles Rurales. En effet, une partie de ces zones rurales fait face à un certain nombre de défis, à commencer par la désertification des services publics. 

Mais ces communes rurales comportent peut-être plus d’atouts que de handicaps. Selon le même baromètre, elles sont « agréables à vivre » et elles « gagneraient à être mieux connues » aux yeux de respectivement 95 % et 90 % de leurs habitant·e·s. Le Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie solidaire (RTES) rappelle quant à lui que lorsque l’on « parle de transition alimentaire ou énergétique, la ressource se trouve principalement dans les territoires ruraux. » 

L’économie sociale et solidaire permet-elle de répondre aux défis de ces territoires tout en valorisant leurs atouts ? C’est le pari de l’association La Traverse, fondée en 2019 par trois jeunes diplômé·e·s de Sciences Po Paris. Aux yeux de ses salarié·e·s, c’est dans les communes rurales, moins denses, agricoles et végétalisées, que se déroulera la transition écologique. Et celle-ci aura lieu grâce aux organisations de l’ESS.

Une association engagée pour les territoires ruraux 

Concrètement, l’activité de l'association La Traverse repose sur deux piliers. D’un côté, elle accompagne des territoires ruraux dans leur transition écologique et sociale. Dans ce cadre, elle agit auprès des collectivités ou de collectifs d’habitant·e·s. Par exemple, à Migné-Auxances (Vienne), elle soutient un collectif qui souhaite adapter la commune au changement climatique. Elle aide notamment ses membres à améliorer la récupération de l’eau ou la végétalisation. 

D’autre part, elle soutient des porteur·se·s de projets « d’utilité sociale ou écologique » dans la mise en place concrète de leurs initiatives, principalement en zone rurale : définition de l’utilité sociale, choix de partenaires, modèle économique, statut juridique. Parmi les projets appuyés : l'ouverture d'un lieu d’accueil pour les personnes victimes de violence ou d’un café dans un village qui n’en dispose plus. 

Au cœur du projet de l’association, un constat : les territoires ruraux manquent de moyens et de l’ingénierie nécessaires à la transition écologique et sociale. Maud Picart, chargée de projet pour La Traverse, raconte qu’elle a proposé une formation à destination des employé·e·s de la mairie d’un petit village du Sud de la Vienne. Le maire lui répond qu’il n’y a pas de services ! Il est bénévole et représente seul la collectivité. L’association comble donc en partie ce manque de ressources. 

Apporter l’ESS dans les communes

Dans les territoires accompagnés, elle encadre des « instances de la participation citoyenne » pour favoriser la coopération entre élu·e·s, acteurs économiques et habitant·e·s. Une nécessité : un maire seul, pour reprendre cet exemple, doit forcément travailler sur des modes plus horizontaux pour faire appel aux  acteur·rice·s du territoire. Les modes de décision de l’ESS s’imposent donc naturellement. D’ailleurs, l’étude réalisée en 2019 par le réseau Avise et le RTES estimait que l’ESS représente 17,7 % de l’emploi privé dans les territoires ruraux, contre 13,9 % sur l’ensemble du territoire. 

Pour autant, il ne faut pas tomber dans le « fantasme de la place de village », prévient Maud Picart.  Dans les territoires ruraux, tout le monde ne se connaît pas et tout le monde ne se rencontre pas. Les initiatives de l’ESS, comme les cafés associatifs ou marchés de producteurs, peuvent fournir une réponse à cet autre enjeu : la création et le renforcement de lien social. 

La rédaction