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Par Carenews INFO - Publié le 6 juillet 2023 - 12:00 - Mise à jour le 13 novembre 2023 - 10:10 - Ecrit par : Célia Szymczak
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La maison de la Conversation, le lieu qui veut provoquer les discussions

La maison de la Conversation, tiers-lieu du 18e arrondissement de Paris, se veut être un espace accueillant et ouvert, qui favorise les rencontres, le dialogue et la mixité. Reportage.

Le café de la Conversation, une « porte d'entrée » vers le reste de la maison. Crédits : Carenews.
Le café de la Conversation, une « porte d'entrée » vers le reste de la maison. Crédits : Carenews.

 

En entrant au café de la Conversation, les odeurs de la cuisine faite maison chatouillent les narines. « Ça sent bon ! », s’exclament tour à tour en arrivant Ketty, une visiteuse du jour ou Alixe, la responsable du développement. Le gâteau prévu pour le lendemain, préparé dans la cuisine ouverte, embaume. 

Ce café accueillant se trouve à la maison de la Conversation, un tiers-lieu du 18e arrondissement de Paris, au sein d’un quartier prioritaire de la ville. Les curieux peuvent entrer et sortir librement dans la pièce lumineuse aux murs vitrés, ouverte sur la rue. Une porte du fond mène à d’autres salles, animées par une programmation régulière. L’activité classique d’un tiers-lieu. Mais quelque chose distingue La maison de la Conversation : « Nous sommes le seul tiers-lieu qui fait de la conversation sa raison d’être » explique Xavier Cazard, son fondateur. L’idée : amener des personnes qui ne se rencontreraient pas en temps normal à converser. 

 

Un lien qui recherche la mixité

Le café vient tout juste d’être lancé : les conversations ne résonnent pas encore dans la pièce, il n’y a qu’une personne attablée. Ketty Steward, 47 ans, écrivaine et psychologue, goûte des sablés touaregs et un jus d’ananas et de gingembre pour faire une pause dans la rédaction de sa thèse. Si elle est seule ce jeudi après-midi, à la soirée d’inauguration de la semaine dernière, il était facile d’échanger avec les nombreuses personnes présentes, assure-t-elle. 

 

Ketty Steward, attablée au café. Crédits : Carenews.
Ketty Steward, attablée au café. Crédits : Carenews. 

 

« Pendant l’inauguration, il y avait une grande mixité sociale. Ce n’était pas un spot d’une communauté ou d’une autre », abonde Xavier Cazard, qui espère que le café permettra de réunir plus souvent des personnes aux parcours de vie différents. L’une de ses idées : proposer des « dîners placés » au cours desquels les participants ne choisissent pas leurs voisins, sur l’une des quatre grandes tables de dix personnes.

 

Le café, une « vraie porte d’entrée »

Ce café constitue une étape importante du développement du projet, pensé dès sa conception. « Le café, c’est la convivialité », déclare Xavier, « une vraie porte d’entrée du public à la maison de la Conversation ». Il est porté par une société coopérative d’intérêt collectif créée par le tiers-lieu avec la coopérative d’insertion Mam’Ayoka, « qui connaît très bien le quartier ». 

C’est le fait que Mam’Ayoka coporte le café qui a poussé Ketty à s’y rendre. Elle habite le quartier, mais elle ne serait pas venue sans cette offre originale. « On sait que nous aidons des gens, que c’est bon, que ce sont des produits de qualité. Il y a une éthique derrière : tout ça rend les choses meilleures » déclare-t-elle.

« Nous avons vraiment travaillé pour trouver une proposition de prix qui soit alignée avec les budgets des habitants » précise Xavier. Les plats les moins chers coûtent un peu moins de huit euros.

 

Une programmation variée

Cet « espace de convivialité où on peut se poser, discuter, travailler, rencontrer des gens » est de fait « bien pensé pour les habitants du quartier », aux yeux de Sarahel, 26 ans qui réside aussi à quelques pas. Elle fait partie du collectif de hip-hop Ghetto Style Fam qui organise aujourd’hui un cours de danse gratuit dans le studio du tiers-lieu, installé par Adidas.

 

Sarahel, du collectif Ghetto Style Fam
Sarahel, du collectif Ghetto Style Fam, dans le studio Addidas. Crédits : Carenews. 

 

En effet, les rencontres propices à la conversation se déroulent pour l’instant lors d’ateliers et événements qui ont lieu dans les quatre salles du tiers-lieux. Ateliers de conversations en français pour permettre à des francophones et non-francophones d’échanger, ateliers d’écriture ou discussions sur des sujets précis comme les règles féminines : c’est le programme pour juillet. 

Cette programmation constitue un très bon moyen de créer de la conversation, estime Sarahel. Ainsi, les participants à l’atelier du jour « ne se connaissent pas, ne viennent pas du même quartier », mais « créent des contacts », explique-t-elle. Le studio, inauguré le 17 mai dernier, est l’un des facteurs qui « accélèrent la mixité sociale », estime Xavier. Des particuliers comme des professionnels peuvent le réserver gratuitement, de jour comme de nuit. 

 

L'atelier de danse. Crédits : Fusion Concept.
L'atelier de danse. Crédits : Fusion Concept. 

 

Un lieu fait par et pour les habitants

« Le vrai enjeu de ce lieu, c’est que les gens du quartier viennent. L’équipe me dit en permanence : Xavier, fait attention à ne pas devenir le dieu des bobos ! » ajoute-t-il. Qu’ils viennent, mais surtout qu’ils se parlent. Une mission pour le moins ambitieuse. Il relate une discussion qu’il a eue avec Nicolas Bard, fondateur de la coopérative Make ICI. Celui-ci l’a alerté. « Il m’a dit “tu vas voir, les tiers-lieux ont un problème : en leur sein, les gens ont du mal à communiquer entre eux” », raconte Xavier. 

Pour pouvoir échanger, ce dernier considère qu’il faut que les visiteurs se sentent bien dans ce lieu et puissent se l’approprier. Première étape : faire le choix d’une décoration simple, dans un style industriel et dépouillé. Sarahel, séduite par le lieu, affirme que « les espaces proposés sont beaux. » 

 

Les valeurs du lieu, affichées dans la « grande salle », l'une des salles de programmation.
Les valeurs du lieu, affichées dans la « grande salle », l'une des salles de programmation. Crédits : Carenews. 

 

Autre élément essentiel pour favoriser la venue de tous : la programmation a été imaginée avec les associations locales. Ainsi, chacun doit se sentir bienvenu « J’ai cocréé un contexte de départ avec mon équipe, et après ce sont tous les gens qui viennent qui créent une histoire. Nous ne sommes pas là pour la raconter à leur place », résume Xavier.

 

Célia Szymczak 

 

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