Le maire Yannick Morez démissionne, victime de pressions en lien avec l’ouverture d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile
Yannick Morez, maire de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique) a annoncé ce mercredi 9 mai avoir adressé sa démission au préfet pour des « raisons personnelles » déplorant « le manque de soutien de l’Etat ». Sa commune était engagée dans un projet d’ouverture de centre d'accueil de demandeurs d’asile (CADA) très contesté localement.
Le maire de Saint-Brévin-les-Pins, commune où un projet de centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) est le théâtre de violences de l’extrême-droite depuis des mois, a annoncé mercredi avoir adressé sa démission au préfet.
J’ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l’incendie criminel perpétré à mon domicile et au manque de soutien de l’Etat et après une longue réflexion menée avec ma famille », explique Yannick Morez (DVD) sur la page Facebook de la commune.
Le maire et la commune, victimes de violences
Yannick Morez est le maire de Saint-Brévin-Les Pins depuis six ans et élu au conseil municipal depuis 15 ans. Il a décidé de quitter ses fonctions d’élu ainsi que de médecin généraliste à la fin juin, après avoir subi des pressions ces derniers mois.
Son domicile a été la cible d’un incendie criminel fin mars et la ville, le théâtre de manifestations d’extrême droite fin avril, après l’annonce du déménagement d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile. Il a tenu à rappeler à l’AFP que « 400 demandeurs d’asile ont été au total accueillis par la commune depuis l’ouverture du CADA, il y a sept ans, et il n’y a jamais eu le moindre souci ».
Parmi les opposants à l’ouverture du centre de demandeurs d’asile, Bernard Germain, un candidat du parti d’Eric Zemmour aux dernières législatives de juin 2022 dans les Côtes-d’Armor, rapporte Le Monde. L’homme était le porte-parole du comité hostile à un projet d’accueil de personnes ayant obtenu le statut de réfugiés, qui devait s’installer dans une ville de ce département, Callac. La municipalité avait finalement annoncé en janvier, renoncer au projet soutenu par une fondation privée, rapporte l’AFP.
Des réactions de personnalités politiques et du monde humanitaire
De nombreuses personnalités politiques n’ont pas caché leurs vives inquiétudes ce jeudi matin sur Twitter.
Benoît Hamon, directeur général de l’ONG Singa Global et ancien ministre, a réagi très longuement dans un tweet :
Ok en est là ? Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, contraint à la démission pour protéger sa famille après que sa maison ait été incendiée. Sa faute avoir proposé que sa commune accueille des demandeurs d’asile. #thread 1/3
— Benoît Hamon (@benoithamon) May 11, 2023
Elisabeth Borne a quant à elle déclaré « ce qui s’est passé est très choquant » et a tenu à « assurer le maire de tout son soutien » et « s’est engagée à mieux protéger les maires, de répondre plus efficacement quand il y a des menaces ». Matignon a fait savoir que la Première ministre recevrait Yannick Morez « dans le courant de la semaine prochaine », précise Libération ce matin.
Le député européen Raphaël Glucksmann a lancé une pétition de soutien en faveur de Yannick Morez ce jeudi pour dénoncer « un jour sombre pour tous les humanistes de ce pays et pour notre République. Un jour de triomphe pour la haine et la violence d’extrême-droite. Un jour qui doit nous tirer de notre coma démocratique si nous ne voulons pas sombrer », sur Change.org.
Il appelle à ce qu' « une vague de solidarité se lève dans notre pays. Que nous soyons des milliers à défendre Yannick Morez et nos principes humanistes. » L'appel a déjà recueilli plus de 7 000 signatures en quelques heures.
Christina Diego 
