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Par Carenews INFO - Publié le 25 juin 2024 - 17:48 - Mise à jour le 27 juin 2024 - 14:16 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Le sport, un puissant outil d’innovation sociale

La pratique sportive constitue un terrain essentiel pour l'éducation, l'insertion ou encore le développement durable, selon les intervenants d’une table ronde organisée par Carenews le 24 juin à Paris, dans le cadre d’une soirée événement consacrée à l’impact social du sport.

Quatre intervenants partagent leur vision de l'innovation sociale par le sport. Crédit : Elisabeth Crépin-Leblond.
Quatre intervenants partagent leur vision de l'innovation sociale par le sport. Crédit : Elisabeth Crépin-Leblond.

 

Faire du sport, tout le monde le sait, c’est bon pour notre santé et pour se dépasser. Mais la pratique sportive dépasse largement ces objectifs sanitaires et compétitifs. C’est ce qu’expliquaient les intervenants de la table ronde « Sport, terrain d’innovation sociale » qui a eu lieu  dans le cadre de la soirée Jouons collectif organisée par Carenews le 24 juin à Paris avec le soutien d’Epsa Foundation, de la Fédération nationale des Caisses d’épargne et de la Fondation Groupe EDF.  

« Le sport est un formidable levier d’éducation », commence Stéphan Lipiansky, directeur des études du think tank Vers le haut, spécialisé dans l’éducation et la jeunesse, et qui a produit une étude très complète sur le sujet. Il aide à développer des capacités cognitives, comme celles de ne pas se laisser distraire ou de s’adapter. Il mobilise des compétences émotionnelles et sociales, comme la gestion du stress ou la communication constructive. Il contribue aussi à la détente des élèves, alors que l’anxiété est largement répandue dans les établissements scolaires.  

Caroline Lattaignant cheffe de projet Mécénat France de la Fondation Groupe EDF donne l’exemple d’un projet financé par le mécénat de l’énergéticien dans cette perspective éducative : L’École des XV. Cette association implantée à Aix-en-Provence, Marseille et Saint-Etienne propose à des jeunes défavorisés de suivre un parcours périscolaire mêlant soutien éducatif et pratique du rugby. Un projet qui leur permet « de reprendre confiance et de se remobiliser », salue Caroline Lattaignant. 

 

De la « playdagogie » 

 

Anne Méaux, référente Innovation sociale de l’ONG Play international, présente quant à elle la méthode de « playdagogie » élaborée par l’association. L’idée est de répondre, à travers le sport, à un besoin social ne trouvant pas ou trouvant peu de réponses adaptées. Ainsi, pour pallier le faible niveau de mathématiques en France, l’association a co-créé avec des chercheurs un parcours pour apprendre en mouvement. Les élèves comptent ou soustraient des coupelles dans un gymnase, par exemple. « Les enfants vont bouger, s'amuser et faire des maths sans forcément s’en rendre compte », explique Anne Méaux. Développé du CP au CE2 pour le moment, le dispositif est « plutôt plébiscité par les enseignants ». Une manière de réintroduire du mouvement dans les salles de classes, ce à quoi appelle Stéphan Lipiansky. « On n’apprend pas de façon désincarnée, le corps est mobilisé dans les apprentissages », avance-t-il.  

 

Les enfants vont bouger, s'amuser et faire des maths sans forcément s’en rendre compte »

Anne Méaux, référente Innovation sociale de l'ONG Play international

 

Même s’il est pertinent pour tous, le sport est encore plus bénéfique pour les élèves en difficulté, continue le chef de projet de Vers le haut. Il favorise aussi l'inclusion de personnes en situation de handicap ou d’enfants porteurs de troubles, à l’instar des troubles du spectre autistique. L’association Comme les autres, financée en partie par la Fondation Groupe EDF, accompagne ainsi par le sport des adultes en situation de handicap.  

 

Un levier de développement durable 

 

Le sport contribue aussi au développement durable. L’Agence français de développement (AFD) en a pris conscience il y a six ans : elle a commencé à financer des projets sportifs dans plusieurs pays en développement et dans les territoires d’outre-mer. Elle finance par exemple des projets de construction d'infrastructures sportives « inclusives et durables » au Sénégal dans le cadre des premiers Jeux olympiques de la jeunesse qui auront lieu en 2026 et contribue à la formation et la professionnalisation d’éducateurs sportifs. « Nous avons choisi de financer des projets liés au sport, car celui-ci peut être un puissant levier d'égalité, de santé, de bien-être ou d’inclusion », explique Christophe Dias, conseiller sport et développement à l’AFD.  

Aux Comores, Play international a également développé un jeu pour sensibiliser les enfants aux précautions sanitaires limitant le développement du choléra. Autre exemple, donné par Stéphan Lipiansky : au Sénégal, l’association Pour le sourire d’un enfant utilise efficacement l’escrime pour prévenir la récidive de mineurs incarcérés. Le programme est soutenu par l’AFD.  

 


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Faire connaître les bienfaits du sport plus largement  

 

Malgré toutes les bénéfices de la pratique sportive, un certain nombre de défis demeurent. Dans les clubs sportifs, persistent « le règne d’une idée de la performance » et un modèle « très largement construit sur le sport de haut niveau », note Stéphan Lipiansky. Les pratiques sont parfois très éloignées des bons exemples cités lors de la conférence. Il faut dépasser l’idée reçue « que le sport est éducatif par essence », poursuit-il, en concevant des dispositifs éducatifs adaptés. Il suggère aussi de sortir d’une « logique de silo vraiment désastreuse », en créant des binômes entre enseignants et éducateurs ou en faisant intervenir des personnes extérieures à l’école, comme des acteurs associatifs.  

De plus en plus d’acteurs prennent conscience de l’intérêt du sport. Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont fait office d’accélérateurs, y compris pour l’AFD. « Notre enjeu, c’est de rester sur cette dynamique croissante, mais je suis assez optimiste », estime Christophe Dias. Mais attention, souligne Anne Méaux, tout le monde n’est pas encore convaincu. « Ce sont des portes qu’il faut qu’on continue de pousser », conclut-elle. 

 

Célia Szymczak 

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