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Par Carenews INFO - Publié le 9 juin 2022 - 13:39 - Mise à jour le 14 juin 2022 - 10:27 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Législatives 2022 : L’Académie Des Futurs Leaders veut renouveler la classe politique

Ouverte en 2021, l’Académie Des Futurs Leaders veut former des acteurs de terrain à la politique. Objectif : que la classe politique soit plus représentative de la société française

La 1ere promotion de l'Académie Des Futurs Leaders. Crédits : ADFL.
La 1ere promotion de l'Académie Des Futurs Leaders. Crédits : ADFL.

 

Mise à jour : Sanaa Saitouli, citée dans l'article, est éliminée au premier tour des élections législatives avec 2,99 % des voix.

En politique, le premier meeting s’apparente souvent à un baptême du feu. Dimanche 5 juin, Sanaa Saitouli, candidate aux élections législatives dans la 10e circonscription du Val-d’Oise, n’y a pas échappé. 

Un exercice scénique revisité par la femme de 40 ans si l’on compare sa prestation aux coutumes politiques,  parfois poussiéreuses, en vigueur : scène installée sur un ring de box, dj égrenant les morceaux de rap au fil du meeting, caméra mouvante donnant l’impression d’être dans un clip. Dans la forme comme dans le fond, la candidate indépendante, formée à l’Académie Des Futurs Leaders, souhaite changer la façon de faire de la politique.

 

Un profil atypique en politique 

Il faut dire que son profil est peu commun dans le paysage politique : mère de trois enfants, issue de l’imigration, ayant grandi dans le quartier Croix-Petit à Cergy. Elle est devenue une figure locale de terrain en cofondant une association pour la jeunesse, Agir Pour Réussir, puis l’Espace de Concertation Citoyen.ne. Elle a également été adjointe au maire de Cergy à la Jeunesse et la Petite Enfance pendant plusieurs années.

Grâce à ce parcours, Sanaa Saitouli estime que son profil est un véritable atout pour exercer un mandat : « le fait d’être une actrice de terrain confère une connaissance réelle des problématiques.  Nous sommes plus concernés par les gens car on leur parle, on connaît leurs problèmes ». 

Ce sont des profils comme celui-là que l’Académie Des Futurs Leaders, lancée en 2021, souhaite propulser pour que la classe politique soit plus représentative de la société française. 

 

Une classe politique à l’image des Français

En France, notre modèle démocratique est dit « représentatif » en opposition au système participatif. En effet, dans une société de partage des tâches, nous déléguons volontiers le pouvoir à des personnes censées nous représenter. Mais les critiques à l’encontre d’une classe politique qui exercerait en vase clos, très loin des désirs réels de la population, vont bon train. Et la défiance gagne du terrain. 

Conscients de ce contexte abrasif, Alice Barbe et Michka Bengio ont ouvert l’Académie Des Futurs Leaders pour renouveler la classe politique en l'irrigant de profils venus du terrain et de la société civile, plus proches du visage de la France. 

« Aujourd’hui, l’incarnation des quartiers populaires en politique n’est pas géniale », estime Alice Barbe. « Pareillement pour le monde ouvrier qui est très peu représenté. Il y a un besoin de plus de diversité ».

 

Stéphane Ravacley et Priscilla Ludowsky parmi les élèves

Pour sa première promotion, l’Académie Des Futurs Leaders a sélectionné 12 personnalités de terrain choisies pour avoir porté des causes dans des mouvements citoyens. Parmi eux, Stéphane Ravacley, le boulanger qui a mené une grève de la faim en soutien à son apprenti guinéen menacé d’expulsion ou Priscillia Ludosky, une des initiatrices des Gilets Jaunes. 

« On veut élever des gens ordinaires pour que cela puisse sembler accessible », analyse le cofondateur Michka Bengio. « L’idée est de démystifier l’accès à la politique ». L’homme qui vit aux Etats-Unis depuis 15 ans prend pour exemple des ascensions politiques fulgurantes outre-Atlantique comme celle d’Alexandria Ocasio-Cortez, jeune femme d’origine portoricaine, ancienne serveuse, devenue représentante au Congrès.

Formation intense sur six mois

L’Académie Des Futurs Leaders propose une formation intense pendant six mois. Au programme : trois jours de présence par semaine avec des cours théoriques, des rencontres d’acteurs politiques ou culturels et des cours pratiques pour, par exemple, apprendre à gérer ses émotions ou s’exprimer en public. L’Académie se veut également comme un accélérateur de réseau pour ces novices de la politique.

Même si l’Académie se dit apolitique, elle est fondée sur les piliers de justice sociale, environnementale et de démocratie. D’ailleurs, les trois élèves se présentant aux élections législatives proposent une candidature de gauche. Deux sont même investis par la NUPES.

 

Quel est l’intérêt d’avoir des personnes venues de la société civile ?

Mais alors, quel pourrait être l’apport de tels profils, venus de la société civile, à la politique ? Pour Alice Barbe, ils sont totalement en phase avec la société actuelle : 

Nous sommes à l’air du mouvement : la figure du militant qui va tracter est malheureusement en train de mourir. À l’inverse, les mouvements tels que Black Lives Matters, Metoo ou les Gilets Jaunes ont créé l’histoire. La clé est ici. Notamment à l’ère du digital puisqu’on observe que des personnes sont capables de fédérer des milliers de personnes sur les réseaux autour d’une cause. Nous sommes dans un moment de bascule de l’histoire et c’est là, dans ces mouvements, que l’enjeu politique devrait davantage s’incarner. »

 

Pallier le manque créé par les grands partis

Fini donc l’ère des partis traditionnels ? Bienvenue dans celle des mouvements ? Le contexte actuel donne plutôt raison à Alice Barbe puisque les trois partis en tête de peloton de la dernière élection présidentielle sont structurés en mouvements autour de personnalités, d’incarnations. Les partis ayant une structuration classique, PS et Républicains, se sont effondrés. 

Reste que ces mouvements perpétuent, selon Alice Barbe, des pratiques de « politique politicienne » en faisant fi de la question de la représentativité de la société. L’élève Sanaa Saitouli en a d’ailleurs fait les frais : elle a sollicité la NUPES en vue des législatives. On lui a finalement préféré, pour cette circonscription, le médiatique Aurélien Taché, transfuge d’LREM. « C’est plus l’union populaire, mais celle des partis » s’emporte la candidate qui a maintenu sa candidature et dit avoir désormais « la rage de vaincre ».

Il reste donc du chemin à parcourir pour Sanaa Saitouli et l’Académie Des Futurs Leaders pour changer en profondeur la classe politique et ses pratiques. Pour apporter sa pierre à l’édifice, la structure espère former 100 personnes avant 2027 et ainsi, selon les mots de la cofondatrice, « réenchanter la politique en racontant une autre histoire ».

 

Théo Nepipvoda

 

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