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Par Carenews INFO - Publié le 3 février 2025 - 16:08 - Mise à jour le 4 février 2025 - 15:37 - Ecrit par : Camille Dorival
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Les associations alertent sur leur situation budgétaire

Les associations sont en grande difficulté face aux incertitudes qui pèsent sur le budget de la France. Lors d'une conférence de presse organisée le 30 janvier 2025 par le Mouvement associatif, différentes associations, issues de champs divers (solidarités, culture, sport...) ont témoigné des coupes dans les subventions publiques annoncées dans plusieurs collectivités, dans les Pays-de-la-Loire, le Val-de-Marne ou à Toulouse. Coupes qui les mettent en difficulté et compromettent la poursuite de certaines de leurs actions.

Mickaël Huet (Mouvement associatif), Claire Thoury (Mouvement associatif), Didier Duriez (Secours catholique) et Daniel Goldberg (Uniopss), lors de la conférence de presse du 30 janvier 2025. Crédit : Carenews.
Mickaël Huet (Mouvement associatif), Claire Thoury (Mouvement associatif), Didier Duriez (Secours catholique) et Daniel Goldberg (Uniopss), lors de la conférence de presse du 30 janvier 2025. Crédit : Carenews.

 

 

« Les associations sont prises en étau entre la baisse des financements publics, la hausse de la demande sociale et la hausse des coûts liée à l'inflation ». C'est ainsi que Mickaël Huet, délégué général du Mouvement associatif, résume la situation alarmante dans laquelle se trouve une grande partie des 1,4 million d'associations françaises, « qui représentent 1,8 million d'emplois », précise-t-il. Par exemple, 29 % des associations d'éducation populaire disposent de moins de trois mois de trésorerie. « Nous alertons les pouvoirs publics sur ce sujet depuis plusieurs mois », indique Mickaël Huet. 

La baisse des financements des associations intervient à plusieurs échelles. Du côté de l'État, ces financements restent encore très incertains et dépendront de l'adoption ou non du projet de loi de finances ce jour. Mais beaucoup d'associations perçoivent aussi, en contrepartie des missions de service public ou des services d'intérêt général qu'elles assurent, des financements des collectivités territoriales : régions, départements, métropoles ou villes. Or, anticipant la baisse de dotation qu'elles devraient obtenir de l'État, un nombre non négligeable de ces collectivités a décidé de réduire, voire de supprimer, leur soutien aux associations. 

 

Des coupes drastiques en Pays-de-la-Loire

 

C'est le cas notamment de la région Pays-de-la-Loire, qui a annoncé des coupes drastiques dans certains budgets : –93 % pour l’égalité femmes-hommes, –75 % pour le sport, –73 % pour la culture. Autant de domaines dans lesquels les associations sont très présentes. « 2 500 emplois associatifs au moins pourraient être impactés dans le domaine de la culture », estime Maxime Gaudais, directeur de l'association Le Pôle, qui fédère des initiatives autour de la musique en Pays-de-Loire. « C'est deux fois plus que le plan social de Michelin à Cholet, et pourtant on n'en parle pas », souligne-t-il. 

La situation est également inquiétante dans certains départements : ainsi l'Hérault pourrait annoncer une suppression totale de ses budgets à la culture, selon Maxime Gaudais. « Cela a des retombées économiques bien au delà de la culture, souligne-t-il, car quand on supprime des spectacles ou des festivals, ce sont des heures de travail en moins, mais aussi des prestations de traiteur en moins, des nuits d'hôtel en moins, etc. »

 

Dans le Val-de-Marne, une baisse de 40 % de la subvention du Secours catholique 

 

De même, le département du Val-de-Marne a réduit ses subventions aux associations de solidarité : « Pour le Secours catholique, cela représente une baisse de 40 % de sa subvention départementale ; pour le Secours populaire une baisse de 75 % », indique Didier Duriez, le président du Secours catholique. « Sauf si nous trouvons d'autres financements, cela signifie que nous allons devoir proposer moins de repas dans nos accueils de jour, moins de coups de pouce à des gens qui ont du mal à terminer le mois... », ajoute-t-il.

« Cela veut dire qu'on fera moins de choses, qu'on les fera moins bien, et surtout qu'on ne pourra pas répondre à une détresse sociale qui monte. Cela est très difficile à vivre pour nous, pour nos bénévoles, pour nos salariés, et bien évidemment pour les personnes que nous aidons », s'alarme Didier Duriez. 

 

« Cela veut dire qu'on fera moins de choses, qu'on les fera moins bien, et surtout qu'on ne pourra pas répondre à une détresse sociale qui monte. Cela est très difficile à vivre pour nous, pour nos bénévoles, pour nos salariés, et bien évidemment pour les personnes que nous aidons »

Didier Duriez, président du Secours catholique. 

 

 


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« Cela devient insupportable pour les associations »

 

« Toutes les associations du champ des solidarités et de la santé, quelle que soit leur taille, sont dans le rouge budgétaire, avec des questions de pérennité à court ou moyen terme », abonde Daniel Goldberg, le président de l'Uniopss, qui fédère les associations des secteurs sanitaire, social et médico-social. 

 

« Toutes les associations du champ des solidarités et de la santé, quelle que soit leur taille, sont dans le rouge budgétaire, avec des questions de pérennité à court ou moyen terme »

Daniel Goldberg, président de l'Uniopss. 

 

Les associations prennent pourtant en charge une part importante de l'action publique dans le domaine des solidarités, souligne le président de l'Uniopss : ainsi 30 % des Ehpad sont gérés par des associations ; « dans le champ du handicap et de la protection de l'enfance, 85 à 90 % de l'action publique est mise en oeuvre par les associations », indique Daniel Golberg. Celui-ci exprime sa colère face à cette situation : « cela devient insupportable pour nous de devoir refuser d'accueillir un enfant en situation de handicap, par exemple, parce que nos financements ont baissé ». 

Au-delà de l'impact que les coupes peuvent avoir sur les bénéficiaires, « les associations sont des acteurs économiques importants ; nous avons la responsabilité de salariés, on ne peut pas nous demander de fermer des structures du jour au lendemain », s'insurge Daniel Goldberg. 

 


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« Une vision court-termiste de l'action politique »

 

À Toulouse, de même, la municipalité a annoncé une réduction des subventions aux associations de 40 %, indique Sébastien Bouche, directeur de l'association d'insertion par le sport MixaH, qui intervient dans les quartiers prioritaires de la ville et auprès de publics en situation de handicap. Outre la baisse de sa subvention municipale, son association perd aussi le financement d'un emploi d'adulte-relais, financé par l'État pour améliorer les relations entre les habitants des quartiers défavorisés et les services publics. Soit au total une diminution de ses financements de 40 000 euros, sur un budget annuel de 250 000 euros. 

 


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« Tout cela traduit une vision très court-termiste de l'action politique, souligne Claire Thoury, la présidente du Mouvement associatif. On supprime des budgets, sans penser aux conséquences à moyen terme, qui vont alimenter la crise ». Dans ce contexte difficile, elle invite les associations à se mobiliser derrière le Mouvement associatif et à garder toute leur détermination pour continuer leurs actions.

 

Camille Dorival 

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