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Par Carenews INFO - Publié le 15 février 2023 - 16:00 - Mise à jour le 15 février 2023 - 17:17
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Les climato-sceptiques français de plus en plus actifs sur Twitter

Les enjeux du changement climatique mis en évidence par les rapports du GIEC sont régulièrement amoindris par des milliers de comptes français climato-sceptiques sur Twitter. Une dernière étude démontre comment une large communauté de twittos dénialistes gagne du terrain en France. Et contribuent à la désinformation.

Un mouvement climato-sceptique français s'intensifie sur Twitter. Crédit : iStock
Un mouvement climato-sceptique français s'intensifie sur Twitter. Crédit : iStock

 

 

L’été 2022 et ses températures particulièrement élevées ont signé un tournant non seulement dans l’esprit des Français confrontés aux ravages des incendies, mais également sur le réseau social Twitter. Une dernière étude dite Climatoscope 2023, de l’Institut des systèmes complexes rattaché au CNRS, a analysé deux années d’échanges sur Twitter, soit près de 400 millions de tweets. Les auteurs rappellent en introduction que les personnes qui rejettent les principales conclusions des rapports du GIEC et de la science du climat sont communément appelées « climato-sceptiques », mais également « dénialistes ». 

 

France : 10 000 comptes Twitter climato-sceptiques

 

L’étude avance le chiffre important de 10 000 comptes de twittos français qui diffuseraient des milliers voire des millions de tweets en réaction aux informations scientifiques partagées sur le dérèglement climatique. Le mois de juillet 2022 a été identifié comme le moment de bascule où la communauté de dénialistes français a commencé à se structurer, autour d’une triple actualité climatique : les événements extrêmes (canicules, incendies, etc), la tenue de la COP27 avec la question des industries fossiles et la convergence du réchauffement climatique avec la sécurité d’approvisionnement en pétrole et en gaz du fait de la guerre en Ukraine. 

 

De antivax à climato-sceptiques

 

L’étude démontre aussi que ces climato-sceptiques sont composés principalement de comptes habitués à prendre part aux mouvements de contestations antivax ou antisystème apparus en ligne lors de la pandémie. Autre constat, sur 10 000 comptes, près de 6 000 ont relayé la propagande du Kremlin sur la guerre en Ukraine.

Qui sont-ils ? Les auteurs ont réussi à dresser un profil type de la communauté dénialiste, plutôt issue des mouvances d’extrême-droite. « Mise à part une proportion non négligeable de comptes impliqués dans la sphère informationnelle de Reconquête !, la communauté dénialiste n’est a priori pas composée de militants politiques relevant des partis traditionnels », précise l’un des auteurs David Chavalarias, mathématicien. 

 

Les auteurs ont également identifié des périodes clés où la communauté dénialiste a fortement augmenté : dès le printemps avec la campagne électorale française et les législatives en juin, puis en novembre 2022 lors de la COP 27 à Sharm El Sheikh, en Égypte. Coïncidence ou pas, c'est la période où Elon Musk, après avoir racheté Twitter, a décidé de fermer des services entiers dédiés à la modération et a réactivé des comptes suspendus...

 

La question des comptes anonymes

 

L’étude s’intéresse à une question fondamentale qui inquiète depuis des années les experts du numérique, le nombre de comptes anonymes soupçonnés de harcèlement, de troller ou de complotisme sur Twitter. 

Les auteurs ont suivi de près le compte @Elpis_R, qui a vu son activité plus que doubler depuis l’été 2022.  Malgré un nombre d’abonnés assez faible (17 800), en comparaison avec le compte de la climatologue de référence Valérie Masson-Delmotte et ses 70 000 followers, il est devenu une des figures les plus influentes de la communauté dénialiste. De militantisme antivax et une phase pro-propagande du Kremlin, ce twittos anonyme s’en prend, depuis juin 2022, particulièrement aux auteurs du GIEC et aux scientifiques du climat. 

 

L’auteur explique que ce compte anonyme a développé « une rhétorique dite des 5D », comprenez : discrédit, déformation, distraction, dissuasion et division. L’étude met en garde les scientifiques du GIEC qu’il pourrait arriver à semer le doute tant il use d’arguments complotistes rodés. En effet, la communauté dénialiste a produit ou relayé 3,5 fois plus de messages toxiques sur le sujet que la communauté du GIEC. En conclusion, les auteurs insistent sur le risque de voir ces mouvements freiner à terme la diffusion des connaissances scientifiques en ligne, dont le plus grand nombre d'internautes a besoin pour comprendre les enjeux du dérèglement climatique. 

 

La rédaction 

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