LinkedIn, le réseau des écolos par excellence ?
Le réseau social a publié le 30 octobre un rapport sur « l’essor des compétences vertes au sein de la population en France », à partir de l’analyse des profils de ses utilisateurs. Les chiffres avancés sont proches de ceux qui concernent l’ensemble de la population active.
LinkedIn, un thermomètre du verdissement de l’économie ? Le réseau social valorise les influenceurs actifs sur ces sujets avec ses « Top Voices Environnement », des « experts » climat et biodiversité qu’il conseille de suivre. Parmi eux : Thomas Wagner, fondateur du média Bon Pote. Il s’y est notamment fait connaître avec ses « ratios ». Des commentaires assassins répondant à des posts d’entreprises pour pointer du doigt le greenwashing et qui suscitent plus d’engagement que ces derniers. À son compteur : 100 000 followers. Autre exemple : Jean-Marc Jancovici, le médiatique ingénieur et président du think-tank The Shift Project. Il publie pour sa part de longs posts pour expliquer les limites du recyclage ou l’impact de l’autoroute A69 à plus d’un million d’abonnés.
Mais alors, l’écologie sur LinkedIn est-elle réservée aux figures stars ? Ou au contraire, le réseau est-il un nid de travailleurs engagés ? L’entreprise a rendu public un rapport sur les « talents verts » actifs sur la plateforme le 30 octobre. Ses conclusions reposent sur l’analyse des profils de 27 millions d’utilisateurs en France.
Qu'est ce qu'un « talent vert » ?
Il nous apprend d’abord que 14 % des membres du réseau social en France sont considérés comme des « talents verts ». Cela signifie qu’ils disposent de « connaissances, compétences techniques et savoir-faire (...) qu’un professionnel peut utiliser pour prévenir, contrôler ou nettoyer la pollution et pour optimiser la gestion et la conservation des ressources naturelles que les entreprises utilisent pour produire des biens et des services ».
Des données étonnamment proches de celles issues du Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique. 14,5 % des personnes en emploi exercent un métier en lien avec l’environnement en 2019, selon les dernières données disponibles.
Des compétences recherchées par les entreprises
Alors, LinkedIn serait-il simplement représentatif de la population active française ? Sur le réseau, la part de talents verts connaît une « véritable accélération », observent les auteurs du rapport. Elle a augmenté de 38 % depuis 2018.
Il s’agit de « compétences fortement recherchées en entreprise » qui « deviennent un nouveau facteur de différenciation des candidats », précise LinkedIn dans un communiqué de presse. Sur le réseau, le taux de recrutement des talents verts est plus élevé que pour le reste des candidats. De plus, 20 % des offres sponsorisées - celles dont la visibilité est augmentée contre rémunération - mentionnent des compétences vertes.
Le service statistique du ministère de la Transition écologique établit qu’en 2020 « 17,5 % des offres d’emploi déposées par les employeurs auprès de Pôle emploi concernent des métiers verts (à finalité environnementale) ou verdissants (dont les compétences évoluent pour intégrer les enjeux environnementaux). »
Un outil de communication ?
58 % des utilisateurs du réseau social qui agissent dans l’agriculture disposent de compétences « vertes ». C’est le cas de 22 % de ceux qui travaillent dans la construction, puis de 21,9 % de ceux qui travaillent dans le pétrole, le gaz et les mines.
En France, les agriculteurs bio ne représentent que 12 % du total des professionnels agricoles en 2020, selon les données de l’Agence bio. Un pourcentage bien loin de la part de travailleurs dans l’agriculture disposant selon LinkedIn de compétences vertes. Et si le réseau social agissait, besoin de communication oblige, en miroir déformant de la réalité de certains secteurs particulièrement émetteurs ?
Célia Szymczak