Logements sociaux, hébergement des plus précaires… Les associations et bailleurs sociaux déçus par le plan logement
Elisabeth Borne a présenté le plan du gouvernement pour répondre à la potentielle « bombe sociale » que représente la question du logement. Le volet social convainc peu les associations et bailleurs sociaux.
Déception des acteurs du logement : « Il y a un vrai décalage entre le discours offensif du gouvernement et les mesures proposées qui n'en sont pas », estime Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, dans un article des Echos. La Première ministre Elisabeth Borne a présenté le 5 juin le plan du gouvernement pour lutter contre la crise du logement que connaît la France. Les propositions arrivent à la suite de la restitution des travaux du Conseil national de la refondation (CNR) pour le logement qui regroupait des professionnels du secteur.
La déception est de taille concernant le logement social. Le gouvernement a annoncé un soutien des bailleurs sociaux pour rénover leur parc immobilier. Elle a également annoncé le soutien de la production de logements, l’amélioration des conditions d’emprunt et le soutien des fonds propres. Ces mesures doivent faire l’objet d’un pacte avec les bailleurs sociaux.
Quelles étaient les demandes des acteurs du logement social ?
Les acteurs du logement social avaient pourtant formulé un certain nombre de propositions pour relancer la construction de logements sociaux : le retour de la TVA à 5,5 % pour l’ensemble des constructions de logements sociaux neufs, le maintien des aides pour produire plus de logements sociaux ou encore un relèvement des APL et de la RLS (réduction du loyer de solidarité). Leur abaissement avait pesé sur les bailleurs sociaux, qui ont parlé d’une véritable ponction, et avait limité leur capacité d’investissement.
Des réponses à la marge alors que la situation actuelle est explosive avec une offre trop faible. La Confédération nationale du logement réagit dans un communiqué : « Alors que le nombre de ménages en attente d’un logement social atteint aujourd’hui 2,4 millions, Elisabeth Borne ne prévoit aucune mesure concrète pour garantir une politique de construction. »
Le bail réel solidaire encouragé
Autre mesure : le gouvernement souhaite donner de l’ampleur au bail réel solidaire. Ce dispositif permet à des foyers modestes d’accéder à la propriété. Il fonctionne grâce à la dissociation de la propriété du foncier et de celle du bâti. Le gouvernement souhaite également développer la Garantie Visale, une caution gratuite pour les locataires ne disposant pas de garants. Cette garantie est proposée par Action Logement.
Logement d’Abord, attente des précisions
Enfin, le second plan Logement d’Abord, pour lutter contre le sans-abrisme, est annoncé par la Première ministre après une longue attente. 160 millions d’euros supplémentaires seront alloués sur le quinquennat d’Emmanuel Macron pour créer de nouveaux dispositifs d’accompagnement et de nouvelles places en résidences sociales, en pensions de famille ou dans les logements en intermédiation locative.
Le Collectif Associations Unies regroupe 39 associations nationales de lutte contre le sans-abrisme. Concernant le plan Logement d’Abord, le collectif est dans l'expectative :
Mais nous sommes en attente sur le contenu du plan, les détails sur la programmation pluriannuelle de l’hébergement, les logements d’insertion (…), la prévention des expulsions, les attributions Hlm, l’accompagnement social… Les montants annoncés, 40 millions d’euros par an jusqu’en 2027, semblent se limiter à la poursuite du plan au même niveau qu’en 2023, alors que les besoins explosent partout dans les zones tendues et que le 115 laisse à la rue des milliers de personnes chaque soir faute de solutions », peut-on lire dans le communiqué du Collectif Associations Unies
Théo Nepipvoda