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Par Carenews INFO - Publié le 20 novembre 2023 - 12:00 - Mise à jour le 20 novembre 2023 - 15:28 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Oxfam alerte sur les inégalités dans la lutte contre le changement climatique

L’ONG publie le 20 novembre un rapport qui compare les émissions de dioxyde de carbone selon le niveau de revenus. Les plus riches émettent plus, mais en France, les moins aisés doivent aussi réduire leurs émissions pour atteindre les objectifs climatiques.

Pour Oxfam, la nécessaire réduction des émissions nécessite une planification écologique. Crédits : iStock.
Pour Oxfam, la nécessaire réduction des émissions nécessite une planification écologique. Crédits : iStock.

 

Une personne faisant partie des 1 % les plus riches en France émet autant de dioxyde de carbone (CO2) en un an qu’une personne faisant partie des 50 % les plus pauvres en dix ans. Et au niveau mondial, les 10 % les plus riches sont responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Ces constats sont établis par Oxfam dans son rapport « Égalité climatique : une planète pour les 99 % », publié le lundi 20 novembre. 

L’ONG s’appuie sur des recherches menées par l’Institut de l’environnement de Stockholm, portant sur les émissions de CO2 liées à la consommation en 2019. Le rapport traite des émissions en fonction du revenu dans le monde, mais les auteurs consacrent un chapitre à la France

En France, comme dans le monde, plus le niveau de revenu augmente, plus les émissions s'accroissent. « Lutter contre la crise des inégalités va faciliter la réduction des émissions de gaz à effet de serre », en déduit Alexandre Poidatz, responsable de la campagne Climat et inégalités chez Oxfam France et rédacteur du chapitre France du rapport.

 

Les moins aisés doivent aussi réduire leurs émissions 

Les 10 % les plus riches sont responsables d’un quart des émissions de la France. Pour atteindre les objectifs de lutte contre le changement climatique, soit 2,8 tonnes d'émissions par personne et par an, les 1 % les plus riches, qui émettent en moyenne 40,2 tonnes de CO2, doivent diviser leurs émissions par plus de 10. 

La moitié de la population française la plus pauvre, qui émet en moyenne 3,8 tonnes, doit quant à elle les réduire d’un quart. Or, « une grande partie de la population française n’a pas toujours le choix de changer ses modes de consommation », précisent les auteurs du rapport, estimant que la rénovation thermique représente dix ans de revenus au minimum pour les plus modestes. « Nous avons besoin que l’État organise la planification écologique », juge donc Alexandre Poidatz. 

« La bonne nouvelle, ajoute-t-il, c'est que plus on est riche, plus il est facile de réduire ses émissions. Les émissions de carbone des 1 % les plus riches proviennent principalement de biens de luxe et non essentiels.» 

 

Réduire les inégalités par une politique de redistribution ? 

De plus, les 55 % des Français les plus riches font partie des 10 % les plus riches au niveau mondial. Leurs émissions s’élèvent à 15,6 tonnes par an en moyenne, alors que l’objectif à atteindre d’ici 2030 est de 2,8 tonnes par personne et par an. 

Dans le monde, les 1 % les plus riches émettent autant que les deux tiers les plus pauvres. Ce faisant, ils annulent l’équivalent des économies carbone réalisées par près d’un million d’éoliennes, soit plus que l'ensemble des éoliennes dans le monde. 

Oxfam estime que, avec une redistribution mondiale des revenus, on pourrait assurer à toute personne en situation de pauvreté (soit plus de la moitié de l'humanité) un revenu minimum de 25 dollars tout en réduisant les émissions mondiales de 10 %. Pour cela, l’ONG propose notamment de mettre en place un impôt sur la fortune (ISF) climatique pour les multimillionnaires et les milliardaires, sur le principe du pollueur-payeur, l'idée étant de faire peser le poids du financement de la transition écologique sur ceux qui émettent le plus. 

 

Le rôle du patrimoine financier 

Dernier point souligné par l’ONG : les calculs portent sur les émissions, alors que l’empreinte carbone du patrimoine financier pèse significativement. Les auteurs du rapport citent une évaluation de l’économiste Lucas Chancel, selon laquelle 50 à 70 % des émissions des 1 % les plus riches sont liées aux investissements dans des secteurs fortement émetteurs (énergies fossiles, aviation...). 

« Les milliardaires peuvent réduire les émissions par leur consommation, mais aussi par le pouvoir qu’ils détiennent dans les entreprises où ils sont souvent actionnaires majoritaires », fustige Alexandre Poidatz. De plus, ils disposent aussi d’un « pouvoir de lobbying » qui alimente les inégalités, ajoute-t-il. 

 

Célia Szymczak 

 

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